De guerre courte en guerre d’usure ?

Si le Hamas était éliminé, les captifs libérés, Ghaza réoccupée et étroitement tenue, en attendant de voir la vider de ses deux millions et plus d’habitants, et si les colons du sud comme ceux du nord, qui avaient fui, étaient de retour dans leurs emplacements, Israël aurait des raisons de marquer de quelque façon le […]

Oct 8, 2024 - 21:50
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De guerre courte en guerre d’usure ?

Si le Hamas était éliminé, les captifs libérés, Ghaza réoccupée et étroitement tenue, en attendant de voir la vider de ses deux millions et plus d’habitants, et si les colons du sud comme ceux du nord, qui avaient fui, étaient de retour dans leurs emplacements, Israël aurait des raisons de marquer de quelque façon le premier anniversaire de la plus grande défaite militaire de son existence, ne serait-ce que pour qu’il soit clair pour tous les ennemis qu’il est bel et bien indestructible, qu’il est là pour l’éternité. Mais comme tout cela est encore à l’état de vœu ou de projet, que le Hamas non seulement n’a pas été éradiqué au bout d’une année de fer et de feu, mais qu’il reste non moins dangereux qu’au début de la guerre, sinon plus car ayant appris de celle-ci, que ce qu’il reste de captifs sont toujours en ses mains, et que les colons sont toujours des réfugiés de l’intérieur, la commémoration a consisté à appeler la population à la vigilance, à rester dans la proximité des abris, et à envoyer des troupes fraîches tant à Ghaza qu’à la frontière avec le Liban. Car maintenant la guerre ne se déroule plus pour l’essentiel sur deux fronts, l’un principal et l’autre secondaire, mais sur deux fronts d’une égale intensité.

Tout porte à croire d’ailleurs qu’il s’en ouvrira bientôt un troisième, Israël ayant pris la décision de riposter à la récente attaque iranienne, elle-même une réponse aux assassinats commis par lui, dont l’un à Téhéran même. Aujourd’hui, c’est une nouvelle guerre au Sud-Liban qui commence, dont personne ne peut dire par avance ce qu’elle sera ni combien elle durera, des semaines, des mois, ou des années. Sans le précédent toujours en cours, qui lui a déjà bouclé une année, on aurait pensé que c’est en semaines, ou au pire en mois, mais alors en petit nombre, deux ou trois tout au plus, qu’il faut compter. Maintenant, il faut se projeter bien plus loin dans le temps pour voir le terme de la guerre, tant pour celle déjà vieille d’une année que pour celles qui commencent, ou qui vont commencer, mais qui toutes ensemble n’en font qu’une. Sans le 7-Octobre et le Déluge d’Al-aksa, la région ne serait probablement pas en guerre, mais pas non plus en paix, car Ghaza ne serait pas moins encerclée, tandis qu’en Cisjordanie il y aurait plus de colonies, et plus de colons occupés à rendre la vie impossible à ses habitants. L’Arabie saoudite aurait normalisé ses relations avec Israël, de sorte que la question palestinienne s’en serait trouvée encore plus près de sa liquidation. Le 7-Octobre toutefois n’a pas ravivé celle-ci, il l’a même enterrée. Les discours de commémoration des Palestiniens ne l’ont même pas évoquée. Pour autant, il n’est pas trop tard, les Israéliens peuvent encore faire libérer les 101 captifs encore retenus dans Ghaza. Mais pour que cela soit possible, il faudrait que leur gouvernement accepte de négocier, ce qui est moins que jamais son intention. Une année de guerre étant déjà passée, ce qui est déjà une mauvaise chose pour Israël, on se demande tout naturellement si celle qui commence se terminera elle aussi sans que la guerre ne le soit. Déjà les Palestiniens se disent engagés dans une guerre d’usure avec Israël. Ils le croient d’autant plus volontiers que la guerre n’étant plus confinée dans Ghaza, ils n’auront plus à la soutenir tout seuls, si bien qu’il devient plus facile de la faire durer.

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