La France sous Macron entre propagande de guerre et guerre de propagande
Une contribution de Khider Mesloub – Sous le capitalisme décadent, la propagande est devenue une arme redoutable, mais surtout incontournable.... L’article La France sous Macron entre propagande de guerre et guerre de propagande est apparu en premier sur Algérie Patriotique.

Une contribution de Khider Mesloub – Sous le capitalisme décadent, la propagande est devenue une arme redoutable, mais surtout incontournable. La propagande est employée soit à des fins contre-insurrectionnelles, pour dissuader toute subversion de l’ordre existant, soit à des fins militaires, pour persuader la population de la nécessité de la guerre.
La propagande est définie communément comme «une action systématique exercée sur l’opinion pour lui faire accepter certaines idées ou doctrines» (Larousse). «Une forme intentionnelle et systématique de persuasion, ayant pour but d’influencer les émotions, les attitudes, les opinions et les actions des groupes cibles pour attendre des objectifs idéologiques, politiques, à travers la transmission contrôlée des messages d’information partiale (qui peut être ou ne pas être factuelle) via les canaux directs de masse et des médias» (Richard Alan Nelson). Il n’en demeure pas moins que la propagande est synonyme de manipulation, de désinformation et de campagne mensongère.
De nos jours, la propagande est devenue une arme de guerre (psychologique) à part entière, déployée sur un terrain davantage idéologique et médiatique que militaire. La propagande constitue un «second front». La propagande s’attache à apitoyer la population de manière à justifier une guerre jugée juste, menée au nom du bien, sans révéler évidemment les enjeux économiques ou de pouvoir. En France, qui détient les médias ? Sans surprise, ce sont les principaux groupes d’armement, Dassault et Lagardère.
En France, ces derniers temps, depuis quelques mois, on assiste à une intense compagne de propagande de guerre liée au conflit armé d’Ukraine.
Comment faire accepter l’idée de la guerre à la population française, sinon par la propagande de guerre. Pour obtenir l’adhésion de la population, le gouvernement Macron recoure aux ficelles émotionnelles, la manipulation psychologique. La guerre de propagande. La propagande de guerre.
Et la guerre de propagande comme la propagande de guerre commencent à l’école, selon le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a déclaré, ce lundi 10 mars, lors de sa tournée militariste des lycées : «Le réarmement des esprits commence à l’école.» Après «le réarmement démographique» lancé comme un cri de guerre par le président Macron à l’intention des femmes, sommées de produire des enfants pour les besoins de la guerre, la France belliciste, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, appelle au «réarmement des esprits» des écoliers. Autrement dit, sous la macronie, le ventre des femmes comme la classe d’école doivent servir à fabriquer de la chair à canon pour les guerres à venir. En décembre 2024, dans un article fustigeant l’embrigadement des élèves dans les établissements scolaires russes, le journal Le Monde titrait : «Les écoles russes, caisses de résonance de la propagande du Kremlin». Le quotidien Le Monde dénoncera-t-il l’embrigadement des élèves par les écoles françaises ? La propagande militariste de l’Elysée ?
De manière générale, on doit à Sir Arthur Ponsonby, député travailliste hostile à l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne en 1914, d’avoir décortiqué les mécanismes de la propagande de guerre. Sir Arthur Ponsonby a été le premier théoricien à dégager les principes sur lesquels se basent toutes les propagandes de guerre. Il en a comptabilisé dix principes : «1. Nous ne voulons pas la guerre. 2. Le camp adverse est seul responsable de la guerre. 3. L’ennemi a le visage du diable. 4. C’est une cause noble que nous défendons et non des intérêts particuliers. 5. L’ennemi provoque sciemment des atrocités ; si nous commettons des bavures, c’est involontairement. 6. L’ennemi utilise des armes non autorisées. 7. Nous subissons très peu de pertes, les pertes de l’ennemi sont énormes. 8. Les artistes et les intellectuels soutiennent notre cause. 9. Notre cause a un caractère sacré. 10. Ceux qui mettent en doute notre propagande sont des traîtres».
On peut ajouter cinq autres principes : 1. Cacher les intérêts économiques. 2. Occulter l’histoire. 3. Diaboliser l’adversaire. 4. Inverser l’agresseur et la victime, se faire passer pour les défenseurs des victimes. 5. Monopoliser la parole, empêcher le débat, éviter la confrontation. On retrouve ces cinq principes dans la propagande sioniste.
«Abattre un adversaire (le peuple), c’est moins le capturer que le captiver.» Comment le captiver, sinon par la propagande, la manipulation mentale, au moyen du complexe informationnel, de l’aperception militarisée de la réalité.
La massive propagande actuelle du gouvernement Macron, visant la militarisation massive de la société et la caporalisation des mentalités, rappelle étrangement celle des années 1914-1918, déployée lors de la Première Guerre mondiale.
A l’époque, pour justifier et légitimer l’enrôlement de la population française, la privation totale de ses libertés, son incorporation totalitaire dans l’économie de guerre, le pouvoir avait usé d’une intense propagande, c’est-à-dire de la manipulation psychologique. Des mesures autoritaires décrétées au nom de la menace d’un ennemi censé mettre en danger la patrie, claironnait l’ensemble de la classe politique et des élites françaises. Une antienne obsidionale réactivée par le va-t-en-guerre Macron pour justifier le réarmement, l’envoi des troupes militaires en Ukraine, l’économie de guerre.
Historiquement, la Première Guerre mondiale s’est illustrée par le recours à une propagande d’une dimension industrielle inégalée. Pour la première fois dans l’histoire, notamment en France, pour museler toute voix dissidente et caporaliser l’esprit collectif, l’Etat s’est employé à réduire l’ensemble de la population au contrôle social, l’intégralité des organes de presse à la surveillance totalitaire de l’information, notamment par le biais de la censure. Pareillement, les partis politiques, en particulier d’obédience socialiste, ont été réduits au silence. Le Parlement, au moment où la «Grande muette» s’est mise à faire parler bruyamment ses armes, perd éloquemment la parole : toutes les formations politiques tairont dorénavant leurs divergences pour œuvrer au service de la guerre. Aujourd’hui, en France, tous les partis, toutes obédiences confondues, se sont ralliés à la propagande de l’Etat – à son narratif officiel – pour l’épauler dans son entreprise despotique de militarisation de la société et d’instauration de l’économie de guerre, sous couvert de la menace existentielle russe.
Assurément, la Première Guerre mondiale a inauguré l’ère du contrôle de la pensée, de la pensée contrôlée. De la propagande généralisée. De la caporalisation de la communication, de l’embrigadement de l’information. Industries de façonnement des esprits et de contrôle social toujours aussi activement opérationnelles, dotées, à notre époque numérique, de nouvelles technologies de surveillance de la population et d’endoctrinement idéologique des masses. Désormais, on a affaire à une véritable industrie d’ingénierie sociale.
De même qu’en 1914 le dessein principal de la propagande de l’Etat français visait à regrouper toutes les énergies de la nation pour les convoyer dans une seule direction : le champ de guerre afin d’infliger une défaite cuisante au pays étranger désigné comme l’ennemi (du moment). De même, aujourd’hui, la propagande, habilement menée, vise également à regrouper toutes les forces vives de la nation pour les convoyer dans une seule direction : le conflit armé pour protéger le pays de l’invasion russe (sic).
En 1914, parce que toute la population devait participer directement à l’effort de guerre, elle devait être convaincue de la justesse et de la nécessité de la guerre. Aussi l’Etat actionne-t-il sa machine de manipulation psychologique ou plutôt instrument de mensonge : la propagande.
En 2025, en vrai depuis 2022, parce que la population française doit participer, sous la psychose et la terreur, à l’effort de la reconfiguration économique dictée par le grand capital financier, autrement dit à l’économie de guerre, elle doit être persuadée qu’elle est menacée par la Russie poutinienne. Aussi doit-elle s’enterrer socialement vivante en acceptant tous les sacrifices économiques, l’immolation de toutes ses libertés. Du reste, ces dernières années, la classe dominante française orchestre la paupérisation et l’insécurisation de la population, vectrices d’affaiblissement social et de fragilisation psychologique, donc de soumission politique.
Un prolétariat apeuré et tétanisé, affamé et atomisé, devient plus aisément corvéable et exploitable, plus perméable à la propagande, notamment à l’endoctrinement idéologique nationaliste belliciste. Et, par extension, à l’enrôlement militaire dans l’imminente guerre généralisée en préparation.
Déjà, le gouvernement Macron a commencé à exiger de l’ensemble de la population des sacrifices, notamment par les restrictions de la consommation d’énergie, la baisse de ses dépenses, la diminution de ses salaires, l’augmentation du temps du travail, la hausse des impôts. En effet, la population française a été invitée à la «sobriété énergétique» par Macron, ce président connu pour son ivresse du pouvoir, son «éthylisme financier», cette pathologie présidentielle qui consiste à siphonner des milliards des comptes publics pour les déverser à ses amis les puissants, les capitalistes et les financiers, via des subventions et l’attribution de contrats, à l’exemple de McKinsey, Uber et Pfizer. Et, aujourd’hui, il s’apprête à enrichir ses amis les capitalistes du secteur militaro-industriel.
De nos jours, la politique de la peur, cette arme de propagande, s’attache à susciter un climat de psychose au sein de la population pour justifier l’adoption de lois sécuritaires, de mesures restrictives et coercitives. «Et si vous pouvez trouver quelque chose pour les effrayer, vous pouvez leur faire tout ce que vous voulez», répétait Hermann Göring, homme politique nazi.
En 1914, la totalité de l’appareil productif du pays, industriel et agricole, devait fonctionner de manière optimale et être orienté vers des finalités militaires. Corrélativement, cette conversion de l’économie vers des objectifs militaires a impliqué pour la majorité de la population austérité et sacrifice.
Mais, plus fondamentalement, l’économie de guerre a induit aussi un grand bouleversement dans l’organisation de l’industrie et de l’agriculture : il ne faut pas oublier que c’est au cours de la Première Guerre mondiale qu’ont été jetées les bases du modèle économique capitaliste moderne (fordisme, taylorisme, marketing, management, organisation scientifique du travail, etc.). De même, c’est la Première Guerre mondiale qui a enfanté les divers totalitarismes du XXe siècle (fascisme, nazisme, stalinisme, maoïsme, kémalisme, etc.)
Aujourd’hui, en France, comme dans nombre de pays européens, la totalité de la production doit être restructurée dans le dessein de la transformer en une économie dématérialisée, numérisée, «ubérisée», dominée par le télétravail, autrement dit, cette fois avec un minimum d’hommes et de femmes sur le champ de guerre économique totalement financiarisé, sur fond d’un despotisme rampant. Sans oublier l’Intelligence artificielle (IA). Comme le titrait le quotidien Le Figaro, dans son édition du 21 juin 2023 : «De la banque aux sciences de la vie, en passant par la publicité ou l’industrie, les cas d’usage (de l’IA) se multiplient, transformant à vitesse grand V nombre de métiers.» La crise agricole en Europe annonce la disparition de toutes les petites exploitations, planifiée par le grand capital, autrement dit la transformation du modèle économique dans ce secteur pour l’adapter à l’économie de guerre, la guerre économique.
Certes, la propagande n’a pas été inventée au cours de la Première Guerre mondiale. Mais c’est la première fois dans l’histoire où elle a revêtu une dimension industrielle et scientifique. Dès cette époque, la propagande est intégrée dans les formes de gouvernement comme moyen d’asservissement de la population et de dévoiement politique totalitaire.
La propagande peut être définie comme la fabrication de l’information idéologique par l’Etat aux fins d’endoctrinement mental de la population. Les régimes nazi et stalinien se serviront abondamment de cet instrument d’intoxication psychologique et d’embrigadement idéologique par leur industrie de façonnement des esprits. Cependant, la propagande ne sera pas exclusivement l’apanage des régimes dictatoriaux. L’Occident «démocratique», dans un raffinement de politesse dictatoriale veloutée, l’exploitera également, mais avec des techniques plus sophistiquées, avec l’assentiment servile de la population persuadée de vivre dans un pays libre. Il n’y a pas pire malade qui s’ignore. Il n’y a pas pire aliéné qu’un citoyen qui se croit libre.
Les techniques de propagande élaborées par les Etats belligérants au cours de la Première Guerre mondiale, perfectionnées au cours de la Seconde Guerre mondiale, seront transposées par la suite dans la vie sociale et le secteur économique, notamment par le biais de la publicité et le contrôle électronique de la population.
Depuis lors, dans les démocraties totalitaires de l’Occident et, à plus forte raison dans les pays totalitaires dépourvus de toute démocratie, la propagande a été intégrée dans tous les rouages de la société. La propagande est devenue si omniprésente dans la vie quotidienne, notamment dans la politique et l’économie, qu’elle agit de manière quasi invisible, voire naturelle, tel un virus doctrinaire asymptomatique, distillé dans le corps social déjà amplement contaminé par d’autres formes de microbes idéologiques, imprimés depuis l’enfance dans le cerveau par les structures scolaires et les appareils de conditionnement médiatiques.
En 1928, Edward Bernays, fondateur de la propagande politique et entrepreneuriale, écrit dans son livre Propaganda : «La manipulation habile et consciente des habitudes et des opinions des masses est une composante majeure de la société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme secret de la société constituent un gouvernement invisible qui est la véritable puissance dirigeante de notre société. […] Le gouvernement invisible tend à être concentré entre les mains de quelques-uns à cause de la dépense engendrée par la manipulation de la machine sociale qui contrôle les opinions et les habitudes des masses.»
Comme il est explicitement mentionné dans ce passage du livre de Bernays, la manipulation est opérée secrètement par un «gouvernement invisible». Il est manifeste que Bernays faisait référence à la grande bourgeoisie, voire au grand capital. Mais, par-dessus tout, ce qu’il faut souligner, c’est que cette manipulation de l’opinion est commandée non par des individus regroupés en loges maçonniques ou en comités secrets de conspirateurs internationaux, mais par les lois imparables et nécessaires (déterministes) du mode de production et des rapports sociaux de production capitalistes.
Le livre de Bernays, écrit en 1928, s’était inspiré de son expérience de propagandiste durant la Première Guerre mondiale. C’est au cours de cette guerre que, pour la première fois dans l’histoire, la propagande a été utilisée à une échelle industrielle. En effet, comme on l’a souligné plus haut, ce fut la première guerre totale de l’histoire. Elle avait mobilisé d’immenses contingents militaires. Jamais, dans l’histoire, il n’y eut une telle masse de la population masculine enrôlée dans les armées.
De même, cette guerre totale génocidaire de 1914-1918 eut pour corollaire d’incorporer toute la population civile dans l’effort de guerre, notamment par la production de matériels militaires et l’enrôlement des femmes dans les usines comme dans les hôpitaux. Pour assurer une telle impressionnante mobilisation et justifier la guerre, l’Etat dut recourir à une campagne de propagande d’une dimension industrielle inégalée.
Globalement, la propagande consiste à façonner l’opinion par tous les moyens possibles, en s’appuyant en particulier sur les médias chargés de la communication. Au reste, Edward Bernays nommait cette communication «la fabrique du consentement», terriblement d’actualité à observer l’adhésion servile des populations à leur assujettissement total graduel, illustré par leur acquiescement aux mesures liberticides décrétées par les gouvernants, sous couvert de gestion de la crise (sanitaire, climatique, énergétique, économique) et, aujourd’hui en France, sous prétexte de menace existentielle liée à la menace russe.
Ironie de l’histoire, Edward Bernays avait participé, aux côtés du président américain Wilson, à la Commission Creel, convoquée pour convaincre l’opinion publique américaine «pacifique» de la justesse de la participation des Etats-Unis dans la guerre. Au final, grâce aux manœuvres propagandistes, la Commission Creel a permis de retourner le peuple américain en faveur de l’entrée dans la Première Guerre mondiale. Toute ressemblance avec les campagnes de propagande, autrement dit de manœuvres manipulatoires, conduites par le gouvernement Macron et ses relais médiatiques n’est pas fortuite.
De manière générale, comme l’avait bien compris Bernays, influencé par les théories psychanalytiques de son oncle Sigmund Freud et La psychologie des foules de Gustave Le Bon, la propagande est le meilleur instrument idéologique pour influencer les foules en s’adressant à leurs émotions et à leurs instincts.
En effet, la propagande n’a pas pour tâche de manœuvrer l’esprit conscient, mais de manipuler l’inconscient. Car la mentalité collective n’est pas régie par la pensée rationnelle, mais par la passion, les impulsions, les émotions. «Par conséquent, si nous comprenons le mécanisme et les motivations de l’esprit de groupe, n’est-il pas possible de contrôler et d’enrégimenter les masses selon notre volonté sans qu’elles le sachent ?», avait-il interrogé. Privé de raison, Bernays est convaincu que le peuple doit être guidé tout en lui faisant croire qu’il ne fait qu’exercer sa liberté totale de choix.
Aussi, les desseins de toute propagande ne se réduisent pas uniquement à l’inculcation et à la propagation. La propagande a surtout pour mobile de dissimuler les véritables motivations d’une opération politique, économique, étatique, religieuse. La propagande avance toujours masquée, les mains gantées de légalité pour ne pas laisser d’empreintes coupables visibles, le corps institutionnel protégé d’une armure pour assurer ses arrières, et les édifices carcéraux prêts à suppléer les officines de conditionnement défaillantes et à embastiller les dissidences suspicieuses.
Comment persuader des millions d’hommes d’aller sacrifier leur vie sur le champ de guerre, sinon par l’usage de l’arme de la propagande destinée à dissimuler les mobiles de la guerre : la défense des intérêts d’une classe d’exploiteurs drapée dans le discours patriotique.
K. M.
L’article La France sous Macron entre propagande de guerre et guerre de propagande est apparu en premier sur Algérie Patriotique.