Les approches simplistes de Trump pour apaiser le Moyen-Orient
A sa demande de contribuer au «clean-out», autrement dit au nettoyage à fond, en prenant chez eux une moitié des plus de 2 millions de Palestiniens de Ghaza, demande faite coup sur coup directement au roi jordanien et au président égyptien, Donald Trump a déjà reçu trois niet, ceux de la Jordanie et de l’Egypte, […]
A sa demande de contribuer au «clean-out», autrement dit au nettoyage à fond, en prenant chez eux une moitié des plus de 2 millions de Palestiniens de Ghaza, demande faite coup sur coup directement au roi jordanien et au président égyptien, Donald Trump a déjà reçu trois niet, ceux de la Jordanie et de l’Egypte, et un troisième auquel il n’avait pas dû penser mais qui probablement est des trois réponses la plus résolue tout en étant la plus éloquente. C’est celle de la colonne humaine impressionnante des déplacés qui dès que la voie s’est ouverte devant eux a marché à pied vers le nord de Ghaza, le long de la route côtière Al Rachid, la seule possible, dès l’instant où l’armée israélienne a autorisé le passage, après s’y être opposée depuis samedi, jour du deuxième échange de prisonniers, sur un prétexte d’ailleurs fallacieux. Le tableau offert par ce retour massif d’exode dit tout l’attachement des Palestiniens à leur terre, leur détermination à s’y maintenir quoi qu’il en coûte, leur refus d’une nouvelle nakba, preuve que les leçons du passé ont été retenues.
On dirait un ressort comprimé sur un côté par la guerre pendant les mois passés, et qui s’est détendu d’un coup dans la direction opposée sous l’empire d’une irrésistible force de rappel dès que la guerre s’est arrêtée. Cette foule immense pourtant est sortie d’un champ de dévastation pour entrer quelques kilomètres plus loin dans un autre champ de ruines. Les déplacés retournent chez eux, pour la plupart non pour retrouver leur maison, mais pour dresser une tente sur ses décombres, dans un habitat qu’Israël a pris soin non seulement de détruire mais de rendre impropre à la vie. Mais revenons à Trump, qui d’une main propose le grand départ, le grand ménage, mais qui de l’autre livre à Israël les bombes les mieux faites pour terminer le génocide commencé, un marché où les Palestiniens ont le choix entre fuir leur pays pour leur survie où faire partie de lui après avoir été démembrés, ou mieux encore, réduits en bouillie. Il a mis le marché entre les mains d’un roi et d’un président, mais la réponse qu’il a reçue est venue d’un échelon inférieur, ce qui a l’air de dire que les tractations ne font dans ce cas précis que commencer. Lui est le genre de personne qui comprend très bien qu’une transaction n’est pas quelque chose qui se conclut d’un coup, mais qui passe par des phases, la première étant généralement le refus pur et simple de l’une ou l’autre des parties prenantes. Tant que ce n’est pas le roi et le président qui ont exprimé en l’occurrence leur rejet, la transaction reste effective, elle continue son bonhomme de chemin. Elle pourrait ne pas aboutir, mais ce n’est pas encore le cas, d’autant que dans les affaires palestiniennes, d’autres acteurs ont voix au chapitre. Ainsi de l’Arabie saoudite, à laquelle, dit-on, Trump compte réserver son premier déplacement à l’étranger. Ce qui est attendu d’elle, ce n’est pas qu’elle accueille des Palestiniens, mais qu’elle normalise avec Israël. Trump a commencé son approche indirecte par rapport à elle, en reportant les Houthis sur la liste des organisations terroristes, un cadeau qu’il lui a fait mais dont sûrement il espère quelque chose en retour.