Négocier et anéantir

2024 s’achève sans que l’accord tant de fois annoncé au cours de ces dernières semaines dans les négociations de Doha, entre les représentants américains, israéliens et intermédiaires arabes, égyptiens et qataris, ne soit conclu, qui aurait permis un arrêt des hostilités et un échange de prisonniers entre Israël et les groupes de la résistance palestinienne. […]

Déc 28, 2024 - 21:34
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Négocier  et anéantir

2024 s’achève sans que l’accord tant de fois annoncé au cours de ces dernières semaines dans les négociations de Doha, entre les représentants américains, israéliens et intermédiaires arabes, égyptiens et qataris, ne soit conclu, qui aurait permis un arrêt des hostilités et un échange de prisonniers entre Israël et les groupes de la résistance palestinienne. Ce qu’a révélé à cet égard Oussama Hamdane à El Jazeera fait justice des déclarations de responsables américains et israéliens faisant état d’un accord près de sortir de ses limbes tant les parties prenantes aux négociations se montrent désireuses d’aboutir à un accord sinon avant la fin de cette année, du moins avant un certain 20 janvier de la prochaine. À se demander si cette date n’était pas en fait le véritable premier jour de l’année qui vient. Il s’en est trouvé en tout cas pour penser que le véritable motif derrière cet empressement à conclure un accord était le désir du gouvernement Netanyahou non pas tant à libérer des compatriotes retenus à Ghaza mais à plaire à Donald Trump, qui lui-même serait plus disposé à rendre la pareille lorsqu’il serait aux commandes des Etats-Unis et donc du monde. Les raisons avancées par le porte-parole du Hamas à Beyrouth du nouvel échec annoncé dans les négociations en cours sont autrement plus sérieuses, beaucoup moins personnelles, plus fondamentales.
L’échec, s’il doit se confirmer, du reste l’hypothèse la plus vraisemblable, sera dû aux mêmes désaccords de fond entre Israéliens et Palestiniens lesquels depuis des mois empêchent les négociations d’aboutir. Pour ces derniers, un accord n’est digne de ce nom que s’il met fin à la guerre, qu’il conduise au retrait des forces israéliennes de la bande de Ghaza, et qu’il entraîne un échange de prisonniers. Or les Israéliens prennent toujours soin de signaler qu’il n’est pas question pour eux de revenir à la situation d’avant le 7 octobre 2023. Leur armée étant dans Ghaza, elle y reste, qu’il y ait accord ou qu’il n’y en ait pas. A lui seul ce différend de fond rend impossible un quelconque accord entre les deux parties. On notait tout à l’heure que la prochaine année pour beaucoup ne commençait pas tant le 1er janvier que le 20 janvier, jour de l’intronisation de Trump. On peut tout aussi bien écourter l’année qui s’achève au lieu de la prolonger. C’est ainsi que pour les Palestiniens 2024 a pris fin le 7 octobre dernier, pour laisser placer au premier jour de l’an II d’une nouvelle ère commencée le même jour mais de l’année précédente. Quand Trump sera aux commandes, ils seront eux à plus d’un trimestre de leur propre calendrier. Israël et ses alliés de tout bord et de tout continent veulent deux choses contradictoires : libérer les otages, ce qui suppose une solution négociée, et anéantir la résistance palestinienne, ce qui l’exclut absolument. Ils sont dans ce dilemme insoluble depuis le début. Israël ne peut espérer en sortir qu’en changeant de gouvernement. Les Etats-Unis, pour leur part, en changeront bientôt le leur, mais il ne semble pas que les termes du problème en question s’en trouveront modifiés. Il faudrait toujours négocier et anéantir. Négocier parce que c’est là la seule voie pour obtenir la libération des prisonniers. Et cependant anéantir l’ennemi pour ne plus revivre un autre 7-Octobre

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