Pomme de Terre en Algérie : Cultiver l’Avenir dans des Tubes de Verre
Dans le chaud soleil algérien, un changement radical est en cours dans le monde agricole. La pomme de terre, pilier de la cuisine locale, voit son destin prendre une nouvelle tournure. Entre augmentation de la demande et prix exorbitants des semences, l’Algérie innove avec une approche inattendue : les vitro-plants. Bienvenue dans les laboratoires d’Agrodev, […] L’article Pomme de Terre en Algérie : Cultiver l’Avenir dans des Tubes de Verre est apparu en premier sur Algérie Focus.
Dans le chaud soleil algérien, un changement radical est en cours dans le monde agricole. La pomme de terre, pilier de la cuisine locale, voit son destin prendre une nouvelle tournure. Entre augmentation de la demande et prix exorbitants des semences, l’Algérie innove avec une approche inattendue : les vitro-plants. Bienvenue dans les laboratoires d’Agrodev, où la terre rencontre le verre.
La Faim de Pommes de Terre
L’amour des Algériens pour la pomme de terre ne se dément pas. Avec une consommation annuelle atteignant les 100 kilos par habitant, la demande explose. Cependant, la production locale souffre du manque de semences de qualité. Chaque année, 450 000 tonnes de semences sont nécessaires, coûteuses et parfois douteuses en termes de qualité.
Pour remédier à cela, les services agricoles locaux ont décidé de plonger dans le monde des vitro-plants, cultivant ces pommes de terre dans des tubes de verre. Une technologie désormais maîtrisée en Algérie.
Les Prix Fluctuants du Tubercule
Sur les marchés algériens, les prix des pommes de terre sont scrutés de près. Avec une moyenne de 60 DA le kilo, le tubercule peut grimper à 140 DA, comme observé en mars 2022. Une fluctuation qui témoigne des défis que pose la production locale, notamment les coûts élevés des semences.
L’ancien ministre de l’Agriculture, Abdelhafid Henni, n’avait pas mâché ses mots en mars 2022, s’adressant à un journaliste récalcitrant : « Si vous achetez votre pomme de terre à 100 DA, alors changez de quartier ! »
L’Émergence des Vitro-Plants
C’est dans ce contexte que Youcef Cherfa, le nouveau ministre de l’Agriculture, a visité les laboratoires d’Agrodev en janvier. Cette filiale du groupe public Gvapro, située à Guellal (Sétif), se donne pour mission d’approvisionner le marché local en semences.
Dans les laboratoires visités par le ministre, des milliers de plants de pomme de terre sont cultivés dans des tubes de verre, à l’abri des pucerons et autres vecteurs de maladies. Ces minuscules plants permettent la production de minitubercules, qui, replantés, fourniront les futures semences tant recherchées.
Les Semences à un Prix Prohibitif
La question des prix des semences préoccupe les agriculteurs, certains évoquant des tarifs prohibitifs de 180 DA, contre 80 DA quelques mois auparavant. À ce coût, certains agriculteurs estiment que planter des pommes de terre n’est plus rentable, compte tenu des coûts des engrais et de la main-d’œuvre.
Le directeur général de Gvapro, Mustapha Belhanini, suit de près cette situation. Il affirmait il y a quelques mois qu’il était possible de produire des semences au prix de 50 DA.
Vers l’Autosuffisance et au-delà
La production locale de vitro-plants a déjà entraîné une réduction des importations, qui atteignent encore 120 000 à 150 000 tonnes pour une valeur de 90 à 100 millions de dollars.
Gvapro annonce sur son site Internet que depuis 2019, l’Algérie n’importe plus que 20 % de ses semences de pomme de terre, le reste étant produit localement avec des moyens entièrement algériens.
Nacera Traboulssi, la directrice d’Agrodev, est optimiste quant à l’avenir. Elle estime que le passage des capacités actuelles de production de 800 000 mini-tubercules à 1,5 million permettrait à l’Algérie d’atteindre l’autosuffisance. Cependant, la question des royalties liées aux variétés protégées par des brevets reste un défi.
Un Futur en Tubes de Verre
L’Algérie explore également la possibilité de produire des variétés locales en utilisant le matériel génétique fourni dans le cadre de la coopération avec des organismes internationaux. Le laboratoire de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Sebaïne propose cette alternative, avec déjà 12 variétés de pomme de terre inscrites au catalogue national.
Ainsi, à l’ombre des tubes de verre, un nouveau chapitre s’écrit pour l’agriculture algérienne. Les vitro-plants pourraient bien être la clé pour assurer la sécurité alimentaire du pays et réduire sa dépendance aux importations. Dans le cœur des laboratoires, la pomme de terre s’épanouit, prête à alimenter l’avenir de toute une nation.
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