Une dame dit être « l’inspiratrice » de Kamel Daoud : Nouvelle polémique autour de Houris
« J’ai été trahie. » Cou couvert par une canule, voix à peine audible, Saâda Arbane cache mal son malaise. Cette trentenaire, portant les séquelles de blessures sur son visage et son cou, résidant à Oran, affirme être la véritable « Aube », personnage principal du roman Houris de l’écrivain algérien Kamel Daoud, récemment lauréat du prestigieux prix Goncourt. […] The post Une dame dit être « l’inspiratrice » de Kamel Daoud : Nouvelle polémique autour de Houris first appeared on L'Est Républicain.
« J’ai été trahie. » Cou couvert par une canule, voix à peine audible, Saâda Arbane cache mal son malaise. Cette trentenaire, portant les séquelles de blessures sur son visage et son cou, résidant à Oran, affirme être la véritable « Aube », personnage principal du roman Houris de l’écrivain algérien Kamel Daoud, récemment lauréat du prestigieux prix Goncourt. Interrogée par un journaliste de la chaîne algérienne Algeria One, Saâda Arbane, accompagnée de son mari, explique avoir entretenu une relation de longue date avec la famille de Kamel Daoud. Elle révèle que l’épouse de l’écrivain était sa psychiatre durant plusieurs années. Entre les deux femmes, une relation amicale s’était développée, dépassant le cadre médecin-patient. L’histoire de Saâda est tragique, mais bien réelle, raconte-t-elle. En 1999, alors qu’elle n’avait que 6 ans (née en 1993), des terroristes ont massacré sa famille. Miraculée, elle a survécu avec la gorge tranchée et des cordes vocales quasiment sectionnées. Adoptée par une femme, elle est partie vivre à Oran, où elle a suivi sa scolarité. Dans cette ville, elle a bénéficié de soins médicaux et psychiatriques, s’est mariée et a poursuivi sa rééducation, y compris en France. Cette histoire singulière, Kamel Daoud la connaissait lorsqu’il vivait encore à Oran (il a quitté l’Algérie à l’été 2023). Selon Saâda, l’écrivain, via son épouse, avait tenté de la convaincre de raconter son histoire. « J’ai formellement refusé », insiste-t-elle. Cependant, un jour, « des connaissances m’ont dit que mon histoire était racontée à la télévision française ». Elle découvre alors l’existence du livre et reçoit un exemplaire dédicacé par l’écrivain lui-même. « Sa femme est venue chez moi pour me remettre cet exemplaire. Je ne voulais pas m’exprimer avant de lire. Et en lisant, j’ai retrouvé des tranches de ma vie », raconte-t-elle. Houris est une fiction, mais largement inspirée de faits réels. Saâda Arbane reconnaît cette dimension, tout en affirmant avoir trouvé dans le roman plusieurs éléments de sa propre vie : sa mère adoptive, elle-même fille adoptive (aujourd’hui décédée), ses tatouages, son amour pour les chevaux – elle est championne d’équitation – et son salon de coiffure. Saâda estime avoir été « trahie » et accuse l’épouse de Kamel Daoud d’avoir violé le secret médical, en révélant des détails intimes « dont personne d’autre n’était au courant » et envisage de porter plainte. De son côté, l’entourage de l’écrivain ne nie pas une certaine « inspiration ». Le personnage principal du roman, Aube, relate son passé à travers un dialogue intérieur avec son fœtus, qu’elle imagine être une fille. Elle revient sur l’incident ayant causé sa blessure, tout en évoquant les violences de la décennie noire des années 1990. Alors que Saâda affirme avoir été attaquée à Djelfa, l’écrivain situe les événements de son récit à Had Chekala, un village près de Relizane, marqué par le massacre en août 1997 de près de 1.000 personnes. Il reste à trancher sur la question du secret médical, une problématique qui, pour l’heure, dépasse le cadre littéraire.
Akli Ouali
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