Comment le globe-trotter Rachid Nekkaz se prépare pour la présidentielle de 2029

Par Karim B. – A peine a-t-il recouvré ses droits civiques que Rachid Nekkaz a repris son bâton de pèlerin – son smartphone – pour haranguer ses fans de façon ininterrompue, parcourant les villes algériennes et étrangères sans répit. L’homme d’affaires qui a abandonné sa nationalité française pour se présenter à l’élection présidentielle de 2019 – ou, du moins, tenter de la saboter –, se trouve actuellement en Amérique du Nord, après être passé par l’Afrique. Ce richissime globe-trotter a expliqué, dans un de ses plus récents enregistrements réalisés en Californie, aux Etats-Unis, où il affirme se trouver pour des raisons familiales, pour y avoir vécu un temps, a énuméré les qualités dont il jouit et qui feraient de lui le candidat idéal à la prochaine présidentielle.

Bien sûr, Rachid Nekkaz ne le dit pas explicitement, mais la façon dont il décrit sa propre personne et son parcours est un signe qui ne trompe pas. Il se dit ouvert d’esprit grâce à ses expériences acquises en France, son lieu de naissance, et aux Etats-Unis, où il menait son business florissant. Il affirme avoir le sens des affaires pour avoir réussi à s’enrichir de façon licite, n’ayant donc pas besoin d’argent et ne risquant pas d’être tenté par la corruption et la prévarication. Il se dit, enfin, et c’est le plus important, prêt à se sacrifier pour l’Algérie pour honorer son engagement envers ses parents, son père notamment, qui a insisté auprès de lui pour se consacrer à son pays d’origine, tant et si bien qu’il n’a pas hésité une seconde à se débarrasser de sa nationalité française pour «servir l’Algérie».

Ceci ressemble à une ébauche de programme politique libéral et à l’annonce d’une candidature avant terme. C’est, du moins, ce que pensent un certain nombre d’observateurs avisés, qui ont décelé dans le discours et dans les déplacements auto-médiatisés de Rachid Nekkaz une opération de séduction précoce, qu’il a commencée près de cinq ans avant la prochaine échéance électorale. Celui qui affirme avoir croisé les Premiers ministres Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, l’ex-ministre des Travaux publics Amar Ghoul, l’ancien député d’Annaba Baha-Eddine Tliba, ainsi que les hommes d’affaires, Ali Haddad et Mahieddine Tahkout, durant les quatorze mois qu’il a passés à la prison de Koléa, avance un autre atout : sa prise de position en faveur de l’Algérie dans la grave crise diplomatique actuelle entre Alger et Paris.

C’est en véritable académicien que cet ancien citoyen français rétorque à l’extrême-droite française, en lui opposant des arguments-massues fondés sur des vérités historiques et des faits avérés difficilement récusables. Rachid Nekkaz, qui tente de se racheter auprès des autorités algériennes, semble, a contrario, régler ses comptes avec la France, où il a également connu la prison, sans qu’aucun de ces nervis qui s’agitent pour Boualem Sansal n’ait bougé le petit doigt pour le défendre et demander sa libération, déplore-t-il.

Le retour en force de l’activiste au téléphone, qui s’est fait connaître par ses actions directes contre d’anciens dignitaires du régime Bouteflika, notamment Abdeslam Bouchouareb, l’ami d’Emmanuel Macron confortablement installé en France, et Amar Saïdani, ancien patron du FLN, aujourd’hui réfugié au Maroc, est une démarche intéressée, laquelle consiste à prendre le pouls de la rue algérienne et à préparer l’opinion publique à son éventuelle candidature à la fonction suprême, en corrigeant les erreurs qu’il admet avoir commises par le passé.

K. B.

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