Défaite

Matignon pourrait-il finalement revenir à un centriste en France ? Cette hypothèse, considérée comme totalement fantaisiste il y a encore quelques semaines suite à la tiède victoire du Nouveau Front Populaire et de la relégation en seconde position du camp présidentiel à l’Assemblée Nationale, semble de moins en moins improbable. Car il y a encore […]

Juil 20, 2024 - 22:30
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Défaite

Matignon pourrait-il finalement revenir à un centriste en France ? Cette hypothèse, considérée comme totalement fantaisiste il y a encore quelques semaines suite à la tiède victoire du Nouveau Front Populaire et de la relégation en seconde position du camp présidentiel à l’Assemblée Nationale, semble de moins en moins improbable. Car il y a encore peu, l’idée de voir la députée Renaissance reprendre son siège au perchoir de l’Assemblée semblait impossible. En effet, la victoire en demi-teinte de la coalition de gauche aux dernières élections législatives anticipées de juin dernier devait lui assurer la présidence de l’Assemblée Nationale et la tête du prochain gouvernement. Mais au grand désarroi de la gauche, c’est bien Yaël Braun-Pivet qui a retrouvé son poste. En effet, les 577 députés fraîchement élus ou réélus aux dernières élections législatives étaient réunis ce jeudi pour la première session officielle de la XVIIe législature pour élire le président de l’Assemblée Nationale. Après trois tours de scrutin, c’est donc la sortante Braun-Pivet qui a été réélue, battant sur le fil le candidat de la gauche André Chassaigne par 220 voix contre 207, et 143 au député Rassemblement National, Sébastien Chenu. Entre le premier et le deuxième tours, plusieurs députés du NFP ont craint que Sébastien Chenu obtienne des votes au-delà des sièges du RN, et ont suspecté une alliance entre la macronie et la droite pour faire élire Yaël Braun-Pivet. Paul Vannier, député LFI-NFP du Val-d’Oise, a même dénoncé un «coup de force» du camp présidentiel. Au nom du «désistement républicain», certains ont même appelé Yaël Braun-Pivet à retirer sa candidature afin de permettre à André Chassaigne d’être élu avec une majorité absolue dès le deuxième tour. Sébastien Chenu a obtenu les 143 mêmes voix qu’au premier tour et Yaël Braun-Pivet a bénéficié du report de votes après le désistement des autres candidats, Philippe Juvin des Républicains et de Naïma Moutchou (Horizons), lui permettant de gagner 86 voix de plus. André Chassaigne a, de son côté, obtenu deux votes de plus. Une défaite inattendue mais qui laisse présager le pire pour le NFP qui pourrait à ce rythme-là perdre Matignon. Mais alors que le danger de voir un nouveau gouvernement macroniste prendre les rênes du pays, l’alliance de gauche pourrait peut-être réussir à mettre des désaccords de côté et à choisir un candidat. Les socialistes, qui mettent en avant la candidature de la diplomate du climat Laurence Tubiana, ont réclamé vendredi dans un communiqué «un vote solennel des députés des quatre groupes du NFP» d’ici mardi prochain. «Je le souhaite, une fois de plus nous allons faire tout ce que nous pouvons, mais il ne faut pas exclure qu’il n’y ait pas de nom à cette date», a balayé dans la soirée Jean-Luc Mélenchon, en dénonçant les «méthodes brutales» des socialistes. Les Insoumis rejettent toujours un vote, voulant une désignation par consensus, et s’opposent à tout candidat qui ne s’engage pas à appliquer le programme du Nouveau Front populaire dans son intégralité ou qui voudrait chercher des compromis avec les macronistes. «Je rappelle que ce ne sont pas les élus qui choisissent le Premier ministre, c’est un accord entre des partis politiques», a martelé Jean-Luc Mélenchon. «Nous ne participerons pas à un gouvernement qui ne prend pas l’engagement de respecter le programme», a-t-il ajouté. Une stratégie jusqu’au-boutiste dénoncée par le PS. «Quand on annonce d’emblée qu’on ne cherchera aucun élargissement, que ceux avec lesquels on pourrait s’associer devront se rallier, quand on insulte ses partenaires, ne soyons pas surpris que d’autres s’organisent pour constituer des majorités. Quel gâchis», avait déploré dans la journée la sénatrice Laurence Rossignol sur X. Certains à gauche accusent déjà Macron d’avoir tout «préparé» à l’avance, sachant que la gauche ne pourrait s’entendre pour replacer à leurs postes ses ministres et députés. Toutefois, c’est bien la gauche qui est incapable de s’accorder sur une personnalité pour prendre en main le gouvernement, laissant le champ libre à un possible retour d’Attal (ou d’un autre macroniste) à Matignon.

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