El-Menia : Une nouvelle wilaya en quête de maîtrise urbaine

Pour le commun des citoyens, qui en font généralement une représentation de carte postale paradisiaque, El-Menia est perçue comme un havre de paix et de farniente réservé à une élite privilégiée.

Si le centre originel de son vieux ksar conserve encore un semblant de cadre de vie, c’est grâce à l’APC d’El-Menia, qui s’efforce, malgré des moyens limités, de le préserver contre les atteintes de la destruction systématique et d’une clochardisation rampante, consécutive à une croissance urbaine effrénée et génératrice de problèmes de citoyenneté.

Sa périphérie immédiate, où se trouve la commune de Hassi El-Gara, est en revanche le théâtre de faits alarmants et d’effronteries défiant le bon sens, et, plus grave encore, bravant l’autorité publique. Sous l’effet conjugué de convoitises mal orientées liées à son fort potentiel agricole, la wilaya d’El-Menia subit progressivement le syndrome d’un appendice de plus en plus envahissant, alimenté par les excroissances fulgurantes de son chef-lieu. El-Menia, autrefois surnommée « El-Goléa » par l’ex-occupant français, semble se détacher de ses fondations, échappant à toute maîtrise.

Il suffit de constater la jonction presque achevée entre la commune d’El-Menia et celle de Hassi El-Gara, qui s’étend progressivement vers le grand Sud. La frénésie de construction anarchique et l’implantation de quelques périmètres agricoles, certains abandonnés faute de moyens financiers par leurs propriétaires, ont conduit à un mitage (dispersion de l’habitat et des jardins en milieu rural), qui affecte toute la wilaya. Ce phénomène a, sur des kilomètres, effacé les pittoresques paysages agricoles d’El-Menia, autrefois verdoyante et prospère, connue pour ses oranges et ses fleurs, qui avaient autrefois trouvé leur place au Rungis, le grand marché parisien des fruits et légumes.

En l’absence d’une gestion efficace de la part des autorités locales successives, El-Menia se transforme, au fil du temps, en un microcosme indifférent, vulnérable à toutes sortes d’irrégularités. Les quatre communes rattachées à la wilaya d’El-Menia (El-Menia, Hassi El-Gara, Elsigue et Hassi Lafhal) se retrouvent inévitablement confrontées à un laisser-aller inquiétant. Ainsi, celui qui souhaite agrandir sa maison, sans permis de construire, n’a qu’à faire appel à un maçon, souvent malien, pour réaliser les travaux en toute impunité.

Par ailleurs, dans El-Menia, comme dans les autres communes qui lui sont rattachées, on observe un manque de maîtrise du cadre de vie, marqué par la dégradation de la salubrité du milieu rural, laquelle est engendrée par une absence de civisme de la part de ses citoyens, qui n’ont pas été dissuadés par des mesures coercitives réglementaires établies par l’Etat.

C’est particulièrement le cas pour ces jeunes chômeurs pauvres, qui, malgré les nombreuses opportunités offertes par le gouvernement, notamment dans le secteur agricole, choisissent de ne pas travailler. Interrogé, Si Hadj Mohamed, retraité de 78 ans, a répondu, au Jeune Indépendant que « avec de vifs regrets, je constate que nombreux sont les jeunes à El-Menia qui préfèrent, du lever au coucher du soleil, rester contre les murs sans rien faire plutôt que de se rendre au travail ».

C’est dire que des actions volontaristes des autorités supérieures nationales et locales sont plus que jamais attendues afin de donner à El-Menia son vrai statut de nouvelle wilaya, en prendre soin pour une meilleure prise en charge et améliorer le cadre de vie de ses citoyens.

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