Entretien avec Trump: Poutine fixe les règles du jeu en Ukraine

Le temps semble avoir donner raison à la Russie dans l’affaire ukrainienne. Les pourparlers entre Vladimir Poutine et Donald Trump ont abouti à une décantation qui conforte l’argumentaire de Moscou. Les Américains ont, depuis l’arrivée de Trump à la Maison blanche, compris que la stratégie de l’administration Biden a failli conduire le monde à une troisième guerre mondiale. Aujourd’hui, les choses rentrent progressivement en ordre dans le sens d’une compréhension américaine des intérêts russes dans son étranger proche.

Après un entretien téléphonique de presque trois heures, les présidents russe et américain ont pu débloquer une situation inextricable du fait du jusqu’au boutisme de Joe Biden et de ses alliés européens qui ont juré la perte de la Russie, accusée d’avoir agresser l’Ukraine sans prendre en considération les avertissements de Moscou quant au génocide perpétré par les bandéristes et les néonazis au pouvoir à Kiev.

C’est donc un début de décantation politico-stratégique russo-américaine. Le président Poutine a accepté un cessez-le-feu mutuel et immédiat des frappes sur les infrastructures énergétiques pour 30 jours, mais pas un cessez-le-feu général, que les Ukrainiens avaient accepté sous la pression de Donald Trump. Cela signifie que la Russie dont la situation sur le terrain lui est favorable, fixe les priorités selon ses propres intérêts, et non pas selon les désidératas de Washington. Et signe de la bonne volonté russe, un nouvel échange de 175 prisonniers de guerre de chaque camp a par ailleurs eu lieu ce mercredi.

Lors de cet échange avec son homologue américain, Vladimir Poutine a également plaidé pour la fin du « réarmement » de l’Ukraine, a indiqué le Kremlin. « La partie russe a souligné un certain nombre de points essentiels concernant le contrôle effectif d’un éventuel cessez-le-feu sur l’ensemble de la ligne de contact, la nécessité de mettre fin à la mobilisation forcée en Ukraine et au réarmement des forces armées ukrainiennes », a rapporté Moscou dans un communiqué. Par ailleurs, Vladimir Poutine a également exigé l’arrêt pur et simple de l’aide occidentale à l’Ukraine.

Les deux chefs d’États ont également évoqué les « voies possibles d’un règlement en Ukraine », a indiqué le Kremlin. « Le président russe a déclaré qu’il était prêt à travailler avec ses partenaires américains sur un examen approfondi des voies possibles d’un règlement, qui devrait être global, stable et durable ».

De son côté, Washington a assuré que Donald Trump et Vladimir Poutine ont convenu de commencer « immédiatement » des négociations sur l’Ukraine au Moyen-Orient. Cela prouve que les Américains se sont rendus à une évidence historique : celle de l’implication de la Russie, de fait, dans la gestion des affaires géopolitiques du monde. Cela explique aussi l’imbrication des théâtres ukrainien et moyen-oriental, deux logiques belliqueuses qu’Américains et Russes peuvent gérer et trouver des compromis pour imposer les voies de la paix.

Selon la Maison blanche, la reprise immédiate des négociations sur l’Ukraine et le Moyen-Orient mettra en place le cadre de « négociations techniques relatives à la mise en œuvre d’un cessez-le-feu maritime en mer Noire, d’un cessez-le-feu total et d’une paix permanente ».

Lors de ces entretiens, Poutine et Trump ne semblent pas avoir évoquer la question des territoires de la Novo Rossiya (Donbass, Crimée). Ainsi, les comptes-rendus publiés par Washington et Moscou ne mentionnent pas d’éventuels redécoupages territoriaux. Pour rappel, Donald Trump a dit dimanche 16 mars être prêt à parler de « partage » entre l’Ukraine et la Russie, provoquant les inquiétudes de Kiev et ses alliés européens.
Et signe du bon déroulé de la conversation entre les deux présidents, le communiqué du Kremlin a indiqué que « Donald Trump a soutenu l’idée de Vladimir Poutine d’organiser des matchs de hockey aux États-Unis et en Russie entre des joueurs russes et américains évoluant » dans les ligues de chacun des deux pays.

A ce stade des négociations Poutine-Trump, il est très intéressant d’observer la position impuissante du chef de l’Etat ukrainien. Si ce dernier s’est dit favorable à l’arrêt temporaire des frappes sur les installations énergétiques, il a demandé des « détails » de Washington. « Il est très intéressant de connaître les détails et ce qui est réellement proposé », a déclaré Volodymyr Zelensky.

Même position impuissante et attentiste de deux grands sponsors du régime ukronazi de Kiev. Ainsi, depuis Berlin, Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont déclaré que le cessez-le-feu devra être « vérifiable » et que les Ukrainiens soient également « autour de la table » des négociations. « L’objectif doit rester le même, avoir un cessez-le-feu mesurable et vérifiable, pleinement respecté », a déclaré le président français.

Celui-ci ainsi que ses partenaires européens ont mal digéré la pilule Trump qui leur a damé le pion en renouant le contact avec la Russie, estimant que Moscou est un acteur majeur avec qui il faut dialoguer et négocier pour mettre fin à une folie que le président américain attribut volontiers à son prédécesseur et ses alliés bellicistes et russophobes.

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