Comment Rachid Nekkaz s’est joué des services de renseignement marocains

Par Kamel M. – Rachid Nekkaz a été expulsé du Maroc. Arrêté par la Direction de la sécurité du territoire (DST), après avoir diffusé une vidéo à partir de Marrakech, celui qui se présente comme un opposant algérien a été relâché, reconduit à l’aéroport de Casablanca et embarqué dans un avion vers une direction inconnue. Le globe trotter milliardaire refera son apparition bientôt pour informer ses fans des tenants et aboutissants de cette affaire dont il ne manquera pas de se servir pour faire le buzz.

Rachid Nekkaz défraie la chronique depuis de longues années, aussi bien en France qu’en Algérie, deux pays où il a provoqué son incarcération pour l’ajouter à son curriculum vitae dans la perspective des présidentielles algériennes de 2029, pour lesquelles il se prépare ardemment, à travers ses virées dans les villes algériennes qu’il sillonne inlassablement, souvent en compagnie de son avocat, au cas où… Il n’est donc pas un inconnu pour les services secrets marocains, qui lui ont accordé l’entrée au Maroc. Ces derniers escomptaient sans doute des appels de leur hôte en faveur de la réouverture des frontières et d’une normalisation des relations entre les deux pays.

Rachid Nekkaz s’est filmé arborant les drapeaux algérien et marocain, ce qui semble avoir convaincu le régime de Rabat de sa propension à aller dans le sens souhaité par le Makhzen, à savoir un discours d’apaisement qui serait tenu par un Algérien jouissant d’une grande notoriété sur les réseaux sociaux. Mais la proposition de Nekkaz n’a pas du tout plu aux dirigeants marocains, d’autant que l’influenceur a soutenu le référendum pour l’autodétermination du Sahara Occidental, tout en faisant une proposition farfelue consistant en un partage de la gestion d’une période de transition de dix ans par le Maroc et l’Algérie.

En avançant un tel plan déraisonnable, Rachid Nekkaz, non seulement remet au goût du jour une proposition indécente faite par Hassan II à Houari Boumediene dans les années 1970, à savoir la partition du territoire sahraoui entre les deux pays, mais il adhère, en quelque sorte, au plan d’autonomie proposé par le régime monarchique de Rabat, soutenu par la France. Nekkaz n’ignore pourtant pas que ni le Maroc ni l’Algérie ne répondraient favorablement à une telle suggestion extravagante, dont il dit qu’elle remonte à 2014. Pourquoi alors s’est-il engagé dans un tel cul-de-sac qui allait immanquablement conduire à son expulsion manu militari du Maroc et, sans doute, l’exposera à des poursuites en Algérie pour avoir soutenu que le Maroc pouvait se prévaloir d’une souveraineté, même limitée, sur les territoires sahraouis.

L’apparition de Rachid Nekkaz à partir du Maroc est, en elle-même, une forme de provocation, sachant que les services secrets marocains ne ratent aucune occasion pour tenter de recruter des agents algériens pour nuire aux intérêts de l’Algérie. Yassine Mansouri et Abdellatif Hammouchi ont dû s’imaginer pourvoir enrôler Rachid Nekkaz et l’ajouter à leur liste des traitres – Hichem Aboud, Oualid Kebir, Anouar Malek et Chawki Benzehra –, dans leurs tentatives de déstabilisation menées sous le contrôle de la DGSE française. Le plan a échoué car les deux barbouzes se sont crus plus malins que le madré d’Aïn Merane.

K. M.

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