Ghaza à l’heure de la solution finale
Israël a donc repris lundi ce qu’il continue de présenter comme une guerre contre la résistance palestinienne, mais qui en réalité n’est qu’un massacre de civils sans défense, rompant d’un coup un cessez-le-feu qui dure depuis plusieurs semaines, objet d’un accord dont lui-même s’était retiré dès la fin de sa première phase, lequel dans son […]

Israël a donc repris lundi ce qu’il continue de présenter comme une guerre contre la résistance palestinienne, mais qui en réalité n’est qu’un massacre de civils sans défense, rompant d’un coup un cessez-le-feu qui dure depuis plusieurs semaines, objet d’un accord dont lui-même s’était retiré dès la fin de sa première phase, lequel dans son principe devait conduire à la fin de la guerre. Il a pris prétexte de ce que les Palestiniens refusaient la proposition imputée à l’envoyé américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff, d’après laquelle une prolongation du cessez-le-feu est accordée contre la libération de cinq otages vivants, dont un ressortissant américain, pour revenir au pilonnage à grande échelle de Ghaza. En quelques heures seulement, les frappes aériennes et autres bombardements depuis des positions terrestres ont fait plusieurs centaines de morts et sans doute un plus grand nombre de blessés et de disparus sous les décombres, d’où il ne serait pas ensuite facile de les sortir. Evidemment, cette relance du génocide n’aurait pas eu lieu sans le feu vert de l’administration américaine.
On peut même dire qu’elle a été coordonnée avec elle, eu égard aux raids américains contre les Houthis, effectués quelques heures seulement auparavant, et dont tout indique qu’ils se poursuivront. Israël se dit en guerre, en réalité il est occupé à un génocide, au vu et au su du monde entier, y compris des Etats-Unis et du «monde libre». Personne ne s’y trompe, ce n’est en aucun cas à une guerre qu’on assiste à l’heure qu’il est, mais à un génocide, ou plus exactement à la continuation d’un génocide commencé il y a de cela plusieurs mois. Israël avait un autre choix, celui d’affronter non pas des civils désarmés mais des combattants, qui sûrement l’attendent de pied ferme. Il préfère massacrer des civils pour obliger ces mêms combattants et à libérer les otages et à se rendre à lui. Ils ne feront ni l’un ni l’autre. Le seul accord qu’il aurait fallu passer avec lui, ou du moins essayer, c’est la libération des otages contre l’arrêt du génocide, sachant que cette libération n’est de toute façon pas le seul objectif poursuivi par lui, ni même aux yeux de ses dirigeants tout au moins le plus important. Israël est entré dans cette guerre, qu’il n’a pas déclenchée, en visant trois buts, qui sont la libération des otages, l’élimination de la résistance, et la déportation des Ghazaouis. Il n’en a encore réalisé aucun. C’est maintenant qu’il va essayer de s’assurer la victoire, pour lui la vraie : l’anéantissement de toute résistance armée, seul moyen pour lui d’éviter un deuxième
7-Octobre, et le déplacement de la population. On se trompe en croyant qu’il n’a repris les frappes que pour forcer le Hamas à accepter la proposition Witkoff. La libération des otages ne lui fera pas abandonner ses véritables objectifs. Pour lui une chance inespérée se présente de vider Ghaza de sa population arabe, il ne faut pas la rater. Par rapport à cette réalisation historique, perdre ce qu’il reste d’otages vivants, qui sont une vingtaine, ne lui semble pas un trop grand prix. Il n’y aura pas toujours à la tête des Etats-Unis un pouvoir comme celui d’aujourd’hui, un président personnellement intéressé au transfert des Ghazaouis.