Grâces

Quelques heures après son départ définitif de la Maison-Blanche, la nouvelle selon laquelle Joe Biden avait accordé des dizaines de grâces présidentielles préemptives, à ses proches collaborateurs, ainsi qu’a plusieurs membres de sa famille, avait suscité la consternation jusque dans son camp, que ce soit dans le camp démocrate ou les médias. Aujourd’hui, Donald Trump […]

Mars 18, 2025 - 20:24
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Grâces

Quelques heures après son départ définitif de la Maison-Blanche, la nouvelle selon laquelle Joe Biden avait accordé des dizaines de grâces présidentielles préemptives, à ses proches collaborateurs, ainsi qu’a plusieurs membres de sa famille, avait suscité la consternation jusque dans son camp, que ce soit dans le camp démocrate ou les médias. Aujourd’hui, Donald Trump crée la surprise en annonçant sur sa plateforme Truth Social, que les grâces préventives accordées par son prédécesseur à plusieurs bêtes noires des républicains n’étaient pas valables. «Les grâces que Joe Biden l’endormi a accordées à la commission non élue de voyous politiques, et à bien d’autres, sont par la présente déclarées NULLES, NON AVENUES ET SANS EFFET», a écrit Donald Trump dans la nuit de dimanche à lundi, sans apporter d’éléments tangibles pour prouver ses déclarations aux conséquences juridiques incertaines. Quelques heures avant de céder le pouvoir, le 20 janvier, Joe Biden avait accordé une série de grâces préventives à des élus ou des fonctionnaires, pour les protéger de «poursuites judiciaires injustifiées et politiquement motivées». Il avait notamment accordé sa protection à l’ancien chef d’état-major, le général Mark Milley, à l’ex-architecte de la stratégie de la Maison-Blanche contre le Covid-19, le Dr Anthony Fauci, ainsi qu’aux élus et fonctionnaires ayant participé à une commission d’enquête sur l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Donald Trump a accusé sans fondement les membres de la commission sur le 6 janvier d’être responsables de leurs propres grâces, à l’insu de Joe Biden, et a affirmé qu’ils étaient «sujets à une enquête au plus haut niveau». Les implications juridiques de ces affirmations
n’étaient pas claires dans l’immédiat. Sans avancer de preuves, Donald Trump a par ailleurs affirmé que ces grâces avaient été faites par «stylo automatique». Le chef d’État américain avait auparavant posté sur sa plateforme un meme représentant la signature de son prédécesseur démocrate, réalisée à l’aide d’un bras automatique armé d’un stylo, suggérant que Joe Biden ne signait pas lui-même ses décisions. Appareil méconnu du grand public, le stylo automatique ou machine à signer est un automate équipé d’un stylo qui permet de reproduire la signature d’un individu, préalablement enregistrée. Cet appareil est utilisé par le gouvernement américain mais aussi par des entreprises pour signer des documents en grand nombre. En adoptant cet angle d’attaque, Donald Trump reprend un argumentaire de la Heritage Foundation, un cercle de réflexion conservateur dont le «Project 2025» est l’une des principales feuilles de route utilisées par son gouvernement et qui est honni par la gauche pour ses propositions jugées extrêmes. Donald Trump qui opte depuis le début de sa carrière politique pour une attitude agressive et sans concession, n’hésite ainsi pas à franchir un tabou en attaquant les grâces présidentielles de son prédécesseur. Habituellement respectées, les dernières volontés du président Biden sont ainsi remises en cause, et les personnes qu’il souhaitaient protéger risquent, si les grâces sont effectivement annulées, de devenir des cibles que l’administration Trump pourraient désormais viser.       F. M.