L'écosystème de la finance islamique en Algérie promis à davantage d'évolution avec le lancement des sukuk

ALGER - Les grandes mutations que connait l'écosystème de la finance islamique en Algérie ces dernières années ouvre la voie à davantage de développement, notamment avec le lancement prévu des sukuk souverains, en tant que formule nouvelle et alternative au financement consacrée par la Loi de finances en vigueur, selon des professionnels de la finance et de la banque. Lors d'une conférence-débat organisée, jeudi soir à Alger, par l'Association des diplômés de l'Institut de financement du développement du Maghreb arabe (IFIDAS), les intervenants ont mis en avant les opportunités qu'offre l'émission des sukuk souverains d'une part, en tant qu'instrument auprès des institutions financières conventionnelles et islamiques dans le placement des excédents financiers et la relance de l'investissement dans les infrastructures et le développement en général d'autre part. A cet effet, Sofiane Mazari, chef de la division Finance Islamique au Crédit populaire d'Algérie (CPA) et membre de l'association a précisé que l'émission des sukuk souverains par le Trésor public interviendrait dans le cadre du parachèvement de l'édification de l'écosystème de la finance islamique en Algérie, ajoutant que des sukuk d'entreprise (sukuk corporate) seront émis ultérieurement, en tant qu'instruments financiers lancés par des entreprises privées au profit des investisseurs pour financer divers projets. Mazari a mis avant "les efforts considérables" déployés pour élaborer le cadre juridique de la finance islamique qui a connu des évolutions successives à travers l'ouverture de fenêtres islamiques au niveau des banques, l'émergence de banques spécialisées dans cette formule, le lancement de plusieurs compagnies d'assurance takaful, parallèlement à la mise en place de plusieurs mesures fiscales et à la création de l'Office national des wakfs et de la zakat. L'activité de la finance islamique s'illustre par le volume des dépôts estimé actuellement à près de 900 milliards de DA, recouvrés par les banques opérant dans le cadre de cette formule, a-t-il fait savoir, précisant que la part de la finance islamique a atteint près de 6% du marché bancaire national. Avec l'entrée en vigueur des sukuk islamiques, la souscription sera ouverte aussi bien aux institutions financières islamiques et conventionnelles qu'aux autres institutions économiques, et également au grand public en cas de souscription publique, a-t-il expliqué, faisant observer que cet instrument financier consacre "un nouveau mode de financement, tout en garantissant la transparence et la gouvernance dans le cadre du financement et de la réalisation des divers projets structurants". De son côté, Hichem Kacimi El Hassani, directeur de l'orientation à la Banque Al Salam Algérie, a souligné l'importance des opportunités offertes par les sukuk islamiques, toutes formes confondues, en tant que nouveaux instruments de financement en Algérie, précisant qu'ils s'inscrivent dans le cadre du "développement naturel que connaît l'industrie de la finance islamique dans le pays". L'intervenant a expliqué que les sukuk islamiques, à travers les différentes expériences internationales en la matière, se présentent sous de multiples formes, telles que les sukuk Idjara, Moucharaka, Mourabaha, Moudaraba, Salam et Istisna'a. Pour rappel, l'article 179 de loi de finances 2025, stipule que "le Trésor public est autorisé à émettre des titres dénommés sukuk souverains, en représentation de la valeur des droits de jouissance d’actifs relevant du domaine de l’Etat, destinés aux personnes physiques et morales pour participer au financement des infrastructures et/ou des équipements publics marchands de l’Etat". En vertu de la même loi, sont exonérés de l'impôt sur le revenu global (IRG) et de l'impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS), pour une durée de cinq (5) ans, les sukuk souverains d’une échéance égale ou supérieure à cinq (5) ans, émis par le Trésor public ou négociés dans un marché organisé. "Sont également exonérés des droits d’enregistrement et de la taxe de publicité foncière, pour une durée de cinq (5) ans, les opérations portant sur les sukuk souverains, d’une échéance égale ou supérieure à cinq (5) ans, émis par le Trésor public ou négociés dans un marché organisé", stipule la LF 2025. Créé par les Etats algérien et tunisien en 1981, l'Institut de financement du développement du Maghreb arabe (IFID), spécialisé dans la formation dans les domaines liés au financement du développement, notamment dans les secteurs bancaires et des assurances, se veut un facteur d'ouverture et de rapprochement entre les pays du Maghreb arabe. L'institut, basé en Tunisie, a permis de former pas moins de 2224 étudiants à travers 44 promotions, dont la plupart occupent des postes de haut niveau dans des institutions financières en Tunisie, en Algérie et en Mauritanie.

Mars 21, 2025 - 16:59
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L'écosystème de la finance islamique en Algérie promis à davantage d'évolution avec le lancement des sukuk

ALGER - Les grandes mutations que connait l'écosystème de la finance islamique en Algérie ces dernières années ouvre la voie à davantage de développement, notamment avec le lancement prévu des sukuk souverains, en tant que formule nouvelle et alternative au financement consacrée par la Loi de finances en vigueur, selon des professionnels de la finance et de la banque.

Lors d'une conférence-débat organisée, jeudi soir à Alger, par l'Association des diplômés de l'Institut de financement du développement du Maghreb arabe (IFIDAS), les intervenants ont mis en avant les opportunités qu'offre l'émission des sukuk souverains d'une part, en tant qu'instrument auprès des institutions financières conventionnelles et islamiques dans le placement des excédents financiers et la relance de l'investissement dans les infrastructures et le développement en général d'autre part.

A cet effet, Sofiane Mazari, chef de la division Finance Islamique au Crédit populaire d'Algérie (CPA) et membre de l'association a précisé que l'émission des sukuk souverains par le Trésor public interviendrait dans le cadre du parachèvement de l'édification de l'écosystème de la finance islamique en Algérie, ajoutant que des sukuk d'entreprise (sukuk corporate) seront émis ultérieurement, en tant qu'instruments financiers lancés par des entreprises privées au profit des investisseurs pour financer divers projets.

Mazari a mis avant "les efforts considérables" déployés pour élaborer le cadre juridique de la finance islamique qui a connu des évolutions successives à travers l'ouverture de fenêtres islamiques au niveau des banques, l'émergence de banques spécialisées dans cette formule, le lancement de plusieurs compagnies d'assurance takaful, parallèlement à la mise en place de plusieurs mesures fiscales et à la création de l'Office national des wakfs et de la zakat.

L'activité de la finance islamique s'illustre par le volume des dépôts estimé actuellement à près de 900 milliards de DA, recouvrés par les banques opérant dans le cadre de cette formule, a-t-il fait savoir, précisant que la part de la finance islamique a atteint près de 6% du marché bancaire national.

Avec l'entrée en vigueur des sukuk islamiques, la souscription sera ouverte aussi bien aux institutions financières islamiques et conventionnelles qu'aux autres institutions économiques, et également au grand public en cas de souscription publique, a-t-il expliqué, faisant observer que cet instrument financier consacre "un nouveau mode de financement, tout en garantissant la transparence et la gouvernance dans le cadre du financement et de la réalisation des divers projets structurants".

De son côté, Hichem Kacimi El Hassani, directeur de l'orientation à la Banque Al Salam Algérie, a souligné l'importance des opportunités offertes par les sukuk islamiques, toutes formes confondues, en tant que nouveaux instruments de financement en Algérie, précisant qu'ils s'inscrivent dans le cadre du "développement naturel que connaît l'industrie de la finance islamique dans le pays".

L'intervenant a expliqué que les sukuk islamiques, à travers les différentes expériences internationales en la matière, se présentent sous de multiples formes, telles que les sukuk Idjara, Moucharaka, Mourabaha, Moudaraba, Salam et Istisna'a.

Pour rappel, l'article 179 de loi de finances 2025, stipule que "le Trésor public est autorisé à émettre des titres dénommés sukuk souverains, en représentation de la valeur des droits de jouissance d’actifs relevant du domaine de l’Etat, destinés aux personnes physiques et morales pour participer au financement des infrastructures et/ou des équipements publics marchands de l’Etat".

En vertu de la même loi, sont exonérés de l'impôt sur le revenu global (IRG) et de l'impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS), pour une durée de cinq (5) ans, les sukuk souverains d’une échéance égale ou supérieure à cinq (5) ans, émis par le Trésor public ou négociés dans un marché organisé.

"Sont également exonérés des droits d’enregistrement et de la taxe de publicité foncière, pour une durée de cinq (5) ans, les opérations portant sur les sukuk souverains, d’une échéance égale ou supérieure à cinq (5) ans, émis par le Trésor public ou négociés dans un marché organisé", stipule la LF 2025.

Créé par les Etats algérien et tunisien en 1981, l'Institut de financement du développement du Maghreb arabe (IFID), spécialisé dans la formation dans les domaines liés au financement du développement, notamment dans les secteurs bancaires et des assurances, se veut un facteur d'ouverture et de rapprochement entre les pays du Maghreb arabe.

L'institut, basé en Tunisie, a permis de former pas moins de 2224 étudiants à travers 44 promotions, dont la plupart occupent des postes de haut niveau dans des institutions financières en Tunisie, en Algérie et en Mauritanie.