Israël pressé de sortir du Liban

Alors que dans la guerre à Ghaza, les pays intermédiaires, les Etats-Unis, le Qatar, l’Egypte, et Israël, ce dernier généralement représenté par les deux patrons de ses principaux services de renseignement, ne se donnent plus la peine de faire semblant de négocier, dans la guerre au Liban par contre, une tentative d’y mettre fin n’est […]

Nov 16, 2024 - 21:36
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Israël pressé de sortir du Liban

Alors que dans la guerre à Ghaza, les pays intermédiaires, les Etats-Unis, le Qatar, l’Egypte, et Israël, ce dernier généralement représenté par les deux patrons de ses principaux services de renseignement, ne se donnent plus la peine de faire semblant de négocier, dans la guerre au Liban par contre, une tentative d’y mettre fin n’est pas plus tôt abandonnée qu’une autre prend sa relève. La dernière proposition, dont cependant le contenu n’a pas été rendu public, est celle des Etats-Unis, transmise par leur ambassadrice aux autorités libanaises, qui à leur tour en ont livré une copie à l’intention du Hezbollah, justement occupé pour l’heure à son examen. Deux points toutefois en ont émergé, du reste les plus discutés dans les médias : d’un côté la référence à la fameuse résolution 1701, qui avait mis fin à la guerre de 2006, et de l’autre, la liberté accordée aux deux parties, Israël et Liban, de se défendre au besoin en dépit de l’accord passé. Pas besoin d’aller plus loin pour se rendre compte que cette proposition soi-disant exclusivement américaine est en réalité israélo-américaine. Israël veut bien se dépêtrer de cette guerre avec le Hezbollah, qui au départ d’ailleurs n’a pas été à son initiative, mais pas à n’importe quelle condition. Il veut pouvoir continuer de bombarder le Liban en réponse aux tirs du Hezbollah, pour autant que ceux-ci persistent, même après avoir fait repasser à ses troupes la frontière libanaise.
Mais ce dont il veut s’assurer par-dessus tout, c’est du repli du Hezbollah derrière le Litani, c’est-à-dire de son recul à une distance suffisamment éloignée de la Ligne bleue, la frontière en quelque sorte théorique entre le Liban et Israël, pour qu’il ne puisse mener des incursions à l’intérieur de son territoire, et causer un traumatisme comparable à celui du 7-Octobre. Il refusera tout accord qui ne fera pas du recul du Hezbollah une condition sine qua non, un point d’ailleurs clairement énoncé dans la résolution 1701. Les Libanais, en revanche, et pas seulement le Hezbollah, refuseront toute clause accordant une sorte de droit de poursuite à Israël, que lui-même appelle le droit de se défendre, et dont il lui serait loisible de se servir sous un prétexte ou sous un autre. Ainsi donc, les priorités des deux parties ne sont pas les mêmes. Tandis que les Israéliens entendent en premier lieu se garantir contre un 7-Octobre libanais, les Libanais eux sont unanimes à rejeter toute violation ultérieure de leur territoire, quelle qu’elle soit, aérienne, terrestre ou maritime. Israël serait probablement disposé à abandonner ce «droit à se défendre» s’il se savait tout à fait à l’abri d’une incursion du Hezbollah. A la limite, il accepterait que le Hezbollah continue d’envoyer ses missiles, ces derniers n’étant pas en général d’un effet dévastateur, même s’il arrive qu’ils fassent mouche et mal. Pour autant, cela n’empêche pas Israël d’entretenir le doute sur ses véritables objectifs, ainsi qu’en atteste son double langage, l’un porté par son ministre des Affaires étrangères, et l’autre par son ministre de la Défense. D’après le premier, Israël ne recherche pas l’élimination du Hezbollah, comme à Ghaza il est occupé à celle du Hamas, mais seulement à le faire reculer derrière le Litani. Mais d’après le second, si. Israël n’arrêtera ses opérations au Liban, a déclaré le nouveau ministre de la Défense, se souciant peu ce faisant de contredire son collègue des Affaires étrangères, qu’après avoir réalisé tous ses buts de guerre, dont l’élimination de la menace représentée par le Hezbollah.
M. H.

 

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