Jacques- Marie Bourget : «La France est une monarchie idiote et policière»

Par Houari A. – Le grand journaliste français Jacques- Marie Bourget a affirmé que «Macron et ses amis rêvent de donner des leçons de démocratie au monde entier, mais ils sont incapables de pratiquer ce système politique en France». «Imaginez qu’en Algérie, lors d’un vote au Parlement, on compte dix bulletins en trop lors d’un vote, les amis de Macron, comme l’amuseur Kamel Daoud, arriveraient en père fouettard : regardez ce qu’ils font nos décolonisés !» a-t-il ironisé, dans un entretien à nos confrères d’Algérie 54.

«Eh bien non ! C’est en France, au Palais Bourbon, qu’on bourre les urnes et que personne ne s’en indigne, tant le pouvoir est discrédité. Ce pays est devenu une monarchie. Plus de roi, mais un maître capable de défendre une chose et son contraire dans sa doctrine d’en-même-temps», a poursuivi l’ancien grand reporter au journal Le Monde, gravement blessé par un soldat palestinien alors qu’il accomplissait son travail de journaliste sur le terrain.

«La patrie de Voltaire est devenue idiote et policière», a encore dit Jacques-Marie Bourget. «Nous vivons le scénario de Montherlant quand il a écrit La ville dont le prince est un enfant, sauf que la ville est une France encore puissance mondiale et votant au Conseil de sécurité de l’ONU», a-t-il souligné.

Pour le journaliste français, la volonté d’assimiler l’antisionisme à l’antisémitisme «est le résultat d’une longue stratégie». «Embarrassé par les mouvements et les Etats de gauche qui cognaient sur le sionisme, les stratèges israéliens ont mis au point un chapitre de la guerre des mots», a-t-il expliqué, en précisant qu’«il fallait à tout prix dénoncer l’antisionisme comme une pensée antisémite». «Interdire des bouches ou des plumes le mot sioniste, c’était du même coup faire oublier qu’Israël est un Etat colonisateur», a fait savoir le journaliste. «On a fait feu de tout bois pour vider de son sens historique la qualification de sioniste, alors qu’au début du siècle ce sont les juifs eux-mêmes qui luttaient contre le sionisme, en refusant ce projet colonial et que de nombreux juifs refusent encore de soutenir cette terrible conquête territoriale faisant fi des Palestiniens», a-t-il fait constater.

«En France, le Sénat a, un temps, travaillé sur un projet qui aurait criminalisé l’antisionisme. Une députée française souhaite que l’on oblige les nouveaux naturalisés à prêter un serment de fidélité à Israël. Le plan mis au point pour faire disparaître ce mot du vocabulaire a très bien marché en Angleterre, où les militants des cercles juifs ont réussi à avoir la peau de [Jérémy] Corbyn, le patron du Parti travailliste. Cet homme politique de grand courage utilisant le qualificatif antisionisme, il devait donc être diffamé et chassé de son poste, ce qui a marché», a étayé Jacques-Marie Bourget.

«En France, a-t-il rappelé, les policiers ont interpellé des citoyens pour un simple port de keffieh ou d’un drapeau palestinien.» «Nous assistons à une hystérie contre tout symbole de la Palestine, contre toute analyse qui dit une vérité, par exemple qu’Israël est un Etat colonial», a regretté Jacques-Marie Bourget, en relevant que «le mythe de la Terre promise, bobard construit à la fin du XIXe siècle, a la peau dure». «De bonne foi, des citoyens du monde croient à ce mensonge», a-t-il conclu.

H. A.

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