«Je ferais exactement ce qu’a fait Trump avec la Colombie»: Marine Le Pen et l’Algérie : un discours populiste aux accents dangereux
Lors d’une récente interview sur LCI, Marine Le Pen a tenu des propos tranchants à l’égard de l’Algérie, accusant son gouvernement de manquer de respect envers la France et proposant des sanctions économiques en représailles. Par Meriem B. Dans une nouvelle sortie médiatique, Marine Le Pen a proposé d’adopter une posture de rétorsion économique envers […]
Lors d’une récente interview sur LCI, Marine Le Pen a tenu des propos tranchants à l’égard de l’Algérie, accusant son gouvernement de manquer de respect envers la France et proposant des sanctions économiques en représailles.
Par Meriem B.
Dans une nouvelle sortie médiatique, Marine Le Pen a proposé d’adopter une posture de rétorsion économique envers l’Algérie, évoquant l’exemple de Donald Trump avec la Colombie. La cheffe de file des députés du Rassemblement national s’est également exprimée sur le passé colonial de la France en Algérie, estimant que la colonisation française n’a pas été un «drame» pour les Algériens. «Avec l’Algérie, et tous les pays qui refusent de reprendre leurs clandestins, je ferais exactement ce qu’a fait Donald Trump avec la Colombie», a-t-elle dit. La présidente du Rassemblement national justifie cette position par ce qu’elle considère comme un manque de respect du droit international de la part d’Alger et une hostilité constante envers la France. «Il y a une insulte permanente de l’Algérie contre la France», a-t-elle affirmé. Pour Marine Le Pen, les Comores «contestent l’intégrité territoriale» de la France tandis que l’Algérie est «en permanence en train de l’insulter». Et d’interroger : «Pourquoi fait-on preuve d’une telle faiblesse avec des pays qui nous crachent au visage matin, midi et soir ?». Mais derrière ces déclarations aux airs de fermeté diplomatique, c’est un discours populiste et simplificateur qui se dessine, aux relents d’une instrumentalisation politique des relations franco-algériennes, où l’Histoire est réinterprétée pour servir une vision simpliste du monde et où l’Algérie est désignée comme un adversaire quasi obsessionnel. Marine Le Pen invoque l’exemple de Donald Trump, qui avait menacé la Colombie de sanctions économiques pour contraindre Bogota à reprendre ses migrants expulsés des États-Unis. Mais ce parallèle est trompeur. D’une part, la relation entre la France et l’Algérie ne se limite pas à une question migratoire : elle est marquée par une histoire coloniale lourde, des liens économiques profonds et une forte présence de la diaspora algérienne en France. Imaginer une politique de sanctions économiques dans ce contexte relèverait de la provocation plus que d’une stratégie diplomatique viable.
«La colonisation n’a pas été un drame» : un récit nostalgique et biaisé
Au-delà de la question migratoire, Marine Le Pen adopte une rhétorique où l’Histoire est instrumentalisée. «La France a laissé à l’Algérie des infrastructures, des richesses, une organisation qu’elle n’avait pas», a-t-elle avancé, insinuant que la colonisation aurait été une œuvre bénéfique injustement reniée. «Je pense que venir dire que la colonisation a été un drame pour l’Algérie, ça n’est pas vrai», a-t-elle ainsi affirmé. «Économiquement, en termes d’infrastructures, la France a apporté à l’Algérie un capital qui aurait dû lui permettre de devenir la Norvège du Maghreb. Ils ne l’ont pas fait. Et c’est bien regrettable parce que c’est le peuple algérien qui en est la première victime», a-t-elle poursuivi. En réalité, ce discours n’a pas pour but d’apporter une solution aux tensions entre Paris et Alger. Il s’inscrit dans une stratégie politique bien rodée : désigner un ennemi extérieur pour détourner l’attention des véritables défis internes. En affirmant que la France est «humiliée» par l’Algérie et que la fermeté est la seule réponse possible, Marine Le Pen alimente une vision binaire du monde : d’un côté une France qui se veut forte et fière, de l’autre une Algérie hostile et méprisante. Ce schéma simpliste séduit une partie de son électorat, en quête d’un récit nationaliste face aux enjeux migratoires et identitaires. Les relations entre la France et l’Algérie sont complexes et nécessitent une approche pragmatique. Pourtant, Marine Le Pen préfère la provocation à la diplomatie, la confrontation au dialogue. Derrière ses déclarations se cache une stratégie électoraliste bien connue : flatter la nostalgie coloniale, désigner un bouc émissaire et polariser l’opinion publique. Mais l’Histoire et l’avenir des deux nations sont trop liés pour être réduits à des calculs politiciens. Si la France veut se faire respecter, ce n’est pas par des menaces vaines ou des postures belliqueuses, mais par une politique étrangère responsable, consciente des enjeux du monde contemporain.
M. B.