Plainte sur le traitement des Algériens dans les aéroports parisiens : le Quai d’Orsay dit que des vérifications sont en cours

Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a indiqué hier que «des vérifications d’usage vont être menées auprès de la Police de l’air et des frontières» françaises, en réponse à la protestation des autorités algériennes transmises lors de la convocation, le 28 janvier 2025, de l’ambassadeur de France à Alger, M. Stéphane Romatet.

Interrogé lors du point de presse du 30 janvier, le porte-parole français a confirmé que «l’ambassadeur de France à Alger a été convoqué cette semaine par les autorités algériennes» en précisant que «l’objet de la convocation était de faire part à la France d’une protestation des Algériens sur la manière dont les Algériens seraient traités lors de leur arrivée dans les aéroports parisiens, et qu’il y aurait un traitement discriminatoire à l’encontre des Algériens qui arriverait dans les aéroports parisiens.» Le responsable a ajouté que «l’ambassadeur a pris note de cette demande et il les a transmises à Paris. Des vérifications d’usage vont être menées auprès de la Police de l’air et des frontières. C’est tout ce que je peux vous en dire,» a-t-il conclu.

Pour rappel, le Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la communauté nationale à l’étranger, M. Sofiane Chaib, avait convoqué l’ambassadeur de France en Algérie, pour lui signifier la «ferme protestation» du gouvernement algérien suite aux traitements «provocateurs» réservés à des ressortissants algériens au niveau des aéroports de Paris, selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Le communiqué ajoute que «l’Algérie relève avec une profonde préoccupation les témoignages concordants d’un certain nombre de ressortissants algériens sur des traitements provocateurs, dégradants et discriminatoires auxquels ils sont soumis par la Police aux Frontières au niveau des aéroports de Roissy Charles-De-Gaulle et d’Orly.»

Pour le ministère des Affaires étrangères, ce n’est qu’après «la confirmation de la véracité de ces informations», que l’ambassadeur de France en Algérie a été convoqué, «pour lui signifier la ferme protestation du gouvernement algérien face à de tels agissements totalement inadmissibles.»

«Le Secrétaire d’Etat a demandé à l’ambassadeur d’informer son gouvernement de la nécessité de prendre toutes les mesures indispensables, afin qu’il soit mis fin, sans délai, à ces agissements et pratiques inacceptables qui déshonorent le gouvernement français.»

Précisons qu’au niveau des aéroports parisiens en particulier et de l’ensemble des points d’entrées de l’espace Schengen, deux catégories de guichets de la Police des frontières sont prévues. La première catégorie avec des guichets plus fluides, est réservée aux détendeurs de passeports français et des pays de l’espace Schengen. La seconde catégorie de guichets est réservée, sans distinction, aux autres passagers. Au niveau des aéroports parisiens, le manque d’effectifs contraint à une réduction des guichets. Et c’est surtout les passagers, non européens, des vols atterrissant après 21h qui en pâtissent le plus et se retrouvent face à un seul ou deux guichets ouverts.

Les temps d’attente maximum à la Police aux Frontières dans les aéroports français, ont été fixés, en 2017, par le Premier ministre français. Ils sont de 30 minutes pour les ressortissants européens et de 45 minutes pour les non européens.

Le dernier Baromètre disponible (ADP), du mois de novembre 2024, sur les temps d’attente aux contrôles frontières des aéroports parisiens révèle que :

– à Paris-Charles de Gaulle : sur près de 2,9 millions de passagers des vols internationaux, 85,2% ont attendu moins de 10 minutes, 12,6% entre 10 et 30 minutes, 1,3% entre 30 et 45 minutes, et 0,9 % (26 100 passagers) plus de 45 minutes.

– A Paris-Orly : sur près de 800 000 passagers des vols internationaux, 90,7% ont attendu moins de 10 minutes, 8,7% entre 10 et 30 minutes et 0,5 % entre 30 et 45 minutes.

Par Larbi Ghazala