Ancien joueur de l’EN de handball dans les années 1980 et 90, Sofiane Benkhelfellah a mis son expérience au service de la petite balle algérienne, sachant qu’il occupe le poste de dirigeant au club du HC El Biar, alors qu’il avait drivé la section féminine de ce club. Dans cet entretien accordé au Jour d’Algérie, il nous livre ses impressions sur la régression du handball et ses espoirs en la dernière décision prise par les autorités publiques
pour accompagner cette discipline qui a fait le bonheur du public algérien des années durant.
Entretien réalisé par Mahfoud M.
Le Jour d’Algérie : Que pensez-vous des résultats de l’EN de handball au Mondial de la discipline, surtout après cette 30e place au classement général ?
S. Benkhelefellah : Il faut savoir que ces résultats ne sont pas une surprise, ils étaient prévisibles. Cela est dû principalement à la politique sportive adoptée, qui ne donnait aucune considération aux différentes disciplines sportives et au handball particulièrement. Cela fait vingt ans qu’on tourne en rond et que rien n’est fait pour le bien de ce sport. Comment voulez-vous, par exemple, que cette discipline se développe, alors que 44 anciens internationaux ayant tous joué les Jeux olympiques sont exclus de l’AG de la
FAHB ? On marginalise toutes les compétences et cela mène au règne des médiocres qui piétinent ensuite les lois. En plus de cela, on ne met pas les moyens qu’il faut pour aider au développement de la discipline.
Vous ne répondez pas à la question qui a trait surtout aux résultats techniques de la sélection et aux facteurs qui ont conduit à cette dégringolade ?
Cela coule de source. Quand on ne se soucie pas de la discipline, on ne met pas les moyens qu’il faut. L’EN n’a pas bénéficié de stages de préparation pour ce rendez-vous important qui n’a pas été pris au sérieux. De plus, de nombreux joueurs ont eu un problème de visa et n’ont pas pu rejoindre la sélection à temps pour préparer le dernier virage de la préparation avant le Mondial. Des joueurs de la sélection étaient loin de leur niveau, on a même eu des éléments qui étaient sans club, comme le cas de Berkous, et cela a été fatal pour eux et pour l’équipe.
Quelle lecture faites-vous du mandat de la présidente de la FAHB, Karima Taleb ?
Je ne suis pas du genre à tirer sur l’ambulance, mais je dirais qu’elle a échoué sur toute la ligne, malheureusement pour elle et pour le handball. Beaucoup n’ont pas compris le fait d’ailleurs qu’elle soit élue à la tête de cette fédération, alors que la veille de l’AG élective elle n’était pas éligible, vu qu’elle était sanctionnée par la tutelle. Son mandat a été entaché de nombreux problèmes puisqu’en plus des résultats décevants de la sélection nationale, elle s’est engouffrée dans de nombreux conflits avec les clubs et les personnes. Ainsi, il y a eu de nombreux bras de fer avec les équipes d’El Biar, Rouiba, Ras El Oued et Ouargla. Cette présidente ne connaissait rien aux lois et avançait tête baissée. C’est pour cela, par exemple, qu’elle a perdu un des ses bras de fer lorsqu’un club a saisi une instance internationale.
Que pensez-vous de cette décision des pouvoirs publics de prendre les choses en main, remettre le handball sur les rails en appelant d’abord à l’organisation dans les délais impartis d’une AG élective pour élire un nouveau président ?
C’est une bonne chose, d’autant plus qu’il faut relancer maintenant la discipline sur de bonnes bases. Je suis pour que le ministère des Sports accompagne le changement, mais sans s’immiscer bien sûr, puisqu’il faudra laisser le choix à la famille du handball pour élire le prochain président de la FAHB qui convient le plus à cette situation. Il faudra aussi que la tutelle et les pouvoirs publics mettent les moyens pour aider la fédération car celle-ci compte une dette de 28 milliards qu’il faudra apurer. Il est impossible qu’une fédération fonctionne avec une subvention de 50 millions de DA et il faudra consacrer au moins 40, voire 50 milliards pour le développement de la discipline et le financement des différentes sélections nationales et des clubs. Ce qu’il s’est passé, c’est que la tutelle bloquait la subvention et n’accordait aucune aide en voyant qu’il y avait des irrégularités, mais cela n’aidera en rien. Personnellement, je préfère qu’il y ait signature d’un contrat-programme avec la fédération qui bénéficiera d’aide si les objectifs tracés avec le ministère sont atteints.
M. M.