La guerre au Liban au miroir de la guerre à Ghaza
La guerre au Liban au miroir de la guerre à Ghaza Par Mohamed Habili Les Etats-Unis œuvrent pendant des mois, en association avec le Qatar et l’Egypte, à la mise en forme d’un accord entre le Hamas et Israël qui mettrait fin à la guerre que ceux-ci se font depuis maintenant tout près d’une année, […]
La guerre au Liban au miroir de la guerre à Ghaza
Par Mohamed Habili
Les Etats-Unis œuvrent pendant des mois, en association avec le Qatar et l’Egypte, à la mise en forme d’un accord entre le Hamas et Israël qui mettrait fin à la guerre que ceux-ci se font depuis maintenant tout près d’une année, mais sans y parvenir, sans même l’espoir qu’ils y parviennent dans un délai raisonnable. Les voilà maintenant au début seulement de ce qui se donne pour un nouveau conflit au Liban, en même temps qu’une reproduction du premier tant dans sa genèse que dans les formes qu’il prend, qui se disent ne pas épargner leurs efforts pour la faire cesser avant qu’elle s’exacerbe tout à fait et ne devienne de ce fait incontrôlable. Il serait intéressant de faire le parallèle entre les déclarations et les pseudo-analyses qu’ils faisaient les premiers temps s’agissant de la guerre à Ghaza et ce qu’ils disent maintenant de celle qui commence entre le Hezbollah et Israël. On serait frappé de leurs similitudes. La réalité, c’est qu’il y a une telle ressemblance entre les deux guerres dans la manière dont elles se développent comme dans les objectifs de leurs protagonistes qu’on ne veut pas croire que l’état de ruine dans lequel se trouve aujourd’hui Ghaza est une préfiguration de ce que seront demain à tout le moins les bastions du Hezbollah au Liban.
S’il y a une différence, et sans doute n’est-elle pas négligeable, c’est dans le fait que Ghaza est petite et encerclée de toutes parts, mais pas le Liban. Bien entendu, dans le cas où le conflit se poursuivait, d’autres dissemblances pourraient se faire jour qui feraient diverger complètement les deux situations. A Ghaza, la résistance, bien que composée de plusieurs groupes allant des islamistes aux communistes, est unie. Au Liban, le Hezbollah n’a pas que des amis, en fait il a beaucoup d’ennemis, qui voient en lui leur ennemi principal. Tout ce qui dans ce pays est opposé à l’Iran est ennemi du Hezbollah. Si la guerre se prolonge, et que le Liban s’en trouve dévasté, on ne peut exclure que certains d’entre eux y entrent mais aux côtés d’Israël. Un risque de cette nature est impossible à Ghaza. La conséquence en est que si le temps est allié de la résistance palestinienne, toujours encore active après une année de guerre, il ne l’est pas nécessairement pour le Hezbollah. Heureusement pour lui, il ne travaille pas non plus pour Israël, exposé non pas à la défaite militaire mais à l’implosion pour des raisons politiques. Tant que ses habitants croient qu’il est dans la région militairement invincible, ils s’y implantent davantage, tout en colonisant ce qui reste de terres aux Palestiniens. Mais rien ne dit encore que ces mêmes habitants préfèreront le défendre jusqu’à la mort si cette supériorité militaire ne lui garantit pas la victoire, ou pire encore, si à l’avenir elle est rattrapée par les pays voisins. Dans la nouvelle phase de sa guerre avec le Hezbollah, Israël n’a pas pour objectif d’éliminer le Hamas, mais de le contraindre à accepter le retour des colons israéliens du nord. Dans la guerre qui se poursuit à Ghaza, son but est clairement l’élimination de l’ennemi, non pas seulement la libération des otages ou le retour des colons du sud. Le Hezbollah n’en est pas moins lui aussi menacé de disparition. S’il est laminé au point de ne plus pouvoir rien faire pour empêcher le retour des colons, il s’en trouvera comme livré en pâture à ses ennemis intérieurs qui attendent d’Israël qu’il l’affaiblisse suffisamment pour qu’eux-mêmes puissent l’achever.
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