La Syrie en grand danger d’éclatement

Les autorités syriennes ont arrêté le 3 mai Talal Naji le leader du Front Populaire de la Libération de la Palestine-Commandement général, l’ont retenu pendant plusieurs heures, mais aux dernières nouvelles elles l’auraient libéré, à en croire du moins une unique source palestinienne. Quelques jours auparavant, c’était un autre dirigeant palestinien, membre du Djihad islamique, […]

Mai 4, 2025 - 20:33
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La Syrie  en grand danger d’éclatement

Les autorités syriennes ont arrêté le 3 mai Talal Naji le leader du Front Populaire de la Libération de la Palestine-Commandement général, l’ont retenu pendant plusieurs heures, mais aux dernières nouvelles elles l’auraient libéré, à en croire du moins une unique source palestinienne. Quelques jours auparavant, c’était un autre dirigeant palestinien, membre du Djihad islamique, qui avait connu la même mésaventure, se terminant elle aussi par une libération. Le FPLP comme le Djihad islamique appartiennent à la résistance en guerre à Ghaza depuis le 23 octobre 2023 contre Israël. Le nouveau pouvoir à Damas a déjà fait savoir qu’il ne permettrait aucune action contre Israël depuis la Syrie. Or il n’y en a eu aucune au moins depuis la chute du régime de Bachar El Assad en décembre de l’année dernière. Pourquoi donc ces arrestations, et maintenant ? Les deux groupes palestiniens sont présents en Syrie en raison, il est vrai, de leur proximité avec l’ancien régime syrien, qu’ils avaient soutenu contre la rébellion, à la différence du Hamas, qui lui avait préféré prendre ses distances.

Il semble bien que ces arrestations aient été destinées avant tout à complaire à Israël, qui a multiplié ses agressions contre la Syrie ces derniers jours, prétendument pour prévenir des actions contre lui depuis le sol syrien, mais également en défense de la minorité druze, en réalité parce qu’il a un projet politique pour la Syrie : son éclatement en plusieurs entités politiques sur des bases communautaires. Sa pression est à présent telle qu’il n’a pas été exclu que les arrestations dont il s’agit ne soient pas simples garanties données à Israël pour qu’il cesse ses attaques, mais que les personnes arrêtées lui soient livrées. Damas déjà ne contrôle qu’une part réduite du territoire syrien. Un grand nombre de sanctions économiques continuent de peser sur lui. Israël ne se gêne plus pour intervenir directement dans les affrontements communautaires qui viennent éclater en Syrie. C’est ce qu’il a fait en tout cas dernièrement en appui aux Druzes en lutte, il est vrai non pas contre des forces relevant directement de Damas, mais contre des groupes sunnites qualifiés par ce dernier d’incontrôlables. Notons que ce distinguo est lettre morte pour Israël, dont il faut désormais s’attendre à ce qu’il intervienne partout où des violences éclatent en Syrie. Israël s’en prend souvent au Liban, dont il occupe des terres. N’empêche, la situation du Liban est bien meilleure à celle de la Syrie, relativement à la menace israélienne. Pour une raison bien simple : l’unité politique du Liban n’est pas en danger, malgré les armes du Hezbollah, à la différence de celle de la Syrie qui est susceptible de voler en éclats à tout moment. Si le nouveau pouvoir syrien réussit malgré toutes les difficultés actuelles à se stabiliser, il ne contrôlera vraisemblablement pas plus de territoire qu’il n’en contrôle aujourd’hui. Ni les Kurdes, ni les Druzes, ni les Alaouites ne semblent très désireux d’être gouvernés par d’anciens terroristes, dont à ce titre ils se garderont toujours. Le nouveau pouvoir syrien n’est dans le fond vraiment soutenu que par les monarchies du Golfe, au premier chef par l’Arabe saoudite et le Qatar. Les autres pays arabes se sont contentés de passer avec lui une sorte de pacte de non-agression, incertains quant à son sort. Ils ne feront rien contre lui, mais non plus, ils ne feront rien pour lui.