Pourquoi Stora ? 

Le professeur Hosni Kitouni a poussé un énorme coup de gueule contre les concepteurs du sujet du baccalauréat dans l’épreuve de langue française. Et il a raison de le faire tant le choix du texte et de l’auteur prenne l’allure d’un scandale. Pourquoi, en effet, choisir l’historien français Benjamin Stora alors que notre pays dispose de grands écrivains dans cette langue à l’instar de Dib, Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Moussa Haddad, Nabil Fares, ou encore Feraoun et plus récent encore, Yasmina Khadra ? Et si on voulait choisir un historien de la guerre de libération, là aussi les Mohamed Harbi, Mohamed El Korso, Mahfoud Keddache voire Hosni Kitouni lui-même semblent les mieux placés ! Il est difficile d’expliquer ce tropisme français chez certains de nos compatriotes sinon par la persistance d’un complexe du colonisé qui cherche à appréhender ses réalités sous le prisme- pourtant souvent déformant- de l’ancien colonisateur. Benjamin Stora est sans doute l’historien le plus proche de l’Algérie dont il est originaire, et sûrement le moins marqué par l’idéologie des “notalgériques”. Mais servir ses “histoires” et son récit sur la propriété privée de la terre en Algérie c’est un peu fort de café… Son texte tiré de l’un de ses livres et servi aux candidats au BAC, prétend ainsi, faussement, que la propriété privée avant la colonisation française n’existait pas en Algérie. C’est là une contre-vérité historique. Aussi, il se trouve que cette question de la propriété est largement documentée par des historiens algériens comme le souligne à juste titre, le professeur Hosni Kitouni. Et au delà de ce narratif à l’accent néocolonialiste, il y a lieu de pointer le manque de vigilance des auteurs de ce sujet alors même que les relations entre l’Algérie et la France sont pour le moins que l’on puisse dire, exécrables. Il aurait été plus sain et plus intelligent de ne pas donner du grain à moudre à Retailleau et consorts en proposant à nos futurs bacheliers un texte écrit par un auteur algérien et qui reprend fidèlement les éléments de notre roman national. Plutôt que de recycler des clichés insupportables de l’ancienne puissance coloniale réduisant notre pays, au mieux à des douars épars, au pire à des populations analphabètes, loin de la civilisation. L’Education nationale c’est du sérieux.

Par Imane B.

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