L’architecte paysagiste était l’invité de la galerie d’art Hala: Kamel Louafi, le maître des
En marge du Salon international du livre d’Alger, Kamel Louafia a animé une conférence à la galerie d’art Hala, située à la Colonne Voirol. Originaire de Batna, le célèbre architecte paysagiste a présenté des livres ainsi qu’un film consacré à ses œuvres. Une rétrospectives intitulée «Le voyage des arabesques». Par Tarik H. Diplômé en topographie […]
En marge du Salon international du livre d’Alger, Kamel Louafia a animé une conférence à la galerie d’art Hala, située à la Colonne Voirol. Originaire de Batna, le célèbre architecte paysagiste a présenté des livres ainsi qu’un film consacré à ses œuvres. Une rétrospectives intitulée «Le voyage des arabesques».
Par Tarik H.
Diplômé en topographie au début des années 1970, Kamel Louafi a eu un parcours atypique. Il décide de partir en Allemagne en 1980 pour étudier la planification du paysage à l’Université technique de Berlin Ouest, puis travaille en qualité d’architecte indépendant au sein du Bureau MKW-Paysagistes en qualité de chef de projet.
En 1994, il crée son agence avec laquelle il connaît la consécration lorsqu’il est sélectionné, lors d’un concours international, pour la réalisation des jardins et des parcs de l’Exposition universelle 2000 de Hanovre. Depuis, il a signé de nombreux jardins en Europe et au Moyen-Orient. Ses créations sont souvent rythmées par les lignes sinueuses des arabesques.
«J’ai découvert notre histoire mauresque non pas en Algérie mais lorsque j’ai étudié à Berlin. J’ai été influencé par l’architecture de l’Alhambra en Andalousie», explique-t-il. A ce titre, sa célèbre exposition itinérante «L’Orient rencontre l’Occident – si proche et si lointain» a été acquise par les autorités espagnoles. «En Espagne, ils étaient impressionnés par l’interprétation de l’architecture et des jardins mauresques. Cette exposition a été présentée à Alger, Batna, Oran, Tunis, Berlin et Stuttgart. Elle relate un temps où les musulmans, les chrétiens et les juifs vivaient et travaillaient ensemble. Malheureusement, avec le génocide qui se passe actuellement cette exposition marque une pause en attendant que le monde change».
Kamel Louafi est également revenu sur les péripéties auxquelles il a fait face lors de la réalisation du jardin islamique oriental de Berlin.
Il a expliqué pourquoi un courant politique allemand a tenté d’effacer le nom de ce jardin en usant de subterfuges juridiques. Finalement, c’est en constatant l’ouverture d’un jardin chrétien puis d’un autre juif que l’architecte a décidé d’imposer la dénomination de son œuvre. Louafi reconnaît que ce jardin est une de ses plus belles œuvres puisqu’il a été jusqu’à étudier le timbre du son de la grande fontaine. «Lorsque le gouvernement allemand a décidé que les jardins ne doivent plus faire référence aux religions, en tant que musulman libéral j’ai accepté cette mesure. A ce moment-là, je devais inscrire des versets coraniques sur les quatre fleuves. J’ai donc demandé conseil à un parent, Ali Serraoui en l’occurrence, qui m’a recommandé les poèmes d’Ahmed Chaouki et d’Abou Tammam. Ce sont donc les œuvres de ces deux grands poètes en calligraphie arabe qui ornent les murs de ce jardin». Louafi a évoqué avec une pointe de tristesse son rapport avec l’Algérie, à travers des dizaines de projets sur lesquels il a travaillé et qui n’ont pas abouti. En fait, il n’a réussi à réaliser qu’une seule œuvre dans son pays : le grand aquaparc des Jardins des Zibans dans la ville de Biskra. Louafi est-il prêt à réaliser une œuvre en cas de commande de la part des autorités ? «Les projets existent, mes partenaires en Algérie ont la capacité de les mettre en œuvre», répond-il en insistant sur sa décision de mettre un terme à sa carrière pour se consacrer exclusivement à sa famille.
T. H.
Quelle est votre réaction ?