L’art de la politique

Par A. Boumezrag – L’utilisation de l’étendard européen par le RN est astucieuse. Elle lui permet de se positionner comme un défenseur de l’identité nationale, exploitant les peurs liées à l’immigration. L’article L’art de la politique est apparu en premier sur Algérie Patriotique.

Juil 5, 2024 - 20:25
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L’art de la politique

Par A. Boumezrag – L’ascension de l’extrême droite en France, symbolisée par le Rassemblement National (RN) de Marine Le Pen et la montée en puissance de Jordan Bardella, représente une transformation significative dans le paysage politique français. Ce changement, que l’on pourrait comparer à une performance artistique, est bien plus qu’une simple évolution partisane. Il reflète une stratégie savamment orchestrée pour trouver des problèmes, proposer des solutions souvent partielles et, parfois, chercher l’erreur ou l’adversaire à blâmer.

La mutation du Front national (FN) en Rassemblement national a été un processus minutieux visant à redéfinir l’image et l’acceptabilité du parti. Sous la direction de Marine Le Pen, le RN a cherché à se débarrasser des stigmates de radicalité associés à l’époque de Jean-Marie Le Pen. Ce rebranding s’accompagne d’une approche plus mainstream, mais toujours imprégnée de nationalisme et d’euroscepticisme.

Jordan Bardella, jeune et charismatique, incarne la nouvelle garde du RN. En tant que visage de la jeunesse au sein du parti, il symbolise une tentative de modernisation et de séduction de nouveaux électeurs, notamment parmi les jeunes et les classes populaires. Bardella utilise un discours moderne et des thèmes actuels pour attirer une nouvelle génération de nationalistes européens, tout en restant fidèle aux fondements idéologiques du RN.

L’utilisation de l’étendard européen par le RN est particulièrement astucieuse. Plutôt que de se conformer à une vision pro-européenne, le parti utilise ce symbole pour revendiquer une souveraineté nationale face aux institutions supranationales de l’Union européenne. Cette stratégie permet au RN de se positionner comme un défenseur de l’identité nationale et de la sécurité, exploitant les peurs et les incertitudes liées à l’immigration, la mondialisation et l’intégration européenne.

La normalisation du RN sous Marine Le Pen et Jordan Bardella vise à ancrer le parti dans le système politique français comme une force politique durable. En élargissant sa base électorale et en adoptant des positions plus acceptables socialement, le RN espère conquérir des parts de marché politique jusque-là inaccessibles. Cependant, cette quête de respectabilité et d’institutionnalisation n’est pas sans défis. Le parti doit naviguer entre la fidélité à ses racines nationalistes et la nécessité d’attirer un électorat plus large et diversifié.

L’ascension du RN continue de polariser la société française. Les débats sur le populisme, l’extrémisme et la démocratie sont ravivés, alimentant les tensions entre différentes factions politiques et sociales. Les critiques abondent de la part des opposants politiques et des organisations de la société civile, qui mettent en garde contre les dangers d’une telle montée en puissance de l’extrême droite.

Sur la scène internationale, l’évolution du RN pourrait avoir des répercussions significatives. Les positions eurosceptiques et nationalistes du parti pourraient influencer les politiques européennes et les alliances stratégiques à l’échelle mondiale. L’approche du RN vis-à-vis de l’Union européenne et des questions de souveraineté nationale pourrait remodeler les relations de la France avec ses partenaires européens et au-delà.

En fin de compte, l’évolution du Rassemblement national sous Marine Le Pen, avec la montée de Jordan Bardella, illustre l’art de la politique tel que décrit par Paul Valéry : trouver les problèmes, proposer des solutions souvent partielles, et chercher l’erreur ou l’adversaire à blâmer. Ce processus, empreint de stratégie et de calcul, continue de façonner le paysage politique français, posant des questions cruciales sur l’avenir de la démocratie et de la stabilité nationale.

En politique, trouver les problèmes, c’est comme planter des graines dans un champ fertile. Proposer des solutions, c’est arroser ces graines avec des promesses. Chercher l’erreur, c’est récolter les fruits de la discorde, laissant les racines de l’incertitude se propager.

Cette métaphore illustre bien le processus de manipulation et de gestion des problèmes en politique, tout en mettant en lumière les conséquences souvent néfastes de telles stratégies.

A. B.

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