Le plan de déportation des Palestiniens adopté par le gouvernement Netanyahou

Le gouvernement israélien vient d’adopter un plan de dépeuplement de Ghaza, que bien entendu il prend soin de présenter comme un départ volontaire des concernés, en même temps que ses forces rentrent dans Rafah, elles qui déjà sont présentes à peu près partout à l’intérieur de Ghaza. Ce que jusque-là il a nié faire partie […]

Mars 23, 2025 - 21:31
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Le plan de déportation des Palestiniens adopté par le gouvernement Netanyahou

Le gouvernement israélien vient d’adopter un plan de dépeuplement de Ghaza, que bien entendu il prend soin de présenter comme un départ volontaire des concernés, en même temps que ses forces rentrent dans Rafah, elles qui déjà sont présentes à peu près partout à l’intérieur de Ghaza. Ce que jusque-là il a nié faire partie de ses intentions, dès lors qu’il pense avoir écrasé la résistance palestinienne, responsable de la pire débâcle de son histoire, il ne craint plus de s’en réclamer ouvertement, comme d’un programme ne dérogeant en rien au droit international. Auparavant, il avait pris l’initiative de rompre l’accord de cessez-le-feu, grâce auquel nombre d’otages israéliens avaient pu retrouver la liberté, et maintenant il relance la guerre dans ce qu’elle a de plus ravageur pour la population palestinienne. Une occasion en or se présente à lui d’en finir non seulement avec la cause palestinienne, mais également avec la solution des deux Etats, que selon toute vraisemblance il n’a nulle envie de laisser passer.

Pas de Palestiniens nulle part en Palestine, pas de partage du pays par conséquent. Prêter à ce gouvernement un tout autre projet que celui-là, alors que désormais il le revendique, c’est le soutenir, lui donner raison, se montrer complice d’un génocide. Israël réoccupe Ghaza non pas pour libérer ce qu’il reste d’otages, mais pour lancer son plan de déportation. Or qui dit déportation des Palestiniens de Ghaza dit déportation de tous les Palestiniens, y compris donc ceux de Cisjordanie, dont du reste il est en train de détruire l’habitat. Il déploie une même politique de nettoyage ethnique à Ghaza et en Cisjordanie. Il dispose à cet effet du soutien actif de l’administration américaine, de la résignation des pays de la région, de la compréhension de l’Occident, et de l’impuissance du reste du monde. C’est dans cette optique que les Etats-Unis renforcent leur présence militaire dans la région, non pas pour faire la guerre aux Houthis, comme ils cherchent à le faire accroire. La déportation est la solution finale israélienne et américaine à la question palestinienne. On voit Israël s’atteler à sa mise en œuvre. La libération des otages n’en est que le prétexte. On peut en dire autant de son projet d’éradication de toute résistance palestinienne, à Ghaza comme ailleurs. Depuis le 7 octobre, Israël se divise entre ceux qui sont pour entamer le nettoyage ethnique sans plus attendre, une chance historique se présentant pour cela, qui à leurs yeux pourrait ne pas se renouveler, et ceux qui tout en étant eux aussi pour un nettoyage estiment toutefois que le plus urgent aujourd’hui réside dans la libération de ce qu’il reste d’otages. Les uns veulent sacrifier les otages, et les autres les sauver. Les Etats-Unis seraient plutôt pour le sauvetage en premier lieu. Cependant ils n’iraient pas pour l’imposer jusqu’à prendre ouvertement position en faveur de ceux des Israéliens qui précisément se battent depuis des mois dans cette perspective. Pour les Palestiniens, mais aussi pour ceux qui à travers le monde adoptent leur point de vue, ce clivage traversant Israël pourrait sembler insignifiant par rapport à l’entente de fait qu’il recouvre, même s’ils reconnaissent volontiers que tous les Israéliens ne sont pas pour la déportation des Palestiniens.

Par Mohamed Habili