Le soutien critique de Witkoff à Netanyahou

  Les tirs de missiles et de roquettes sur Israël ont repris à la fois depuis Ghaza et depuis le Yémen, et au cours de ces toutes dernières heures, à partir du Liban également, en réaction à la violation par Israël de l’accord de cessez-le-feu conclu avec le Hamas, ainsi qu’aux opérations terrestres qui recommencent, […]

Mars 22, 2025 - 19:51
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Le soutien critique de Witkoff à Netanyahou

 

Les tirs de missiles et de roquettes sur Israël ont repris à la fois depuis Ghaza et depuis le Yémen, et au cours de ces toutes dernières heures, à partir du Liban également, en réaction à la violation par Israël de l’accord de cessez-le-feu conclu avec le Hamas, ainsi qu’aux opérations terrestres qui recommencent, dont tout indique d’ailleurs qu’elles s’étendront bientôt à l’ensemble de la bande de Ghaza. Ainsi en effet en a décidé le gouvernement Netanyahou, en dépit de l’opposition d’une frange peut-être majoritaire de son opinion, pour laquelle la priorité est la libération de ce qu’il reste d’otages retenus dans Ghaza. Un but qui d’après elle ne peut s’obtenir que par la négociation, et donc par le retour à l’accord passé avec le Hamas grâce à la médiation qatarie, égyptienne et américaine, mais dont Israël s’est retiré dès la fin de sa première phase, la deuxième étant celle de la fin de la guerre. Dans son interview toute récente avec Tucker Carlson, Steve Witkoff, l’envoyé spécial pour le Moyen-Orient, a émis une critique implicite du choix fait par le gouvernement israélien en disant qu’il n’était pas celui de la majorité des Israéliens, laissant par là même entendre qu’il n’était pas celui que lui-même aurait fait. Israël est depuis le début de la guerre contre Ghaza coupé en deux.
Il y a d’un côté ceux qui pensent comme les familles des otages, à savoir qui rien ne devrait être considéré comme plus important que la libération de ces derniers, et de l’autre ceux pour qui il faut éradiquer les causes ayant rendu possible le 7 octobre. Les deux groupes ne sont pas en désaccord sur les objectifs, mais seulement sur leur classement sous l’angle de la priorité. Mais cette différence pour secondaire qu’elle puisse paraître pour qui n’appartient ni à l’un ni à l’autre est en fait névralgique pour un Israélien. Les Israéliens pour qui la priorité est dans la libération des otages ne pardonneront pas aux autres si le retour à la guerre tous azimuts a pour conséquence la mort des otages. On peut voir dans Witkoff, et donc dans l’administration américaine, des membres du premier groupe, de celui pour lequel la libération des otages est ce qui pour l’heure compte par-dessus. Il n’y aurait eu aucune division parmi les Israéliens s’il n’y avait pas eu d’Israéliens détenus à Ghaza, du moins comme celle qu’on voit se manifester depuis bientôt 17 mois. Les Israéliens sont d’accord pour rendre impossible un deuxième 7 octobre ; ils ne sont pas d’accord sur ce qu’il importe de faire d’abord : libérer les otages ou éliminer à jamais la résistance palestinienne. Dans la même interview avec Carlson, Witkoff n’exclut pas une reprise de la négociation, faisant mine de croire que le gouvernement israélien ne l’a pas rompue définitivement en recourant à nouveau à la pression militaire, car ce moyen n’aurait d’autre finalité que de pousser le Hamas à de nouvelles concessions. De deux choses l’une, ou bien il ment délibérément, ou bien il ne mesure pas réellement la profondeur du clivage israélien. Si le gouvernement israélien pouvait à la fois éliminer la résistance palestinienne et libérer les otages, tous l’applaudiraient, ses amis comme ses adversaires. Or il ne peut les deux à la fois. De là le choix fait par lui de se concentrer sur ce qu’il peut, et sur cela seul : détruire le Hamas, serait-ce au prix de la mort des otages et d’un carnage des Palestiniens en comparaison duquel celui déjà commis paraîtrait rien.

Par Mohamed Habili