Les non-dits dans l’appel téléphonique de Macron à son homologue Tebboune

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Mars 31, 2025 - 23:58
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Les non-dits dans l’appel téléphonique de Macron à son homologue Tebboune

Par Karim B. – Emmanuel Macron répond à la «riposte graduée» de Bruno Retailleau par une «réconciliation graduée». Récapitulons. Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, annonce que le président français a dépêché secrètement des émissaires à Alger et que la fête religieuse de l’Aïd pourrait être une occasion propice à une grâce présidentielle en faveur de Boualem Sansal. Quarante-huit heures plus tard, le porte-parole du Quai d’Orsay, Christophe Lemoine, fait savoir qu’un déplacement du ministre des Affaires étrangères à Alger n’était pas exclu, mais ne manque pas de préciser que Jean-Noël Barrot défendra les intérêts bien compris de la France et des Français .

Le lendemain, le président français appelle son homologue algérien au téléphone pour lui demander de faire preuve de mansuétude à l’égard de l’«écrivain franco-algérien», dans le sillage du renouement du dialogue entre les deux pays, selon ce que nous apprend un communiqué de la présidence de la République, relayé par l’agence officielle APS. L’échange téléphonique a été inscrit dans le cadre des vœux reçus par le président Tebboune à l’occasion de la fin du mois de Ramadhan, mais il revêt un caractère particulier, au regard de la crise profonde qui a laissé plus d’un penser que les deux pays étaient à deux doigts d’une rupture totale.

Les communiqués des présidences française et algérienne mettent l’accent sur plusieurs points essentiels : la coopération sécuritaire, la coopération judiciaire, la réinitialisation «immédiate» de la coopération migratoire, le dialogue d’égal à égal entre deux acteurs africain et européen de premier plan et l’attachement des deux pays à la légalité internationale, outre des axes liés à la mémoire et aux relations économiques, entre autres.

Que faut-il déduire de ces éléments discutés par les deux présidents, qui sont convenus de se rencontrer «prochainement» ? Sur le plan de la coopération sécuritaire, la demande de Macron intervient après l’alerte lancée par la patronne de la DGSI, qui a relevé que les services de sécurité algériens avaient interrompu toute relation avec leurs homologues français et que cette situation posait un sérieux problème à la France, en proie à des menaces terroristes. Le courant a été rétabli immédiatement, à la lumière d’un accord instantané conclu entre les deux interlocuteurs.

La coopération judiciaire fait partie des points d’achoppement qui ont précédé l’éclatement de la crise entre les deux pays. La France répondra-t-elle positivement aux demandes de la justice algérienne qui réclame des éléments de Rachad et du MAK, l’ancien ministre de l’Industrie Abdeslam Bouchouareb, condamné à la prison par contumace pour corruption, ainsi que des cyber-activistes dont l’activisme subversif est considéré comme portant atteinte à la sécurité du pays ?

La «réinitialisation» de la coopération migratoire signifie la reprise par les consulats d’Algérie de leur coopération jusque-là suspendue. L’Algérie va-t-elle, dans le cadre de cet engagement pris par le président Tebboune, augmenter substantiellement le nombre de laissez-passer pour permettre au ministre de l’Intérieur d’expulser la soixantaine d’Algériens dont le nom figue sur la liste rejetée par le ministère des Affaires étrangères, dans un communiqué au vitriol ?

Que signifie, par ailleurs, la formule utilisée par l’Elysée, selon laquelle les deux pays sont attachés à la légalité internationale ? La France va-t-elle faire machine arrière dans le dossier sahraoui et annoncer qu’elle se conforme désormais aux résolutions de l’ONU et ne reconnaît plus unilatéralement la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental ?

Autant de questions auxquelles répondront sans doute Ahmed Attaf et Jean-Noël Barrot ce 6 avril, à l’occasion de sa visite à Alger, ou de celle, après lui, du garde des Sceaux, Gérald Darmanin, ou lors de la rencontre prévue entre les chefs d’Etat algérien et français. Là aussi, la question se pose de savoir si ce sera Abdelmadjid Tebboune qui finira par «aller à Canossa» ou Emmanuel Macron qui se rendra pour la troisième fois à Alger.

K. B.

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