Mettre fin à une guerre dont on pense qu’elle se termine
Si on se demande dès à présent ce que ferait Donald Trump en matière de politique extérieure s’il était élu, et qu’on prenne pour hypothèse que rien ne change vraiment d’ici à ce qu’il entre en fonction, ce qui en tout état de cause ne pourra se produire qu’en janvier 2025, il semble qu’on puisse […]
Si on se demande dès à présent ce que ferait Donald Trump en matière de politique extérieure s’il était élu, et qu’on prenne pour hypothèse que rien ne change vraiment d’ici à ce qu’il entre en fonction, ce qui en tout état de cause ne pourra se produire qu’en janvier 2025, il semble qu’on puisse être certain qu’il s’attellera dès ce moment à arrêter la guerre en Ukraine, ainsi qu’il s’était engagé, et cela à plusieurs reprises. J’y mettrais fin en 24 heures, a-t-il dit et répété avec beaucoup d’assurance, mais sans jamais spécifier comment il comptait s’y prendre, encore qu’on devine qu’il commencerait vraisemblablement par réduire drastiquement sinon, par interrompre complètement, l’aide de son pays à l’Ukraine, de loin la plus conséquente de celle que celle-ci reçoit depuis le début de la guerre. Pour autant, cela ne serait pas arrêter la guerre, mais seulement priver l’Ukraine, l’allié de l’Otan, et donc en principe également celui des Etats-Unis, de ressources de toutes sortes et de soutien militaire pour elle indispensables, non pas la forcer à négocier la paix avec la Russie.
A supposer que c’est bien cela que ferait la nouvelle administration américaine, rien ne dit qu’elle sera suivie dans cette voie par les autres membres de l’Otan, qui aident chacun selon ses moyens l’Ukraine. A priori, c’est même tout le contraire qui se produirait, en ce sens que ces pays réagiraient à la nouvelle politique américaine en voulant accroître leurs livraisons à l’Ukraine, cherchant par ce biais à suppléer à celles que les Américains auront interrompues ou fortement diminuées. Ce scénario ne sera pas seulement la fin de l’aide américaine à l’Ukraine, mais la fin annoncée de l’Otan. On voit mal comment elle pourra survivre à un désaccord de cette nature, de cette acuité. Seulement d’ici à ce que Trump se mette en devoir de mettre fin à cette guerre, elle aura elle-même beaucoup évolué, si bien qu’elle se présentera tout autrement qu’aujourd’hui. Elle peut même avoir fini, ou tout près de finir, un camp ayant pris le dessus sur l’autre, lequel camp a priori est la Russie. Lors de leur premier débat de campagne, Trump a soutenu que cette guerre était en train d’être perdue par l’Ukraine, ce qui est une autre manière de dire qu’elle se terminait. Biden a objecté qu’au contraire elle était perdue depuis le début par la Russie, un propos habituel chez lui, mais qui depuis l’échec de la contre-offensive ukrainienne, il y a de cela plusieurs mois, et les avancées russes subséquentes, sonne comme un déni de réalité. Biden aurait été plus convaincant s’il avait répondu en disant qu’effectivement elle connaissait aujourd’hui des difficultés mais qu’à coup sûr elle serait relancée, pour ensuite se poursuivre jusqu’à la victoire de l’Ukraine. Au lieu de quoi, il a donné le sentiment d’un perdant qui s’entête dans son refus d’une défaite déjà évidente. Plus l’Ukraine aura perdu de terrain et de soldats d’ici l’intronisation de Trump, plus il sera facile à ce dernier d’y mettre fin à ce moment. En effet, dans ce cas, la victoire russe se sera alors à ce point affirmée que la guerre s’en trouvera nécessairement dans sa phase finale. Mais alors ce n’est pas lui Trump qui l’a arrêtée mais la victoire du plus fort sur le plus faible. M. H.
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