Mobilisation sans précédent contre le cancer

Sous le haut patronage du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, les Assises nationales de la prévention du cancer ont débuté ce samedi à Alger, rassemblant plus de 600 participants, dont des membres du gouvernement, des experts en santé, des chercheurs et des acteurs de la société civile, et ce en vue d’élaborer une nouvelle stratégie nationale pour la période 2025-2035.

L’ouverture des travaux a été marquée par l’intervention du Pr Adda Bounedjar, président de la commission nationale de prévention et de lutte contre le cancer, qui a souligné l’importance de ces assises pour la construction d’une « vision globale et intégrée », prenant en compte les leçons tirées du précédent Plan national. Il a détaillé les sept ateliers thématiques.

Le premier atelier, consacré à la prévention, mettra en lumière des facteurs de risque majeurs tels que le tabagisme, l’obésité, les régimes alimentaires déséquilibrés et les pratiques vaccinales. Le deuxième atelier se concentrera sur le « dépistage précoce », une pratique essentielle pour améliorer les taux de guérison et détecter les cancers à un stade plus précoce.

Le troisième, centré sur le diagnostic, abordera les défis liés à la situation des laboratoires, à la biochimie et à l’anatomopathologie. Le quatrième atelier se penchera sur le parcours du patient, afin d’améliorer l’accompagnement et la prise en charge tout au long de la maladie. Les autres ateliers porteront sur des sujets aussi variés que les « médicaments et appareils médicaux », le « financement et la gouvernance », et enfin « la formation et la recherche scientifique ».

L’objectif est de recueillir des recommandations pratiques pour l’élaboration d’une feuille de route nationale qui guidera les politiques publiques de lutte contre le cancer dans les années à venir.

Pour sa part, le ministre de la Santé, Abdelhak Saïhi, a évoqué le cancer comme un « véritable enjeu stratégique » pour le système de santé, ajoutant que depuis 2020, des efforts considérables ont été déployés avec l’ouverture de 21 centres spécialisés dans la lutte contre le cancer, renforcés par 133 unités de chimiothérapie. Chaque année, près de 180 milliards de dinars sont alloués à l’acquisition de traitements anticancéreux, tandis que 25 milliards de dinars sont consacrés aux médicaments innovants.

L’effort financier s’accompagne d’une augmentation du personnel médical, avec plus de 11 600 professionnels de santé engagés dans la prise en charge des patients. De plus, d’ici au début 2026, 29 nouveaux services spécialisés devraient voir le jour, portant à 62 le nombre total de centres de lutte contre le cancer à travers le pays.

Mais au-delà du traitement, M. Saïhi a mis en avant les facteurs de risque environnementaux et comportementaux. Il a insisté sur l’importance d’une approche intersectorielle pour prévenir la maladie, impliquant l’agriculture, l’éducation, l’environnement et le commerce. « Il ne s’agit pas seulement de soigner, mais aussi de prévenir. C’est un travail collectif qui interpelle tous les secteurs », a-t-il souligné.

Solidarité sociale et accès aux soins

Le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale a, de son côté, affirmé son engagement dans cette lutte nationale. Le ministre Fayçal Bentaleb a rappelé la décision prise par le Président Tebboune, en février 2024, d’étendre la couverture sociale aux patients atteints de cancer n’ayant pas de couverture sanitaire. Cette mesure exceptionnelle a permis à ce jour la prise en charge gratuite des médicaments pour 2 158 patients, pour un montant dépassant les 56 millions de dinars.

En outre, le ministre a annoncé qu’un décret exécutif serait prochainement élaboré pour encadrer les relations entre les organismes de sécurité sociale et les établissements privés de radiothérapie, afin d’assurer une meilleure prise en charge des enfants atteints de cancer.

Le ministre a également abordé la question du dépistage précoce des cancers les plus courants, notamment ceux du sein, du col de l’utérus et de la prostate, affirmant qu’« il est impératif de sensibiliser la population, d’éduquer et de détecter les premiers signes de la maladie, afin de réduire les taux de mortalité. En partenariat avec le secteur privé, des campagnes de dépistage sont régulièrement organisées pour toucher le plus grand nombre.

Il a aussi évoqué la dimension professionnelle de la prévention des cancers, notamment ceux liés à l’exposition à certains produits chimiques ou aux conditions de travail, tout en insistant sur la mission des corps de contrôle placés sous sa tutelle.

Dans un autre registre, le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Ouasssim Kouidri, a affirmé que son secteur s’engage à suivre l’évolution des technologies et à répondre aux besoins croissants des patients. « Le suivi rigoureux du parcours de soins, du diagnostic à la prise en charge thérapeutique, est au centre de nos préoccupations », a-t-il déclaré. Il a aussi insisté sur la nécessité d’une coordination étroite entre les différents intervenants du système de santé pour garantir une prise en charge optimale des patients.

M. Kouidri a évoqué les efforts déployés pour accélérer l’enregistrement des médicaments innovants, afin de permettre aux patients d’accéder rapidement aux traitements les plus récents. Le ministre a aussi relevé que son secteur est engagé dans une profonde transformation, afin de renforcer les capacités de production nationale, notamment dans le domaine de l’oncologie, des biotechnologies et des traitements personnalisés. Cette initiative fait partie d’une stratégie plus large de souveraineté sanitaire, visant à réduire la dépendance aux importations, tout en répondant aux normes internationales de qualité.

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