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Donald Trump souhaite lors de son second mandat approfondir les relations de coopération avec l’Arabie saoudite, le Qatar et les pays des Émirats arabes unis. Une coopération qui avait débuté lors de son premier mandat mais qui avait pris court lors de l’explosion de la crise sanitaire du Covid-19. La défaite du président Républicain en […]

Donald Trump souhaite lors de son second mandat approfondir les relations de coopération avec l’Arabie saoudite, le Qatar et les pays des Émirats arabes unis. Une coopération qui avait débuté lors de son premier mandat mais qui avait pris court lors de l’explosion de la crise sanitaire du Covid-19. La défaite du président Républicain en 2020 avait fini de refroidir les liens de Washington avec les pays arabes. Aujourd’hui, le président conservateur a repris ses relations avec les pays du Moyen-Orient. Et après avoir renommé le golfe du Mexique en » golfe d’Amérique « , Donald Trump envisage désormais de changer le nom du golfe Persique en » golfe d’Arabique » ou » golfe d’Arabie « . Il n’en fallait pas moins pour exaspérer les autorités iraniennes. L’annonce, bien que non officielle, a immédiatement provoqué la colère de Téhéran. Quelques heures plus tard, le président américain a tenté de temporiser, indiquant qu’il préciserait sa position au cours de son voyage dans la région. » Je vais devoir prendre une décision « , a-t-il déclaré depuis le Bureau ovale. » Je ne veux blesser personne. Je ne sais même pas si quelqu’un sera offensé ou non. » Si Donald Trump semble vouloir faire plaisir à ses hôtes arabes, qui font pression pour un changement de nom depuis des années, il s’est en tout cas attiré les foudres de la classe politique iranienne. Le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi en premier lieu a déploré sur X que » les tentatives politiques visant à modifier le nom historique du golfe Persique révèlent une hostilité manifeste envers l’Iran et son peuple et doivent être fermement condamnées « . Le modéré Mohammad Javad Zarif, ancien ministre des Affaires étrangères, a, pour sa part, affirmé que » l’usage d’un nom fictif pour le golfe Persique met en colère tout Iranien patriote, quelle que soit son orientation politique « . Le sujet est allé jusqu’à s’inviter au Parlement iranien, largement dominé par les ultraconservateurs. Les députés du Majlis se sont directement adressés au président américain dans une déclaration acerbe. La question ressurgit en plein milieu d’importantes négociations sur le nucléaire iranien entre les États-Unis et l’Iran. » Or le geste du président américain n’est pas du tout perçu comme amical. Si jamais il est officialisé, cela pourrait recréer une nouvelle fois de vives tensions à un moment où la confiance entre les deux pays est un point clé des discussions en cours « , souligne Jonathan Piron, historien spécialiste de l’Iran à Etopia, un centre de recherche belge. Les autorités iraniennes ne sont pas les seules outrées par le projet de Donald Trump. Du côté de l’ONU, l’usage est d’employer l’expression » golfe Persique « . Un rapport de 2006, rédigé par un groupe de travail des Nations unies, a constaté l’unanimité des documents historiques sur ce terme, mentionné par le roi perse Darius Ier dès le Ve siècle avant J.-C., puis utilisé tout au long de l’Histoire sur des cartes, des contrats et dans la diplomatie. Mais au-delà du sentiment nationaliste, l’enjeu est aussi politique, souligne Jonathan Piron. Le choix des termes manifeste une revendication portée sur un espace géographique stratégique. » Le Golfe est incontournable pour le marché des hydrocarbures et donc aussi pour la stabilité du commerce mondial. Dès qu’il y a des tensions dans le golfe Persique, cela se répercute sur les prix du baril de brut. C’est d’ailleurs un élément sur lequel les Iraniens jouent très fortement, en menaçant de paralyser le détroit d’Ormuz [à l’embouchure du golfe Arabo-Persique, vers le golfe d’Oman et la mer d’Arabie, en cas d’attaque « , rappelle le chercheur. Reste à voir comment Donald Trump réussira a concilier sa volonté d’approfondir ses relations avec les pays arabes du Moyen-Orient, sans braquer totalement Téhéran, avec lequel des négociations sont en court pour mettre fin aux sanctions qui pèsent sur l’Iran depuis 2018. Il sera intéressant surtout de voir si Trump fera son possible pour mener ces deux missions à bien ou s’il choisira de prioritariser l’un de ces dossiers au dépend de l’autre.