Offense
Alors qu’à la Maison-Blanche l’on s’active depuis l’arrivée de Donald Trump pour trouver une résolution à la guerre en Ukraine, en Europe l’on a du mal à accepter d’être mis sur la touche après les centaines de milliards d’euros dépensés pour soutenir les Ukrainiens et l’effort de guerre de Kiev. Depuis une semaine, les déclarations […]
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Alors qu’à la Maison-Blanche l’on s’active depuis l’arrivée de Donald Trump pour trouver une résolution à la guerre en Ukraine, en Europe l’on a du mal à accepter d’être mis sur la touche après les centaines de milliards d’euros dépensés pour soutenir les Ukrainiens et l’effort de guerre de Kiev. Depuis une semaine, les déclarations de dirigeants du Vieux continent se multiplient pour blâmer la stratégie de la nouvelle administration américaine dans ce dossier. Mais les dirigeants européens prouvent surtout pourquoi ils ont été incapables de régler le conflit de l’Europe de l’Est qui marquera sa troisième année à la fin du mois. Le président italien Sergio Mattarella a en effet provoqué la fureur de Moscou en dressant un parallèle entre l’agression russe contre l’Ukraine et le Troisième Reich, suscitant un regain de tensions déjà fortes entre les deux pays autrefois proches. Cette sortie du chef de l’État italien «ne peut pas rester et ne restera pas sans conséquences», a cinglé dimanche soir Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe, alors que les relations entre les deux pays sont déjà fortement dégradées depuis que la péninsule, auparavant plutôt prorusse, s’est fermement rangée derrière Kiev. Les propos du président, figure au ton modéré très respectée dans son pays, remontent au 5 février, alors qu’il s’exprimait à l’Université d’Aix-Marseille, dans le sud de la France, sur les causes de la Seconde Guerre mondiale. Il avait rappelé l’avènement de «régimes despotiques et illibéraux» ayant conduit à «l’accentuation d’un climat de conflit», faisant prévaloir «le critère de la domination» et aboutissant à «des guerres de conquête». «Tel était le projet du Troisième Reich en Europe. L’agression russe d’aujourd’hui contre l’Ukraine est de cette nature», avait-il conclu. Une analogie qui a piqué au vif le pouvoir russe, qui a justement eu recours à plusieurs reprises à ce type de comparaison pour justifier son invasion en Ukraine. «Malheureusement, l’Italie est le pays où le fascisme est né», a lancé dimanche Maria Zakharova, s’étonnant des déclarations de Sergio Mattarella, «qui sait combien de soldats italiens ont tué nos grands-pères et nos arrière-grands-pères sur notre territoire pendant la Seconde Guerre mondiale sous des bannières et des slogans nazis». Elle avait déjà dénoncé vendredi «des parallèles historiques scandaleux et manifestement faux entre la Fédération de Russie et l’Allemagne nazie», rappelant au président que l’Italie était dirigée pendant la Seconde Guerre mondiale par le régime fasciste de Benito Mussolini, allié du Troisième Reich d’Adolf Hitler. L’Union soviétique était alors alliée des États-Unis et de la Grande-Bretagne. La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, avait alors réagi en affirmant que «les insultes» de la porte-parole de la diplomatie russe étaient «une offense à toute la nation italienne». Lundi, l’ensemble de la classe politique italienne, de droite comme de gauche, s’est de nouveau rangé derrière Sergio Mattarella face aux attaques russes. La cheffe du Parti démocrate (PD, centre-gauche) Elly Schlein, les a ainsi jugées «inacceptables». L’Italie entretenait avant le conflit de bonnes relations avec Moscou. L’ancien Premier ministre Silvio Berlusconi était un ami personnel de Vladimir Poutine, avec lequel il passait des vacances. Mais le refus des Européens de discuter avec Poutine pour trouver une solution à la guerre en Ukraine a rendu une implication aujourd’hui des dirigeants du Vieux continent dans les discussions de Trump et Poutine, impossible. Il semblerait même que plus les Européens se sentent mis de côté, et plus ils accentuent leurs attaques contre le Kremlin, rendant une collaboration globale pour la paix très difficile. Que ce soient les Allemands, les Français ou encore les Italiens, leurs dérogations ces dernières années aux principes diplomatiques qui ont fait la renommée de leurs pays, leur ferment désormais la porte à la chambre des négociations avec la Russie.