Pression
Il aura fallu au Nouveau Front Populaire plus de trois semaines pour présenter un nom pour Matignon et moins d’une heure pour que le président français le balaie d’un revers de main. Une humiliante déconvenue pour la coalition de gauche qui, comme l’avait prédit François Ruffin, semble avoir hésité trop longtemps pour enfin se mettre […]
Il aura fallu au Nouveau Front Populaire plus de trois semaines pour présenter un nom pour Matignon et moins d’une heure pour que le président français le balaie d’un revers de main. Une humiliante déconvenue pour la coalition de gauche qui, comme l’avait prédit François Ruffin, semble avoir hésité trop longtemps pour enfin se mettre d’accord. Et après les querelles autour d’Huguette Bello, présidente du conseil régional de La Réunion, et de Laurence Tubiana, économiste et diplomate, c’est finalement sur le nom de Lucie Castets, ancienne fonctionnaire du Trésor public, que se sont accordés les quatre partis constituant l’alliance de gauche du NFP. Mais Emmanuel Macron a tout de suite douché les attentes de la gauche, en affirmant mardi, lors de son interview télévisée sur France 2 (diffusée aussi sur France Info et France Inter) qu’il n’avait pas l’intention de nommer de nouveau gouvernement avant la fin des Jeux olympiques, écartant la candidature surprise pour Matignon dégainée par la gauche en fin d’après-midi. Le NFP, en discussion houleuse depuis qu’il est arrivé en tête du second tour des élections législatives le 7 juillet, et malgré sa défaite à l’Assemblée, a enfin réussi à se mettre d’accord sur le nom de Lucie Castets, une haute fonctionnaire, quasi inconnue du grand public, engagée dans la défense des services publics. «Il est faux de dire que le Nouveau Front Populaire aurait une majorité, quelle qu’elle soit», a déclaré le chef de l’État lors de son entretien. «La question n’est pas un nom. La question, c’est quelle majorité peut se dégager à l’Assemblée», a-t-il argumenté. Selon lui, personne n’est aujourd’hui en mesure d’«appliquer son programme». Pas question pour lui de revenir sur ses réformes, dont celle de la retraite à 64 ans, «c’est bon pour le pays tout court». Puis il a préféré insister sur la nécessité, après avoir entendu le message des Français, d’aller «beaucoup plus loin sur la sécurité», de «maîtriser» davantage l’immigration et d’améliorer «l’accès aux services publics». En attendant, le président de la République entend se concentrer sur l’événement que constituent les Jeux olympiques qui commencent ce 26 juillet, sans pour autant fixer une date-butoir claire pour nommer un Premier ministre en remplacement du démissionnaire Gabriel Attal, en charge, avec son gouvernement, des affaires courantes. Le NFP a-t-il ainsi laissé passer sa fenêtre d’opportunité et est-il trop tard pour lui d’imposer un Premier ministre de son camp comme le suggèrent déjà certaines personnalités de gauche ? Emmanuel Macron est-il le Machiavel qui avait prévu à l’avance cette situation et qui a piégé la gauche pour garder le pouvoir ? Actuellement, toutes les théories imaginables circulent autour de cette situation ubuesque. Reste à voir, toutefois, si le NFP se laissera faire et acceptera de renoncer à son Chef du gouvernement, ou s’il réussira à trouver un moyen de pression pour faire céder l’Élysée et obliger le président de la République à revenir sur sa décision.
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