Spéculation et informel : le marché automobile algérien dans tous ses états
Le Doblo Panorama, dernière nouveauté de l’usine Fiat de Tafraoui, continue d’occuper le devant de la scène nationale. Après son lancement commercial tumultueux avec un engouement historique de la part des clients algériens, il est de nouveau au cœur d’une campagne médiatique dont il aurait pu se passer. Cet article Spéculation et informel : le marché automobile algérien dans tous ses états est apparu en premier sur autonews-dz.com.

Le Doblo Panorama, dernière nouveauté de l’usine Fiat de Tafraoui, continue d’occuper le devant de la scène nationale. Après son lancement commercial tumultueux avec un engouement historique de la part des clients algériens, il est de nouveau au cœur d’une campagne médiatique dont il aurait pu se passer.
Les premiers exemplaires de ce modèle tant recherché pour son style, sa polyvalence et son prix ont, en effet, fait l’objet d’une campagne de spéculation de la part de revendeurs qui a très vite suscité la désapprobation de l’opinion publique nationale et aussi la prise par le ministère de l’Industrie, en concertation avec d’autres secteurs concernés, d’une série de dispositions destinées à mieux contrôler la vente de ce produit.
Parmi ces mesures, on relève la signature par les futurs clients d’un engagement de non-revente du véhicule et aussi la transmission régulière par le concessionnaire des informations relatives aux opérations de commercialisation. Le véhicule vendu par Fiat El Djazaïr à 3 340 000 DA TTC a été proposé par les spéculateurs à 6 000 000 DA.
Une pratique généralisée
Une information qui interpelle, certes, en raison de son caractère indécent, mais qui rappelle néanmoins qu’il s’agit bel et bien d’une pratique qui se généralise, hélas, à d’autres secteurs autrement plus importants et vitaux pour le citoyen, comme les produits agricoles ou encore la viande importée par l’Etat à des prix plafonnés et revendue avec des marges tout aussi importantes. Une spéculation qui pénalise fortement le citoyen et met ses économies à rude épreuve.
Dans le secteur automobile, cette pratique, rappelons-le, y est ancrée depuis l’arrêt des importations par les concessionnaires officiels en 2017 et la déroute de l’industrie de gonflage des pneus. Même les volumes introduits sur le marché en 2023 n’ont guère permis de contenir les ardeurs des revendeurs, qui avaient réussi à détourner un grand nombre de véhicules au profit de leurs activités spéculatives. Et ce n’est pas, non plus, les dizaines de milliers de véhicules de moins de trois ans importés au cours de ces dernières années qui auraient pu rétablir un tant soit peu de sérénité dans cette activité. Loin s’en faut, les prix ont poursuivi leur envolée diabolique et la voiture est devenue plus que jamais un produit de luxe et inaccessible aux citoyens aux revenus moyens.
Cette frénésie spéculative se vérifie régulièrement dans les marchés hebdomadaires de voitures d’occasion à travers le pays. De véritables hauts-lieux de la surenchère, où des épaves roulantes retrouvent des couleurs et se négocient au prix fort. Comme cette Suzuki Maruti achetée en 2005 au prix de 450 000 DA et proposée 20 années plus tard et 320 000 km au compteur à 1 100 000 DA, soit presque le triple de son prix d’achat auprès du concessionnaire.
De même qu’on trouve des modèles commercialisés tout récemment par les marques présentes sur le marché, Fiat, Opel, Geely, Chery, avec des plus-values particulièrement élevées.
Seules les disponibilités…
Ceci étant, cette situation demeure la résultante d’une profonde déstructuration du marché de l’automobile en Algérie, où les repères d’une activité normalisée ont été remisés depuis longtemps. A défaut d’une offre officiellement et régulièrement proposée par des concessionnaires agréés, le secteur sera toujours squatté par l’informel et la faune de revendeurs qui imposent leur diktat et une grille tarifaire ne reposant sur aucun critère objectif.
La sacro-sainte loi de l’offre et de la demande reste, plus que jamais, de mise. Le manque de disponibilité chronique continuera d’apporter inévitablement de l’eau au moulin de ces professionnels de l’opportunisme.
Néanmoins, une reprise tant espérée des importations même à des volumes réduits et surtout l’accélération du processus de développement d’une industrie automobile nationale resteront, en tout état de cause, la seule voie salutaire en vue d’une sortie de cette crise.
B. Bellil Le Soir d’Algérie
Cet article Spéculation et informel : le marché automobile algérien dans tous ses états est apparu en premier sur autonews-dz.com.