Stora explique le rôle de la Guerre d’Algérie dans la montée de l’extrême droite
Par Kahina Bencheikh El Hocine «Le Front national a été mis en œuvre en 1972 à partir de deux branches... L’article Stora explique le rôle de la Guerre d’Algérie dans la montée de l’extrême droite est apparu en premier sur Algérie Patriotique.
Par Kahina Bencheikh El Hocine «Le Front national a été mis en œuvre en 1972 à partir de deux branches de l’histoire contemporaine française : Vichy et la Guerre d’Algérie», a fait savoir l’historien français natif de Constantine Benjamin Stora, à la chaîne youtube TRT Français, pour laquelle il a expliqué l’origine idéologique et politique du parti d’extrême droite, le Rassemblement national, anciennement Front national.
«On pourrait croire à première vue que ce sont deux branches différentes, qu’elles sont presque, à la limite, contradictoire. En fait, non. Lorsqu’on discute, on réfléchit sur la question de l’extrême-droite française, la question coloniale n’est jamais convoquée. Ce sont différentes causes qui sont avancées», a souligné l’historien, tout en observant un «racisme colonial» lorsque «la question de la nostalgie de l’empire, la nostalgie d’une sorte d’organisation de société coloniales hiérarchisée sur un mode pyramidal, avec, tout à fait en haut, les métropolitains et les Européens et, tout en bas, les indigènes, toutes catégories confondues», occupe toujours l’esprit de l’extrême-droite.
Pour Stora, «il y a des héritages historiques, des traces qui se sont maintenues et transmises à l’intérieur de la société française, c’est-à-dire la grandeur de l’empire».
«Quand vous regardez et écoutez effectivement des polémistes, dont je tairai le nom, que tout le monde connaît, des polémistes français, philosophes, anciens journalistes etc., qu’est-ce qu’ils regrettent ? Ils regrettent le temps d’avant, mais c’est quoi le temps d’avant ? Le temps d’avant, c’était le temps d’une grandeur française bâtie sur son empire. L’empire français dont les frontières étaient la Mauritanie, le Mali, la Tunisie. C’était cela la France», a affirmé le coprésident de la Commission mémorielle algéro-francaise, en précisant que «l’Algérie française, c’était quelque chose de gigantesque. L’Algérie française, c’était grand comme cinq fois la France. Ce n’était pas n’importe quoi. C’était intégré à la France, ça faisait partie de la France». Et d’ajouter : «Quand ils disent que c’était mieux avant, c’est quoi ? C’est la grandeur de la nostalgie de ce temps qui a été perdu et de cette grandeur qui a été trahie. Et, de ce fait, il faut relever la grandeur française.»
Pour revenir à cette grandeur, selon lui, «ne pas tolérer le fait que ceux qui ont voulu, entre guillemets, se séparer de cette grandeur française viennent à leur tour sur le territoire de la métropole», a encore expliqué l’historien, qui met le doigt sur l’importance de ce mécanisme enclenché contre les Algériens uniquement. «Vous avez voulu l’indépendance, donc vous ne pouvez pas être comparés à n’importe quelle autre immigration de type italienne, espagnole, portugaise ou autre, mais même une immigration de type marocaine ou tunisienne. Je parle des Algériens.»
Pour l’auteur de L’arrivée : de Constantine à Paris 1962-1972, les Algériens sont au cœur de leur problématique, en donnant l’exemple des Accords de 1968 qui doivent être abrogés, seul point réclamé par le Rassemblement national sur la question de l’immigration. «Ces Accords, d’ailleurs, ont été complètement vidés de leur substance, depuis maintenant quarante ans ; il n’y a pas de privilège particulier, mais qu’importe, c’est la symbolique», a conclu Benjamin Stora.
K. B. E. H.
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