Une nouvelle ère avec le « Pit Boost »

Après plus de deux ans de recherche et de tests intensifs, la Formule E s’apprête à introduire une innovation qui pourrait bien redéfinir les stratégies en course : le « Pit Boost ». Dès la prochaine épreuve, prévue le 14 février à Djeddah, cette recharge rapide des batteries pendant la course deviendra obligatoire, bouleversant ainsi …

Jan 28, 2025 - 23:41
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Une nouvelle ère avec le « Pit Boost »

Après plus de deux ans de recherche et de tests intensifs, la Formule E s’apprête à introduire une innovation qui pourrait bien redéfinir les stratégies en course : le « Pit Boost ». Dès la prochaine épreuve, prévue le 14 février à Djeddah, cette recharge rapide des batteries pendant la course deviendra obligatoire, bouleversant ainsi la dynamique des épreuves.

Une vision disruptive de la compétition

Depuis sa création il y a une décennie, la Formule E a toujours misé sur l’innovation pour se distinguer des autres sports automobiles. Que ce soit avec le Fan Boost, permettant aux fans de voter pour offrir un boost de puissance à leur pilote préféré, ou le Mode Attaque, qui reste aujourd’hui un élément essentiel des courses, la discipline s’est imposée comme un laboratoire technologique à ciel ouvert. « Nous voulons faire les choses différemment de tout autre sport automobile », résume Alberto Longo, cofondateur de la Formule E. Une devise qui s’incarne aujourd’hui dans le « Pit Boost ».

Comment ça marche ?

Le principe du Pit Boost est simple : chaque pilote devra effectuer un arrêt obligatoire entre des tours définis. Lors de cet arrêt, une recharge rapide permettra d’ajouter 10% d’énergie à la batterie en seulement 30 secondes, grâce à une technologie de recharge à 600 kW. Mais dans un univers où la vitesse est reine, cet arrêt prolongé soulève des interrogations. « Cela va apporter une nouvelle dimension stratégique, avec des équipes qui utiliseront cette énergie à différents moments », précise Longo. L’objectif est clair : rendre les courses encore plus imprévisibles. Pour éviter que ces arrêts ne nuisent à l’intérêt des spectateurs, les diffusions télévisées ne montreront pas l’intégralité des 30 secondes d’arrêt. Une décision pragmatique, mais qui pose une autre question : comment garantir une compréhension claire de la stratégie en cours ?

Avantage ou casse-tête stratégique ?

Le Pit Boost risque de diviser les fans. Avec des groupes de voitures circulant à des rythmes différents, des pilotes retardant leur arrêt pour des raisons stratégiques, et la possibilité de perdre un tour dans certains cas, la complexité des courses pourrait rebuter une partie du public. La Formule E, déjà connue pour son imprévisibilité, pourrait atteindre un niveau de chaos difficile à suivre. Initialement prévue pour 2022, l’introduction du Pit Boost avait été retardée pour des raisons de fiabilité et de sécurité. Depuis, des tests approfondis ont été réalisés, notamment lors d’une simulation à Jarama en novembre dernier. Si les équipements semblent fiables, la possibilité d’erreurs humaines, comme une mauvaise connexion du chargeur, reste présente. Pour Alberto Longo, « ces éventuelles erreurs font partie du jeu et ajoutent une dimension humaine ».

Une innovation au-delà des circuits

Le Pit Boost pourrait avoir des implications bien plus larges que le simple cadre de la compétition. En réduisant considérablement le temps de recharge, cette technologie pourrait accélérer l’adoption des véhicules électriques dans la vie quotidienne. À terme, des recharges ultra-rapides pourraient devenir monnaie courante pour les conducteurs, réduisant les temps d’attente aux bornes de recharge. Des constructeurs comme Jaguar, Nissan et Porsche, engagés sur le long terme en Formule E, ont tout intérêt à voir cette technologie réussir. Une avancée qui pourrait être un véritable « game changer » pour le marché des voitures électriques.

Djaffar KHODJA