Ballon d’essai ou décision française attendant uniquement d’être annoncée ?

Le ministère algérien des Affaires étrangères a publié ces dernières heures un communiqué peu amène à l’égard de la France, dans lequel il met en garde celle-ci sur les conséquences résultant de son approbation projetée, ou peut-être imminente, ou alors déjà effective, du plan d’autonomie du Sahara occidental dans le cadre de la souveraineté du […]

Juil 27, 2024 - 23:00
 0
Ballon d’essai ou décision française attendant uniquement d’être annoncée ?

Le ministère algérien des Affaires étrangères a publié ces dernières heures un communiqué peu amène à l’égard de la France, dans lequel il met en garde celle-ci sur les conséquences résultant de son approbation projetée, ou peut-être imminente, ou alors déjà effective, du plan d’autonomie du Sahara occidental dans le cadre de la souveraineté du Maroc. Le texte rendu public jeudi dernier par le MAE est ainsi libellé en effet qu’on ne sait trop si la réaction algérienne est motivée par une décision déjà prise par la France, ou si elle est due à la disposition affichée de la France, sous la pression croissante du Maroc, à donner satisfaction à ce dernier. A une relecture plus attentive du texte, on s’aperçoit que si la France n’a encore ni reconnu la «marocanité» du Sahara occidental, ni même apporté de façon officielle et irrévocable son soutien à la solution marocaine du conflit, il n’en reste pas moins qu’elle a fait récemment en sorte que les Algériens sachent qu’elle est plus tentée que jamais de faire le pas décisif réclamé avec insistance par les Marocains. Leur pression serait devenue telle qu’elle n’aurait d’autre choix que de leur céder.

La visite que compte faire le président français au Maroc vers la fin de cette année pourrait bien être pour elle l’occasion de sauter le pas, pour autant d’ailleurs qu’elle ne soit pas précédée par son alignement pur et simple sur le plan d’autonomie marocain, et dans ce cas au mépris du droit international, fondé quant à lui sur le primat de l’autodétermination des Sahraouis. On saurait d’ailleurs que la France a reculé ou au contraire s’est remise à douter en se repérant sur cette visite. Elle serait annulée par le Maroc si la France retombait dans ses hésitations en la matière, bien qu’elle n’ait jamais fait mystère sur sa préférence pour la solution marocaine. Il y a quelque temps, l’ancien président français Nicolas Sarkozy conseillait à Emmanuel Macron de se déterminer dans ce conflit en faveur d’un ami véritable de la France, à savoir le Maroc, quitte pour cela à altérer les relations avec l’Algérie, à la faire s’éloigner davantage, car à ne rien faire par peur de déplaire fort ou à l’un ou à l’autre, on court le risque de perdre sur les deux tableaux, de s’aliéner les deux pays. La France perdrait l’amitié du Maroc, expliquait-il, sans regagner celle de l’Algérie, qui elle s’est choisi d’autres horizons, d’autres alliances. L’Algérie regarde vers la Chine et la Russie, a-t-il fait remarquer, tandis que le Maroc a toujours regardé vers la France. Lors de sa dernière visite au Maroc, accomplie en février, l’actuel ministre français des Affaires étrangères a pour la première fois reconnu le caractère existentiel que revêt pour le Maroc le conflit sahraoui. Il ne devrait rester après cela qu’à reconnaître son annexion du territoire également revendiqué par le Polisario, aussi illégale qu’elle puisse être au regard du droit international. Enfin, il faut relever que c’est une France sans gouvernement de plein droit qui se montre disposée à prendre fait et cause pour le spécieux plan d’autonomie sans souveraineté concocté par le Maroc. A croire que le président français profitait d’un vide institutionnel pour essayer un passage en force sur une question auquel un gouvernement jouissant de la confiance du Parlement, à plus forte raison s’il vient de la gauche de l’échiquier politique, pourrait être opposé.

Quelle est votre réaction ?

like

dislike

love

funny

angry

sad

wow