Béjaïa: Tamridjet, la joie des randonneurs…
La commune de Tamridjet, qui dépend administrativement de la daïra de Souk El Tenine, wilaya de Béjaïa, devient de plus en plus une attraction privilégiée des randonneurs de toutes les régions du pays. Par Hafit Zaouche Nous avons partagé le chemin avec un groupe de randonneurs. Notre objectif : une marche sur une distance de 18 […]
La commune de Tamridjet, qui dépend administrativement de la daïra de Souk El Tenine, wilaya de Béjaïa, devient de plus en plus une attraction privilégiée des randonneurs de toutes les régions du pays.
Par Hafit Zaouche
Nous avons partagé le chemin avec un groupe de randonneurs. Notre objectif : une marche sur une distance de 18 km avec plusieurs étapes : cascade Mahrouja – cimetière des Martyrs – le canyon Bouhaloumen -Tizi El Oued.
Le groupe entame son ascension sous un ciel bleu. Vêtus de tenues du printemps, les sacs à dos remplis de provisions bien arrimés sur les omoplates, les randonneurs grimpent allègrement une ancienne route. Il est 9 heures du matin, mais il fait sombre sous les feuilles des chênes qui partent à l’assaut du ciel. Le soleil arrive à peine à percer l’épaisse verdure au-dessus de nos têtes. On entend des cris d’animaux et les chants d’une multitude d’oiseaux mais qu’on ne voit pas. Notre groupe s’est arrêté au pied d’un chêne zen géant, probablement vieux de plusieurs siècles. Nous ne rencontrons que des troupeaux de vaches ou des groupes de singes magot. La marche forcée s’est poursuivie sur une distance de trois kilomètres jusqu’à une halte fixée sur un petit plateau dominant deux collines. De là, sous les pieds des marcheurs se déroule un panorama fantastique, emportant le regard au loin dans l’immensité verte de la forêt.
Ravi devant ce spectacle à nul autre pareil, un randonneur s’exclame : «Je peux rester ici sans boire ni manger pendant plusieurs jours, avec comme seule nourriture cette vue magnifique qui vaut tous les aliments du monde !». Tous les présents prennent des photos du beau paysage champêtre et immortalisent les visages et les portraits en pied des excursionnistes. Tout le monde est heureux de se retrouver ici dans un calme apaisant, loin du tintamarre de la ville, humant un air tonique loin de la pollution urbaine.
Cascade Mahrouja, magnifique chute d’eau !
Tout le monde était émerveillé de découvrir la cascade Mahrouja qui est une magnifique chute d’eau.
Nous avons appris de la part de notre guide que la commune de Tamridjet possède plusieurs cascades et même une grotte féerique qui ne sont malheureusement pas exploitées. Cette commune ne possède aucun hôtel et aucune infrastructure touristique. Or le tourisme ramènerait des ressources financières supplémentaires à cette localité rurale, sans oublier bien sûr les postes d’emploi qui seront créés pour les jeunes chômeurs de la région. Tamridjet est aussi connue par ses magnifiques fontaines
Exode rural : les villages se vident de leurs habitants
Née du découpage administratif de 1985 en Algérie, la commune de Tamridjet est située dans l’extrême Est de la wilaya de Béjaïa, à 50 km du chef-lieu de wilaya. Elle est l’une des trois communes de la daïra de Souk El Tenine, et est limitée par les communes suivantes : à l’est par Ziama Mansouria (wilaya de Jijel) et Babor (wilaya de Sétif), à l’ouest par Melbou et Darguina, au sud par Darguina et Babor et au nord par Melbou. La commune compte une population de
8 487 habitants pour une superficie de 53.27 km2. La commune occupe un site montagneux faisant partie de la grande chaîne calcaire kabyle. Cet ensemble s’organise à partir de 2 principales lignes de relief : au nord, il s’agit de la ligne Boukouna et Adrar N’Laalam, au sud par Adrar N’Melez et Djebel Achouaou.
Tamridjet, vit au rythme de l’exode rural depuis le début des années 90. En effet, le phénomène touche particulièrement les villages éloignés de la commune. Les uns fuient leur village à destination du chef-lieu de la commune, d’autres vers la ville de Souk El Tenine. Les raisons de ce phénomène sont
multiples : il y a tout d’abord l’insécurité, vu que ces villages se situent au cœur de la chaîne des babors, l’un des bastions des groupes terroristes. Mais dans la plupart des cas, c’est le marasme, l’enclavement et le sous-développement caractérisant ces villages qui incitent ces citoyens à les fuir : «Il est vrai qu’un climat d’insécurité règne dans nos villages, mais je pense que les citoyens résistent et
s’adaptent à cette situation. Par contre, ce qui est inacceptable, c’est la situation socio-économique et l’absence d’un minimum de conditions décentes de vie qui nous poussent à quitter nos villages», nous a déclaré un citoyen de Iaamaren, ayant quitté son village pour s’installer à Souk El Tenine
Le canyon Bouhaloumen, la splendeur dans tous ses états !
Nous avons posté quelques photos du canyon Bouhaloumen sur notre page facebook et avons été surpris par le nombre de commentaires! Tout le monde se demandait où se trouvait cette merveille ? Finalement, le bonheur et la splendeur ne sont pas loin de nous. Nous avons découvert avec une grande joie une nature à couper le souffle.
La beauté du canyon Bouhaloumen nous a plongés dans un profond ébahissement : «Pourquoi aller chercher ailleurs, ce que l’on peut trouver chez soi. Sommes-nous en Algérie ou dans une zone tempérée de l’Asie ?», a crié un randonneur.
Une autre randonneuse était plutôt préoccupée par la prise de photos et laissa entendre qu’«il n’était pas question de rater une prise», avant de lancer aux autres randonneurs : «Ici, nous sommes au paradis».
Oliviers millénaires Nous avons découvert deux oliviers de plus de 3 mètres de diamètre. Des oliviers millénaires ! Qui a introduit ces oliviers à Tamridjet ?
Ce qui est certain, c’est que depuis la nuit des temps la contrée a été habitée par des êtres humains, et les vestiges préhistoriques dont la région est infiniment riche, sont là pour en témoigner. L’homme qui a habité ce lieu est connu sous le nom de l’homme de Mechta Afalou, c’est un homo sapiens qui s’apparente au stock racial cromanoide du paléolithique supérieur. Il a habité dans l’abri sous roche d’Aflou Bu R’mel, étymologiquement l’Abri du sable, qui est un abri naturel creusé à même la falaise, et surplombe à environ 35m, la route nationale N 43 reliant Béjaia à Jijel. Il est situé à environ 800 mettre à l’est du chef-lieu de la commune de Melbou. Le talus d’avant grotte est recouvert de sable et de végétations. L’homme d’Afalou a une stature élevée et élancée de 1.74 m pour les hommes et 1.63 m pour les femmes. Il a un squelette très robuste, épaules larges, hanches moyennes, les mains et les pieds sont très longs.
Du haut de leurs crêtes, ces oliviers millénaires n’ont pas cessé de guider dans le noir et les gouffres de l’éternité les vaisseaux des civilisations à travers les hauteurs de Tamridjet. Oui, tels de fidèles épieurs qui ne dorment jamais, ils veillent jalousement sur cette région des Babors et ses habitants comme une lionne sur ses lionceaux.
Symbole de paix et de réconciliation, de longévité et d’espérance, de victoire et de fidélité, ils sont l’emblème même de Tamridjet. Ils occupent depuis des générations une place unique dans le cœur et la mémoire des gens de Tamridjet. Ces oliviers méconnus jusqu’à la, ont-t-il vraiment plus de 1 000 ans ? Pourquoi n’ont-ils pas suscité l’intérêt des spécialistes ? Telles sont les interrogations qui aujourd’hui intriguent les habitants de cette contrée de la daïra de Souk El Tenine qui ne cessent de se poser des questions.
Une information capitale qui mérite d’être vérifiée et c’est pour cela que nous tenons à lancer un appel à tous les historiens et spécialistes afin d’entamer des études scientifiques sérieuses ! Oui, plusieurs instituts d’histoire, d’archéologie et autres spécialités existent à travers le pays et voilà un très bon sujet de mémoire de fin d’études pour les futurs diplômés ! Nous n’attendrons quand même pas une université américaine, française ou anglaise pour venir nous dire l’âge réel des oliviers de Tamridjet
Entre les cascades de Tamridjet (Algérie) et celle de Marrakech (Maroc) Il n’y a pas photo.
Un citoyen algérien installé en France depuis plusieurs décennies a pris part à ladite escapade. Notre ami est un globetrotter qui a visité la majorité des contrées du monde, mais hélas ne connaît pas suffisamment son pays d’origine…le pays-Continent, l’Algérie…
C’est la première fois qu’il découvre Assif n neb (Oued n qeb). Mais dès qu’il a aperçu les cascades de Tamridjet, il n’a pas pu retenir ses sensations !
«Waw ! Waw ! Ce n’est pas possible ! J’ai visité la cascade de Marrakech, je vous assure qu’elle est loin d’égaler la beauté de la merveille que je vois actuellement devant mes yeux ! L’insignifiante cascade de Marrakech est prisée par les touristes des quatre coins du monde, contrairement aux nôtres ! On a un très beau pays et on doit se mettre sérieusement au travail !», dit-il
«En Tunisie, on n’a pas de djebel (montagnes), mais on a des djebibla (diminutif de montagne)
Un plaisir de discuter avec un autre randonneur qui a sillonné lui aussi plusieurs pays du monde. Il a toujours des blagues à raconter, des blagues qui font à chaque fois exploser de rire les randonneurs. Lors de notre randonnée sur les hauteurs de Tamridjet, il nous a parlé de sa rencontre avec une randonneuse tunisienne qui lui a dit, après avoir découvert les montagnes algériennes : «En Tunisie, on n’a pas de djebel (montagnes), mais djebibla (diminutif de la montagne)»
Les montagnes algériennes sont majestueuses…
H. Z.