Émancipation
Longtemps considéré comme le parti le plus soudé de l’échiquier politique français, La France Insoumise a commencé il y a deux ans à se déchirer, allant jusqu’à avoir son propre front de frondeurs qui ont osé contester les méthodes de Jean-Luc Mélenchon. Autrefois parmi les plus fidèles, un groupe d’Insoumis déchu tente aujourd’hui de retrouver […]
Longtemps considéré comme le parti le plus soudé de l’échiquier politique français, La France Insoumise a commencé il y a deux ans à se déchirer, allant jusqu’à avoir son propre front de frondeurs qui ont osé contester les méthodes de Jean-Luc Mélenchon. Autrefois parmi les plus fidèles, un groupe d’Insoumis déchu tente aujourd’hui de retrouver leur légitimité confisquée par la nouvelle direction de LFI. Clémentine Autain, Alexis Corbière, Hendrik Davi, Raquel Garrido et Danielle Simonnet se sont ainsi rassemblés dans une nouvelle force rattachée au Nouveau Front populaire et baptisée «L’Après». Ils dénonçaient à l’unisson une «purge» depuis que LFI a tenté de les faire battre aux législatives. Tous réélus en dissidence le 7 juillet dernier, à l’exception de Raquel Garrido (Seine-Saint-Denis), les frondeurs Alexis Corbière (Seine-Saint-Denis), Hendrik Davi (Bouches-du-Rhône) et Danielle Simonnet (Paris) entendent désormais se consacrer à «l’après». Au point d’en faire l’acronyme de leur nouveau mouvement politique, baptisé «Association pour la République sociale et écologique». Une initiative lancée hier matin à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), à laquelle s’est jointe Clémentine Autain qui, malgré son investiture par LFI en Seine-Saint-Denis, a choisi de rompre elle aussi avec Jean-Luc Mélenchon. Ces derniers mois, cette petite bande n’avait cessé de pointer les outrances et l’autoritarisme du triple candidat à l’élection présidentielle. S’il a lui aussi annoncé qu’il ne siégera plus sur les bancs Insoumis dans la future Assemblée, l’électron libre et député de la Somme, François Ruffin, s’est pour le moment abstenu de rejoindre cette nouvelle formation. Conçue comme un «outil politique au service du Nouveau Front populaire», «L’Après» s’appliquera à construire
«l’après-Macron» mais aussi l’après de «la crise écologique», «de la montée de l’extrême droite» et de la «Ve République», expliquent ses fondateurs. En précisant les raisons de leur émancipation sur leur site : «Contre notre volonté, de façon antidémocratique, nous avons été écartés de l’organisation politique que nous avons contribué à faire naître. Oui, nous avions des désaccords stratégiques. Pour autant, nous ne renonçons pas à l’action politique collective et à porter un projet de changement en profondeur de notre société, peut-on y lire. Nous refusons de nous enfermer dans des règlements de comptes. Nous voulons l’unité qui est la base de notre identité politique. Nous voulons agir en visant pour nous-mêmes la démocratie, en considérant le pluralisme comme une richesse». La contre-attaque ne s’est pas faite attendre du côté des Insoumis où l’ex-député du Nord, Adrien Quatennens, a pointé du doigt la réelle date de formation du parti, antérieure à celle de son annonce. «Date de déclaration : 21 mai. “L’après” c’était déjà avant», a-t-il dénoncé sur X, en joignant à sa publication une capture d’écran du Journal officiel qui répertorie les créations d’associations. Réponse immédiate des concernés, émise directement par le compte X de «L’Après» : «La nécessité de lancer un outil politique unitaire est née pendant les élections européennes lorsque la gauche était non seulement divisée mais développait en son sein des anathèmes agressives. Ce n’est pas surprenant. C’est même
100 % raccord avec notre rôle de trait d’union». Le divorce est ainsi consommé entre les frondeurs et les Insoumis. Les méthodes de ces derniers, dont faisaient partis les fondateurs de «L’Après» il y a encore peu, sont connues pour êtres agressives et mesquines, les partisans du parti n’hésitant pas d’ailleurs à user de diffamation et de harcèlement en ligne pour user leurs adversaires. Reste à voir qui rejoindra le mouvement et si les frondeurs réussiront à embarquer avec eux les électeurs LFI qui désapprouvent la mainmise de Mélenchon sur le parti, ou si le mouvement, comme tant d’autres avant lui, finira par être l’un de ces micromouvements avec quelques élus parlementaires et municipaux incapables de susciter l’enthousiasme des électeurs, mais surtout des militants.
F.M.
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