Optimisme de commande
A moins d’une semaine de la présidentielle américaine, prévue pour le 5 novembre, l’administration Biden redouble d’efforts pour obtenir sinon un accord (ou plutôt deux, l’un avec le Hamas et l’autre avec le Hezbollah) en bonne et due forme, du moins une promesse d’accord dans les semaines suivant la tenue de cette échéance cruciale. Cruciale, […]
A moins d’une semaine de la présidentielle américaine, prévue pour le 5 novembre, l’administration Biden redouble d’efforts pour obtenir sinon un accord (ou plutôt deux, l’un avec le Hamas et l’autre avec le Hezbollah) en bonne et due forme, du moins une promesse d’accord dans les semaines suivant la tenue de cette échéance cruciale. Cruciale, disons-nous, non pas tant parce que c’est une élection majeure dans le système politique américain que parce qu’elle risque d’être gagnée par quelqu’un qui aux yeux des démocrates au pouvoir représente une sorte de danger existentiel pour les Etats-Unis en général et pour eux en particulier, ce que bien sûr le concerné lui-même ne cesse de nier. L’administration Biden semble penser qu’à défaut de la fin d’une ou des guerres que mène pour l’heure Israël sur deux fronts, l’une au sud avec la résistance palestinienne conduite par le Hamas, et l’autre au nord contre le Hezbollah, une promesse de fin dans le court terme serait portée à son actif, ce qui par voie de conséquence favoriserait sa candidate Kamala Harris, qui se trouverait alors avec des chances accrues d’être élue présidente des Etats-Unis. Des médias américains et israéliens se sont mis récemment à faire montre d’optimisme quant à cette perspective, non pas d’ailleurs en vue d’un seul mais de deux accords.
On se demande où ils sont allés chercher leurs motifs d’optimisme. Dans des déclarations officielles, américaines et/ou israéliennes ? Mais alors quelles seraient-elles, qui en seraient les auteurs, car on ne les voit pas bien ? Serait-ce plutôt des confidences exclusives qui leur auraient été faites sous le sceau de l’anonymat, auquel cas par des sources fiables ? Là aussi comme le secret est bien gardé, on n’est guère plus avancé. Les Egyptiens ont bien eux fait une proposition, mais qui ne concerne que la guerre à Ghaza, une proposition modulable selon les circonstances, notamment pour ce qui touche le nombre de jours de pause dans les hostilités et celui des prisonniers à échanger. Les Egyptiens signalent qu’il ne s’agit là en vérité que d’un début, juste pour relancer des pourparlers indirects à l’arrêt depuis plusieurs semaines, que le but final n’en reste pas moins de faire taire les armes une bonne fois pour toutes. Ce n’est pas d’un accord minimal comme celui proposé par les Egyptiens, dont semblent parler les médias optimistes en question. Pour le moment d’ailleurs, on ne s’explique même pas pourquoi les Egyptiens font cavalier seul, pour à la fin proposer des choses relevant du même esprit que ce qui se discute à trois à Doha. L’administration américaine est d’autant moins crédible en l’occurrence qu’elle est partante. Elle avait cherché un accord pendant une année sans le trouver, elle qui pourtant n’avait rien refusé à Israël, ni sur le plan militaire ni sur le plan politique. Et c’est maintenant qu’elle est sur sa fin qu’elle fait le plus preuve d’optimisme… de commande. C’est de sa part se méprendre une fois de plus sur Benjamin Netanyahou, qui lui ne parie pas sur Harris mais sur Trump, comme chacun sait. Même s’il entrait dans ses vues de parvenir à un accord permettant entre autres la libération des otages, il se garderait bien de le passer avant le 5 novembre. Or telle n’est pas du tout son intention.
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