Intérêts
Il n’y a pas si longtemps encore, l’Allemagne et les États-Unis partageait un lien spécial qui en faisait des alliés à l’histoire et aux enjeux particuliers. Le temps du « ich bin ein berliner » du président Démocrate John Fitzgerald Kennedy semble aujourd’hui bien loin. Même la mise à jour de l’espionnage massif des autorités allemandes par […]

Il n’y a pas si longtemps encore, l’Allemagne et les États-Unis partageait un lien spécial qui en faisait des alliés à l’histoire et aux enjeux particuliers. Le temps du « ich bin ein berliner » du président Démocrate John Fitzgerald Kennedy semble aujourd’hui bien loin. Même la mise à jour de l’espionnage massif des autorités allemandes par les services de renseignements américains, révélé par l’ex-agent de la NSA (National Security Agency, « Agence nationale de la sécurité ») Edward Snowden il y a quinze ans, n’avait pas réussi à entraver l’amitié germano-américaine. Angela Merkel, alors chancelière, après avoir évidemment exprimé sa colère à Barack Obama, avait fini par lui pardonner donnant même un nouveau souffle à la relation de Berlin et Washington. L’arrivée de Donald Trump en 2016 avait, elle, toutefois refroidit ces relations et la dirigeante allemande n’hésitait pas à montrer son mépris vis à vis du président milliardaire. Près de dix ans plus tard, avec Trump de retour à la Maison-Blanche l’amitié entre les deux pays est de nouveau en suspens. La mise en place par Donald Trump des droits de douane élevés pour les produits européens ayant causé un nouveau schisme entre les deux puissances. Le ministre allemand des Finances, Lars Klingbeil, a ainsi exhorté hier les États-Unis à mener des « négociations sérieuses » après la menace vendredi du président Donald Trump d’imposer des droits de douane de 50% sur les importations en provenance de l’Union Européenne. Considérant que les négociations commerciales en cours avec l’UE n’allaient « nulle part », le président américain a annoncé vendredi qu’il ne « cherchait pas d’accord » commercial, et menacé de droits de douane de 50% sur les importations en provenance des Vingt-Sept dès le 1er juin, contre 10% aujourd’hui. Dans un entretien à l’édition dominicale du quotidien populaire Bild, Lars Klingbeil a affirmé : « nous n’avons pas besoin d’autres provocations, mais de négociations sérieuses ». « Les droits de douane américains mettent en danger l’économie américaine tout autant que l’économie allemande et européenne », a-t-il poursuivi, précisant qu’il avait évoqué cette question avec son homologue américain Scott Bessent. L’Union Européenne travaille de « bonne foi » pour obtenir un accord commercial avec les États-Unis fondé sur le « respect » et non sur les « menaces », avait rétorqué vendredi le commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic. L’UE est « pleinement engagée et déterminée à obtenir un accord qui fonctionne pour les deux parties », avait-il également assuré. « Nous, en tant qu’Européens, sommes unis et déterminés à représenter nos intérêts », a aussi déclaré à Bild Lars Klingbeil, réitérant le soutien de l’Allemagne à l’UE pour mener les discussions avec les États-Unis. Donald Trump n’est ni Joe Biden, ni Barack Obama et son style de négociation est moins diplomatique et plus brutale, mettant les diplomates européens dans une impasse. Toutefois, tout n’était pas toujours rose avec ces autres dirigeants, Barack Obama n’ayant pas hésité à espionner ses « alliés » et Joe Biden n’ayant pas hésité en 2021 à « voler » un contrat de 50 milliards d’euros à la France. Reste à voir si l’Allemagne et plus largement l’Europe trouvera dans les mois à venir une nouvelle façon de négocier avec Washington pour améliorer non seulement ses relations, mais surtout ses finances ou si l’UE devra attendre la fin du mandat de Donald Trump, comme elle l’avait fait entre 2017 et 2021, pour amender son partenariat avec la Maison-Blanche. F. M.