La liste des ressortissants à expulser refusée: L’Algérie dit «Non !» à l’intimidation française

L’Algérie, fidèle à sa tradition diplomatique, a clairement exprimé son rejet des méthodes de pression et d’intimidation utilisées par la France. Le récent échange entre le Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Lounès Magramane, et le Chargé d’affaires de l’ambassade de la République française en Algérie, témoigne de la fermeté et de la rigueur […]

Mars 18, 2025 - 20:05
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La liste des ressortissants à expulser refusée: L’Algérie dit «Non !» à l’intimidation française
L’Algérie, fidèle à sa tradition diplomatique, a clairement exprimé son rejet des méthodes de pression et d’intimidation utilisées par la France. Le récent échange entre le Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Lounès Magramane, et le Chargé d’affaires de l’ambassade de la République française en Algérie, témoigne de la fermeté et de la rigueur des autorités algériennes face à des tentatives de chantage, notamment celles formulées par Bruni Retailleau, ministre de l’Intérieur, dont les propos n’ont pas manqué de choquer par leur caractère menaçant et dénué de toute considération pour les principes d’équité et de respect mutuel.
«Cette audience fait suite à celle accordée au Chargé d’affaires de l’ambassade d’Algérie en France le 14 mars courant. Le Chargé d’affaires algérien s’est vu remettre, à cette occasion, une liste de ressortissants algériens faisant l’objet de décisions d’éloignement du territoire français», a indiqué le communiqué du ministère. A cet effet, le Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères a remis au Chargé d’affaires français une note verbale contenant la réponse officielle des autorités algériennes. «Dans cette réponse, l’Algérie réaffirme son rejet catégorique des menaces et des velléités d’intimidation, ainsi que des injonctions, des ultimatums et de tout langage comminatoire. En outre, l’Algérie désapprouve l’approche sélective de la France vis-à-vis des accords bilatéraux et internationaux liant les deux pays. Elle réaffirme qu’en ce qui la concerne, l’Algérie n’est animée que par le souci de s’acquitter de son devoir de protection consulaire à l’égard de ses ressortissants», affirme le texte. «S’agissant de la démarche de la partie française, celle-ci a été rejetée par les autorités algériennes sur les plans de la forme et du fond. Sur la forme, l’Algérie a fait valoir que la France ne pouvait, unilatéralement et à sa seule discrétion, décider de remettre en cause le canal traditionnel de traitement des dossiers d’éloignement», souligne le communiqué. La partie française a, par conséquent, «été invitée à respecter la procédure établie en la matière, en suivant le canal d’usage, celui entretenu entre les Préfectures françaises et les Consulats algériens compétents, et en préservant la manière de traitement habituelle, celle de procéder au cas par cas», a-t-on expliqué. «Sur le fond, la réponse algérienne a souligné que le Protocole d’Accord de 1994 ne peut être dissocié de la Convention de 1974 sur les relations consulaires qui demeure le cadre de référence principal en matière consulaire entre les deux pays. De ce point de vue, la mise en œuvre de l’un ne doit pas se faire au détriment de l’autre, notamment lorsqu’il s’agit de la nécessité de veiller au respect des droits des personnes faisant l’objet de mesures d’éloignement», poursuit la même source. Pour toutes ces raisons, conclut le communiqué, «les autorités algériennes ont décidé de ne pas donner suite à la liste soumise par les autorités françaises. Celles-ci ont été invitées à suivre le canal d’usage, en l’occurrence, celui établi entre les Préfectures et les Consulats».
Gérald Darmanin rejoint Retailleau dans la diatribe anti-algérienne
 Après les déclarations de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, s’est à son tour lancé dans une diatribe anti-algérienne. Invité de TF1, Darmanin a renforcé le discours de haine en suggérant des actions plus radicales.
«Il faut rappeler notre ambassadeur [ce qui relève du chef de l’État, NDLR] et mettre fin aux passeports diplomatiques qui donnent droit à venir se faire soigner ou faire ses courses en France», a-t-il suggéré. Ces propos, loin d’être de simples divergences diplomatiques, relèvent d’une tentative d’envenimer les relations déjà tendues entre les deux nations. La suggestion de rappeler l’ambassadeur et de mettre en œuvre des sanctions économiques contre l’Algérie rappelle une époque où les décisions de la France se prenaient sans tenir compte de l’avis des autres nations. Au lieu de se concentrer sur des mesures constructives et respectueuses, le ministre français de la Justice s’est dit «tout à fait favorable» à la «riposte graduée» défendue par son collègue de l’Intérieur, Bruno Retailleau. «Avant de toucher les gens de la rue, nos amis», le garde des Sceaux préconise de s’en prendre en premier lieu aux «dirigeants politiques et économiques». Le ministre n’écarte pas une remise en cause des accords de 1968, «mais attendons la réponse de l’Algérie», a-t-il précisé. La deuxième étape dans la «riposte graduée» devra être, selon lui, la suspension de l’exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques. Toutefois, Gérald Darmanin fait mine de tempérer ses propos et dit qu’il faut parler avec l’Algérie «ce grand pays», malgré ces «moments de tensions (…) très regrettables». «La diplomatie consiste à parler à des gens avec lesquels on n’est pas d’accord», relève le ministre français de la Justice, conscient qu’«il faudra bien avoir un jour une relation, un accord avec l’Algérie».
Bayrou tente de calmer le jeu
De son coté, le Premier ministre, François Bayrou a tenté de calmer le jeu avec Alger, mettant en avant le besoin de coopération entre les deux pays. Evoquant le sujet au cours d’un petit-déjeuner hier, avec des élus du Socle commun (les partis qui soutiennent le gouvernement), des participants ont confié à des médias que François Bayrou « en appelle à la fermeté face au gouvernement algérien mais pas à la fermeture du dialogue car les deux parties ont besoin de coopération « . Selon la même source, le Premier ministre français aurait confirmé que la suspension de l’exemption de visa pour les porteurs de passeports diplomatiques  » est bien sur la table « , mais il n’a pas fait état de l’éventualité de révoquer les accords de 1968.
M. B.