La véritable mission d’Amos Hochstein
L’arrivée de l’envoyé spécial américain Amos Hochstein hier mardi à Beyrouth s’étant produite dans les temps annoncés serait selon certains en soi le signe que les propositions américaines pour un arrêt des hostilités au Liban sont reçues avec intérêt par les parties au conflit, au premier chef Israël et Liban bien sûr, mais pas seulement, […]
L’arrivée de l’envoyé spécial américain Amos Hochstein hier mardi à Beyrouth s’étant produite dans les temps annoncés serait selon certains en soi le signe que les propositions américaines pour un arrêt des hostilités au Liban sont reçues avec intérêt par les parties au conflit, au premier chef Israël et Liban bien sûr, mais pas seulement, même si des réserves ne doivent pas en manquer, en particulier du côté libanais. Car côté israélien, on a des raisons de penser que des réserves, il n’en existe pas à vrai dire. Et pour cause, ce qui se présente comme une initiative américaine est en réalité une offre de paix élaborée conjointement par les Américains et les Israéliens. Le fait que l’émissaire américain passe d’une capitale à l’autre à chacun de ses voyages dans la région ne doit pas faire illusion. Il n’est pas en train ce faisant de rapprocher des points de vue au départ divergents, en principe le but recherché par tout intermédiaire sans parti-pris préalable, mais de négocier une capitulation du Liban en échange de l’arrêt des frappes destructrices opérées sans interruption par l’aviation israélienne.
Comme pour les négociations à quatre en vue d’un arrêt de la guerre à Ghaza, ce n’est pas la recherche d’un accord qui faisait se rencontrer les intermédiaires américains, qataris, égyptiens et israéliens, mais la certitude qu’il arriverait nécessairement un moment où le belligérant perdant, qui bien sûr ne peut être que le Palestinien, n’aurait d’autre choix que de reconnaître sa défaite. En principe, la poursuite d’un accord a pour préalable la survie des deux belligérants, le vaincu comme le vainqueur. Dès lors qu’Israéliens et Américains se sont persuadés que les combattants palestiniens de Ghaza ne l’entendaient pas de cette oreille et qu’ils se battraient jusqu’au bout, ils ont pour ainsi dire arrêté les frais. Dans son dernier discours à la Knesset, Benjamin Netanyahou a laissé entendre que le Hamas était quasiment fini, qu’il ne disposerait plus que d’une seule compagnie, lui qui au début de la guerre en avait plus d’une vingtaine. Dans ces conditions en effet, quel intérêt y aurait-il à négocier avec lui ? Encore un petit effort, et c’en serait fini de lui. Israël se tient ce discours depuis le début de la guerre. S’il correspondait à la réalité, pas un combattant palestinien ne serait encore sur le pied de guerre dans Ghaza. Mais comme le Hezbollah n’est pas encore suffisamment laminé, force est de faire semblant de rechercher un accord de cessez-le-feu avec lui. C’est en cela précisément que consiste la mission dévolue à Hochstein. Dans le même discours de Netanyahou à la Knesset, on apprend que le stock de missiles du Hezbollah bien que réduit de 80% reste néanmoins conséquent. Entre autres objectifs du faux accord recherché en l’occurrence par les Américains, on pourrait tout aussi bien dire par les Israéliens d’ailleurs, il y a celui dont la réalisation entraînerait l’impossibilité pour le Hezbollah de renouveler ses munitions. Tout comme pour le Hamas et ses alliés, un accord de cette veine n’a donc pas vocation minimale à assurer la survie du Hezbollah, mais au contraire à mettre en place les conditions de sa disparition pour toujours. Un but de guerre clairement énoncé par Netanyahou à une autre occasion : Israël n’accepterait plus l’existence à ses frontières de groupes armés qui du matin au soir ne penseraient qu’à l’envahir.
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