L’attaque mesurée du Hezbollah contre Israël
La riposte du Hezbollah à l’assassinat de son dirigeant Fouad Chokr, survenu dans la banlieue sud de Beyrouth il y a près d’un mois, s’est produite dans les premières heures d’hier, revêtant la forme d’une salve de quelque 300 tirs de roquettes et de drones, les premières ouvrant la voie aux deuxièmes, lancés pour leur […]
La riposte du Hezbollah à l’assassinat de son dirigeant Fouad Chokr, survenu dans la banlieue sud de Beyrouth il y a près d’un mois, s’est produite dans les premières heures d’hier, revêtant la forme d’une salve de quelque 300 tirs de roquettes et de drones, les premières ouvrant la voie aux deuxièmes, lancés pour leur part sur des cibles militaires, dont certaines situées non loin de Tel Aviv. Pour l’heure, on ignore par quel bilan s’est soldée l’opération. Mais pour Israël, celle-ci aurait été d’une bien plus grande ampleur et gravité s’il n’avait pas procédé à des attaques aériennes préventives, effectuées par une centaine de ses avions, peu avant son déclenchement. Cependant comme les déclarations des responsables israéliens n’ont pas été des cris de victoire, ressemblant davantage à des soupirs de soulagement, il ne serait pas étonnant qu’on apprenne dans les heures à venir que ni les attaques préventives ni les défenses anti-aériennes n’ont été à cent pour cent efficaces, que des cibles ont bien été atteintes, et certaines substantiellement endommagées. Ce qui d’ailleurs expliquerait que le Hezbollah n’ait pas tardé à faire savoir que pour lui son opération était terminée, que donc il se contentait de son résultat. Une allocution de son secrétaire général Hassan Nasrallah était programmée dans la journée d’hier.
A noter qu’Israël a estimé que pour lui aussi la confrontation était finie. Il est probable que sans la perspective d’un accord prochain d’échange de prisonniers et de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, non seulement l’attaque du Hezbollah se serait produite plus tôt, mais elle aurait été plus massive. C’est d’ailleurs cette même perspective qui explique que l’Iran n’ait pas encore répondu à l’assassinat de Ismaël Haniyeh sur son sol. On se demandait jusqu’à hier dimanche si les deux réponses seraient coordonnées ou si chacune se produirait indépendamment de l’autre. Cette question ne se pose plus, en tout cas aussi longtemps qu’Israël n’aura pas commis un nouvel assassinat qui changerait la donne, ce dont du reste il faut toujours le croire capable. Le problème, c’est que le gouvernement israélien n’a aucunement l’intention de passer un accord avec le Hamas dont la première traduction serait la fin de sa guerre contre Ghaza. Le fait qu’il ait envoyé une délégation à la reprise des négociations au Caire ne fait plus illusion. A
l’évidence ce que veut ce gouvernement, c’est juste obtenir la reddition de la résistance palestinienne, réoccuper Ghaza dans la foulée, puis s’atteler à créer les conditions du transfert de sa population, soit en Egypte soit ailleurs. Israël a ignoré les pressions américaines en vue d’un accord, mais aussi les mises en garde de l’Egypte pour qui une réoccupation de l’axe de Philadelphie, une violation des accords de 2007, serait en soi un casus belli. Aujourd’hui la frontière avec le Sinaï est sous le contrôle d’Israël, sans que la réaction de l’Egypte ne soit à la hauteur de ses menaces antérieures. Benyamin Netanyahou se tue au contraire à répéter qu’Israël ne se retirerait jamais de cet axe. Devant une telle détermination, l’Egypte il est vrai n’a d’autre choix que de prendre à son tour une attitude radicale, qui la mettrait en conflit non pas tant avec Israël qu’avec les Etats-Unis. On comprend dès lors qu’elle adopte un profil bas pour le moment, d’autant que dès d’ci à la présidentielle américaine, toute décision de sa part serait hâtive.
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