Le coup fumant du Hezbollah sur Haïfa

Le meilleur système de défense anti-aérien, et celui d’Israël (improprement appelé Dôme de fer, ce dernier en réalité n’en constituant qu’un des trois étages, et bientôt quatre) compte parmi les plus performants, n’est pas efficace à 100 %. Un expert arabe qui l’a étudié croit savoir qu’il ne l’est en fait qu’à moins de 70 %. Il ne faut donc pas s’étonner qu’il arrive à ceux qui ces derniers temps ont tendance à multiplier les tirs sur Israël, et certains le font de fort loin, comme les Houthis, fassent mouche de temps à autre. Plus nombreux est l’essaim de projectiles envoyés sur Israël, plus grandes sont les chances qu’un certain nombre y atteignent des cibles, peut-être pas toujours celles qu’avaient en vue les expéditeurs eux-mêmes. Il ne semble pas que le drone du Hezbollah tombé dans la nuit de dimanche sur une base militaire de la brigade Golani, au sud de Haïfa, faisant au moins 4 morts, et 67 blessés dont une dizaine dans un état grave, entre dans cette catégorie. Ç’aurait été le cas, Israël aurait encaissé le coup sans trop s’inquiéter pour la suite, certain qu’il ne serait pas appelé à se renouveler dans les mêmes termes. Mais ce n’est apparemment pas le cas, le drone suicidaire du Hezbollah non seulement n’a pas été repéré pendant tout son trajet, mais avant de fondre sur sa cible il a eu le temps de tirer un missile sur elle, à moins que ce ne soit sur quelque chose d’autre, ce qui le rendrait encore plus difficilement traitable.

Le coup a été si meurtrier que le chef du Pentagone Lloyd Austin a présenté ses condoléances au ministre israélien de la Défense Yoav Gallant. Avant cela, le Hezbollah avait tenu à conseiller les civils israéliens du nord de s’éloigner des camps militaires. Le coup qu’il vient d’asséner montre qu’il ne parlait pas pour ne rien dire, qu’un civil serait effectivement plus en sécurité s’il s’éloignait des militaires que s’il s’en rapprochait. Avant le flop de dimanche du Dôme de fer dans Haifa, il y a eu ses ratages lors de l’attaque iranienne aux missiles balistiques, niés sur le moment, mais amplement confirmés par la suite. En prévision de la riposte israélienne, dont tout indique qu’elle sera suivie de la réponse iranienne, le président américain a décidé de l’envoi du système THAAD spécialisé dans l’interception des missiles balistiques, ajoutant du même coup un quatrième étage au système de défense anti-aérienne d’Israël. A un journaliste qui lui demandait pourquoi un tel envoi, Biden a répondu laconiquement que c’était pour défendre Israël. La batterie THAAD sera accompagnée de ses servants américains, au nombre de 100. Il faudra une semaine pour l’installer, un temps pendant lequel Israël se gardera bien de rien entreprendre contre l’Iran, qui de toute façon a déjà fait savoir qu’il répondrait à toute nouvelle attaque. Les Américains qui avaient déjà un pied dans la guerre viennent d’y poser un deuxième, à moins d’un mois maintenant de leur présidentielle, de sorte que la hâte dont a fait preuve en l’espèce Joe Biden n’est pas dénuée de calcul électoraliste. Mais quel que soit le remplaçant de Biden, il ou elle ne sera aux commandes qu’à la fin du mois de janvier. Si d’ici là la guerre avait déjà éclaté entre Israël et l’Iran, scénario fort probable, les Etats-Unis y seraient déjà engagés aux côtés d’Israël, ainsi que
l’avait annoncé Biden il y a des mois.
M. H.