Le Mali : terrain d’affrontements entre les grandes puissances

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Août 17, 2024 - 09:35
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Le Mali : terrain d’affrontements entre les grandes puissances

Une contribution de M. Boumaza – Afin que le Mali demeure pour longtemps encore un pays sous-développé, qui ne peut amorcer son décollage économique, et donc continue de constituer une réserve où l’on prélève ses ressources naturelles brutes à bon marché, sinon gratuitement, il est nécessaire d’alimenter et perpétuer l’instabilité.

Aussi la principale menace à cet agenda impérialiste, qu’il fallait avant toute chose saper et combattre à tout prix, fut l’accord entre Maliens signé à Alger et qui, de ce fait, fut dénommé «Accords d’Alger». Car, faut-il le rappeler encore, la médiation de l’Algérie avait été réclamée par les autorités maliennes.

Une réconciliation s’amorçait alors sous les auspices de l’Algérie, cette dernière ayant associé plusieurs Etats de la région, ainsi que d’autres acteurs de la communauté internationale pour garantir, dans la transparence, le bon déroulement de ce processus, réconciliation qui présageait un retour à la paix et à la stabilité.

Une tournure inacceptable pour certaines puissances, qui firent faire un virage malheureux aux autorités maliennes. Car, en optant pour la confrontation plutôt que la concorde et en faisant appel à des forces étrangères à la région, elles commettaient une double erreur stratégique qui lui sera fatale dans le long terme.

Tout d’abord, la présence d’une quelconque puissance étrangère amènerait inéluctablement les puissances rivales à intervenir sous quelque forme que ce soit sur le territoire. Et l’on a vu dernièrement comment l’Ukraine s’est approprié une «victoire» dans la bataille opposant des Touaregs aux musiciens de Wagner. Implication plus qu’improbable d’un Etat déjà embourbé dans son propre territoire, qui ne dispose d’aucun moyen logistique, humain, etc. pour intervenir à des milliers de kilomètres de ses frontières, qui vit sous perfusion et de l’aide financière et militaire de l’Occident. Car, derrière cette fausse déclaration, c’est en réalité l’OTAN qui signe sa présence.

Ensuite, ce que nos amis maliens ignorent et ce que le pouvoir en place feint ignorer, c’est que, dans cette prétendue guerre contre le terrorisme pour recouvrer le contrôle du territoire, d’abominables exactions sont commises contre les populations civiles. Ces dernières, fuyant ces théâtres apocalyptiques, se réfugient dans les pays voisins, en Algérie, en Mauritanie et au Niger. Les deux premiers, ainsi que le Sénégal du reste, sont alors accusés de duplicité, voire de complicité avec le terrorisme. Nous attendons ces accusations à l’encontre du Niger.

Or, cette politique de confrontation, avec ce que cela comporte en termes de «dommages collatéraux», entraînera inévitablement une volonté de représailles des populations du Nord suite à ces exactions, qu’elles n’entendent pas laisser impunies (les femmes violées, les vieillards assassinés ont assurément des parents, maris, frères, enfants, etc.) et n’aura d’autre effet qu’aggraver la fracture Nord-Sud et de rendre irréconciliables les deux aires géographiques, ce qui, in fine, aboutira à la partition définitive et irréversible du pays.

Il nous paraît donc évident que les autorités maliennes sont très mal conseillées, et nous ne pouvons nous défendre de subodorer un soupçon de racisme, tout aussi mauvais conseiller, dans le traitement de ce dossier. Elles ne semblent pas non plus réaliser que le choix de ces nouveaux alliés les rapprochent sensiblement de l’OTAN, l’un, le Maroc, étant «un partenaire stratégique clé» de l’organisation impérialiste où s’effectuent périodiquement les exercices militaires dénommés «African Lion», et le second, les Emirats arabes unis, qui abritent une des plus importantes bases militaires américaine et française du Moyen-Orient. Tous d’ailleurs sont des alliés fidèles et serviles de l’entité sioniste ; ce fait, à lui seul, indiquant leur appartenance ou, plus précisément, leur vassalité au camp occidental.

Le président de la République algérienne avait, de surcroît, pointé l’implication des services marocains dans la création du groupe terroriste MUJAO qui active dans la région, lors de l’enlèvement et de l’assassinat de diplomates algériens au Mali.

Au passage, nous rappellerons à nos amis maliens qu’une partie non négligeable des terroristes qui sévissaient dans le territoire algérien durant la décennie noire avaient pour base arrière le Mali. Ce n’est pas pour autant que l’Algérie s’est insurgée contre ce pays, en l’accusant de complicité avec les terroristes. Terrorisme que l’armée algérienne combat encore à cette heure aux frontières malienne et nigérienne, comme l’en attestent ses différentes opérations à In Guezzam et Bordj Badji Mokhtar, etc. et dont de nombreux Maliens ne veulent même pas entendre parler (il suffit pourtant de consulter la presse algérienne), préférant un narratif mensonger sans preuve et à charge contre l’Algérie.

Revenons aux Accords dits d’Alger. Nous nous permettons d’émettre de forts doutes quant à la bonne foi des autorités maliennes qui répètent à l’envi qu’elles portent atteinte à l’intégrité territoriale du Mali, quand bien même le président Abdelmadjid Tebboune s’est porté garant de cette dernière.

Soit, ils ont été rejetés et l’Algérie en a pris acte. Cependant, la paix doit revenir au Mali, et cela ne peut se faire sans réconciliation avec les populations du Nord. Si donc ces accords présentent des lacunes ou des imprécisions, que les Maliens en discutent entre eux et parviennent à des accords consensuels, et qui portent un autre nom car, manifestement, leur accoler le nom d’Alger semble en hérisser certains. Pourquoi pas donc les Accords de Kidal, Bamako ou même Niamey, Ouagadougou, etc. ? le choix des villes ou encore de villages ne manque ni au Mali ni dans le monde.

En effet, la concorde civile est la seule voie pour une paix durable, et c’est celle pour laquelle l’Algérie avait opté elle-même lorsqu’elle était confrontée au terrorisme qui avait fait pas moins de 250 000 victimes. Cependant, le Mali refuse d’entendre raison et persiste dans le conflit armé, préférant l’accusation contre tout ce qui ose émettre les moindres critiques à l’égard des autorités au pouvoir.

C’est ainsi que des partis politiques, des médias ont été interdits, jusqu’à ostraciser l’imam Dicko, qui fut pourtant l’un des principaux acteurs ayant contribué à porter au pouvoir les putschistes.

Voilà une grave dérive autocratique que l’on prétend justifier par de spécieux et fallacieux arguments. La guerre contre un ou des ennemis est, certes, bien commode pour réclamer l’unité nationale. Or, ce conflit, tout d’abord, est tout sauf une fatalité car résultant d’un choix délibéré des autorités au pouvoir mais surtout ne saurait cacher l’inefficacité, voire l’incompétence de ces dernières pour sortir le pays de l’ornière du sous-développement où elles l’enlisent.

Cet entêtement et cette incapacité à résoudre les problèmes socio-économiques de la population risquent même de leur être fatal et conduire à un énième coup d’Etat car le peuple finira tôt ou tard par se lasser des beaux discours, des faux-fuyants, de la précarité et de la répression.

Que les Maliens ne se leurrent pas en s’imaginant que leur partenariat avec la Russie est indéfectible. Les Russes n’ont qu’une confiance limitée en un pays qui leur a tourné le dos à plusieurs reprises et qui n’est pas à l’abri d’un renversement de pouvoir comme on l’a évoqué plus haut.

En revanche, l’allié principal dans la région, qui a signé un accord de partenariat stratégique approfondi et dont la constance et la confiance ne se sont jamais démenties au cours de son histoire, est sans conteste l’Algérie. Nous avons, certes, quelques divergences quant à certaines approches, notamment au Sahel ou peut-être encore en Libye, mais nous avons pour nous la connaissance du terrain, des populations et de leurs intérêts. C’est pourquoi nous affirmons que tous auraient à gagner en écoutant la voix de la sagesse incarnée par l’Algérie, en premier chef les peuples de la région. Par ailleurs, nous considérons qu’il est du devoir d’un vieil ami de dire à l’autre qu’il fait erreur.

Pour ce qui concerne notre région sahélienne, nul autre pays n’est plus intéressé que l’Algérie par la paix, la stabilité et la prospérité de ses populations, celles-ci l’impactant directement.

En effet, est-il concevable qu’un individu mette le feu à la maison mitoyenne de son voisin sans craindre de voir la sienne emportée par les flammes ? Et pourquoi fermer le ciel aux avions militaires de l’OTAN si l’Algérie nourrissait des intentions hostiles ? Pourquoi ne pas tout simplement les laisser intervenir librement au Mali et ailleurs dans la région ? Pourquoi s’opposer violemment aux velléités d’interventions armées de la CEDEAO au Sahel et refuser de souscrire à ses sanctions ? Pourquoi fournir régulièrement des produits de première nécessité aux populations voisines (médicaments, produits alimentaires, etc.) ? Pourquoi dégager un montant d’un milliard, comme première tranche, pour développer la région. Et soit dit en passant, pourquoi le Niger, qui abrite également sur son territoire des populations touaregs, arabes, etc., ne rencontre-il pas les mêmes problèmes de séparatisme ? Pourquoi ne pas accuser également les pays de l’AES d’être des bases-arrières du terrorisme, puisque dans la zone des trois frontières, les groupes armés se déplacent d’un côté de la frontière à l’autre ?

Que les esprits faibles ou faibles d’esprit tentent de concilier le produit de leurs élucubrations avec la réalité de la situation ! Périlleux exercice qui risque de provoquer bien des commotions cérébrales. Car l’Algérie n’a pas changé de position. Elle est et a toujours été d’une constance immuable. Ce sont les autorités maliennes qui ont tourné casaque (comme elle l’ont déjà fait à maintes reprises), de même que certaines chaînes se disant panafricaines, qui, il n’y a pas si longtemps, chantaient les louanges de l’Algérie pour sa défense des intérêts du continent et se sont livrées, aussi subitement que le revirement des autorités maliennes, à un véritable acharnement dans des émissions du niveau de BFMTV.

L’Algérie est et restera la digue contre l’impérialisme. Elle est en première ligne de ce front. Et si elle tombe, c’est toute l’Afrique qui sera emportée.

Quant aux autres «partenaires» de circonstance, tous, sans exception, ont un intérêt particulier à faire perdurer l’instabilité, certains jubilant à l’idée d’impliquer l’Algérie dans la tourmente ou tout au moins salir son image.

L’Algérie est effectivement un danger en Afrique. Son importance et son influence montent en puissance, ce qui n’est pas du goût de certaines puissances occidentales et de leurs vassaux. Car son action va à l’encontre de leur intérêt, qui est de maintenir l’Afrique dans le sous-développement.

En effet, l’Algérie a des ambitions pour l’Afrique et des projets concerts. Elle a déjà entrepris des travaux titanesques, qu’aucun pays au monde n’a même émis le souhait d’entreprendre pour désenclaver les Etats du Sahel (autoroute Transsaharienne de plus de 9 000 km et chemin de fer transsaharien) pour les connecter au trafic numérique (fibre optique suivant le tracé de la Transsaharienne), électrification, etc. et dont le coût financier est supporté en grande partie par des fonds algériens.

En outre, son message est d’affirmer que le sous-développement est loin d’être une fatalité, que le continent dispose de ses propres voies et moyens (humains, matériels, etc.) pour assurer son décollage économique. Elle est la première à prôner «des solutions africaines aux problèmes africains» (cette formule est de son cru). Encore faut-il une solidarité entre les peuples et une union entre les Etats du continent pour parler d’une seule voix et défendre leurs intérêts face à de féroces prédateurs.

N’est-il pas curieux que de nombreux discours, sur des chaînes «panafricaines», tirent à boulets rouges sur l’Union africaine quand toute l’action et les efforts de l’Algérie visent à en renforcer le poids et la représentativité dans les instances internationales ?

Ainsi, toute l’ambition de l’Algérie est de faire de l’Afrique un havre de paix, un pôle de croissance, d’innovation, de créativité (le continent ne manque pas de potentiel et de génies scientifiques, artistiques, etc.), un endroit où il fait bon vivre, un lieu propice au développement et à l’épanouissement spirituel, intellectuel. Un projet qui, apparemment, n’est pas du goût de tous.

M. B.

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