Le sommet de l’Otan à Washington, qui s’est ouvert hier, sera dominé comme celui de l’année dernière à Vilnius, par la guerre en Ukraine, a priori plus encore compte tenu de ce qui se passe depuis des mois sur le terrain militaire, dont le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas en faveur de l’Ukraine, dont par ailleurs le président est l’un des participants. A l’issue du sommet de Vilnius, et même plus tard à Helsinki où il s’était rendu pour célébrer l’entrée de la Finlande dans l’Alliance, le président américain avait déclaré avec beaucoup d’assurance que la Russie non seulement était en train perdre la guerre mais qu’elle l’avait déjà perdue, ceci à l’en croire serait arrivé dès le début du conflit. Depuis la contre-offensive ukrainienne avait eu lieu, qui avait tourné court, avant d’être suivie par des contrattaques partielles russes, à l’est notamment, qui n’ont pas été sans mordre sur le dispositif défensif ukrainien, si elles ne l’ont défoncé nulle part. On se demande si Joe Biden redirait au sommet d’aujourd’hui, particulier en ceci qu’en plus d’être ordinaire il marque le 75e anniversaire de l’Alliance atlantique, ce qu’il avait affirmé il y a une année à Vilnius relativement à la défaite russe, qui serait consommée, ou s’il va tenir des propos plus mesurés sur le sujet, à supposer même qu’il s’aventure à nouveau sur ce terrain.
Quoi qu’il en soit à cet égard, l’homme qui aujourd’hui reçoit ses alliés n’est pas tout à fait la même personne qu’il y a une année. Entre-temps il a pris une année, mais une année qui semble avoir pesé lourd. En témoigne bien sûr sa pauvre prestation lors de son débat avec Donald Trump, dont la première conséquence est que plusieurs voix dans son propre camp n’arrêtent plus maintenant de lui demander de se retirer de la course présidentielle. Aux craintes qu’il donne aux siens, en raison de son état de santé, guère rassurant aux yeux de beaucoup d’entre eux, il faut ajouter le fait qu’à l’approche d’une élection présidentielle américaine, tout tend à ralentir, les décisions les plus importantes, celles-là mêmes qui ont mûri, ou qui sont les plus consensuelles, sont reportées à plus tard, à plus forte raison si les deux candidats en lice ne sont pas du même avis sur les questions s’y rapportant. Or s’il est des sujets fortement liés et sur lesquels il y a une nette divergence entre les Biden et Trump, c’est bien la guerre en Ukraine et d’une façon plus générale, l’attitude à adopter envers l’Otan. A Washington, de ce fait, il n’y aura pas qu’un seul hôte américain, mais deux : d’une part le président en fonction, un atlantiste enthousiaste, et de l’autre l’ombre de celui qui menace de le remplacer, Trump, qui lui est à l’opposé, plus qu’un sceptique, un contempteur de l’Otan. Le sommet de Washington est une occasion de faire l’éloge de l’Otan, la plus grande alliance militaire de l’histoire, d’exalter son rôle dans la sécurité de l’Occident et l’affirmation de sa puissance, mais comme il se tient si près d’une présidentielle sans exemple dans l’histoire des Etats-Unis, il se peut aussi qu’il soit le dernier, comme un moment d’autant plus éclatant qu’il termine un cycle.