Mohamed Deif vivant

Recevant des familles de captifs retenus dans le sous-sol de Ghaza, Benyamin Netanyahou leur a dit qu’il n’entrait ni dans son intention ni dans celle de son gouvernement de mettre fin à la guerre, et qu’en tout état de cause, l’armée israélienne ne se retirerait ni de l’axe de Philadelphie ni du corridor Netzarim. Voilà […]

Août 21, 2024 - 22:20
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Mohamed Deif vivant

Recevant des familles de captifs retenus dans le sous-sol de Ghaza, Benyamin Netanyahou leur a dit qu’il n’entrait ni dans son intention ni dans celle de son gouvernement de mettre fin à la guerre, et qu’en tout état de cause, l’armée israélienne ne se retirerait ni de l’axe de Philadelphie ni du corridor Netzarim. Voilà un langage qu’il n’aurait pas tenu si ces familles étaient de celles qui n’arrêtent pas de manifester contre lui pour l’obliger à passer un accord avec la résistance palestinienne, un accord mettant fin à la guerre et permettant un échange de prisonniers. Les informations disponibles ne disent pas si parmi les familles à qui il s’adressait de la sorte, il s’en trouvait ou non dont des membres étaient encore détenus et vivants à Ghaza, ou si les leurs étaient tous déjà morts. Mais il est clair que Netanyahou ne parlait qu’à des représentants de familles dont les membres étaient morts. De là du reste des propos qu’il n’aurait pas pu avoir en la présence des autres, qui le cas échéant l’auraient violemment repris. Un politique soucieux de préserver l’unité de son peuple par temps de guerre se serait bien gardé de recevoir un type de familles et pas l’autre. C’est probablement ce qu’a fait Netanyahou, qui n’est plus en capacité de parler à toutes les catégories d’Israéliens. Se sachant en terrain ami, il a nié à cette même occasion qu’il n’y ait plus rien d’autre à faire dans cette guerre qu’à passer un accord, qu’à y mettre fin.
Pour preuve, a-t-il ajouté, la liquidation de Mohamed Deif. Compte tenu de sa réputation de menteur invétéré, il ne doit pas ignorer que Deif n’est pas mort, qu’au contraire il est toujours vivant et dirige les opérations d’El-Kassam. Entre les Israéliens qui annoncent cette mort et le porte-parole officiel du Hamas qui la dément, il n’y a pas d’hésitation à avoir, c’est évidemment celui-ci qu’il faut croire. Cela dit, pour tortueux qu’il soit, ce n’est pas Netanyahou qui a varié sur la question de l’accord avec le Hamas, mais Joe Biden et Antony Blinken, qui maintenant osent soutenir que lui accepte une nouvelle proposition faite pour dépasser ce qu’il reste de divergences entravant l’accord en question, et que c’est le Hamas qui la rejette. Biden et Blinken appartenant à une administration sur sa fin ne sont plus écoutés par Netanyahou, qui ne reçoit le deuxième que par courtoisie. S’il était certain que le pouvoir allait rester dans les mains des démocrates, peut-être tiendrait-il aux apparences comme à sa crédibilité. Or de cela il n’est pas sûr, indépendamment du fait que sa propre préférence va au camp opposé, à Donald Trump, qui dernièrement s’est dit frappé de la petitesse d’Israël sur la carte. Il est de règle que tout reste comme suspendu à l’approche d’une présidentielle américaine. Netanyahou, à moins d’être renversé, ce qui n’est pas impossible, encore qu’il ne soit pas facile de deviner la manière dont cela pourrait se produire, ne passera jamais un accord qui soit perçu comme un cadeau pour les démocrates, et un coup de poignard dans le dos des républicains. Quoi qu’ait pu faire pour Israël dans cette guerre l’administration sortante, ce dont du reste, il l’a remerciée la dernière fois qu’il s’est trouvé à Washington, son intérêt personnel et celui de son alliance lui commandent de ne se résoudre à rien qui soit susceptible d’être interprété par Trump et les républicains comme un coup porté en traître contre eux dans la dernière ligne droite.

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