Pokrovsk à deux doigts de tomber aux mains des Russes
Pur effet du hasard ou dessein poursuivi par la Russie depuis quelque temps, et qui aujourd’hui se réalise ? Toujours est-il que 2024 se termine alors que la lente progression des troupes russes vers la position stratégique de Pokrovsk dans Donetsk débouche enfin sur les abords immédiats de la ville. Elles ne seraient plus qu’à […]
Pur effet du hasard ou dessein poursuivi par la Russie depuis quelque temps, et qui aujourd’hui se réalise ? Toujours est-il que 2024 se termine alors que la lente progression des troupes russes vers la position stratégique de Pokrovsk dans Donetsk débouche enfin sur les abords immédiats de la ville. Elles ne seraient plus qu’à trois kilomètres de celle-ci. L’idée en est venue à certains que sa prise sera le cadeau de fin d’année du Kremlin aux Russes. Si elle était juste, la bataille de Pokrovsk, l’une des plus longues et des plus symboliques de cette guerre, après celle de Marioupol, et de Bakhmut, serait finie. Or elle ne l’est pas encore, étant donné que ni ses assaillants ni ses défenseurs n’annoncent rien de tel. Mais qu’elle le soit bientôt, peut-être dans les premiers jours, ou sinon les premières semaines de la nouvelle année, en revanche semble certain. A cela une fort bonne raison : Kiev semble s’être résigné à sa perte, c’est-à-dire à son annexion par la Russie, car on ne le voit pas lui dépêcher du renfort. Et pour cause, il n’en a plus, les forces les plus susceptibles de servir à cet effet sont piégées dans Koursk, incapables aussi bien d’avancer que de reculer vers les positions d’où elles étaient parties en août dernier.
L’état-major ukrainien avait cru pouvoir desserrer l’étau russe sur d’autres portions du front en envoyant des troupes à l’intérieur du territoire russe. La diversion avait en son temps été saluée par les Occidentaux comme un haut fait militaire, encore que ce soit davantage comme un camouflet retentissant asséné à la Russie, complaisamment dépeinte sous les traits de l’arroseur arrosé. Entre laisser l’incursion se développer librement ou prélever d’urgence des forces ailleurs pour les envoyer à la rescousse, les Russes avaient préféré dans un premier temps se débrouiller avec les moyens du bord tout en tablant sur la durée et l’usure de la guerre. Dans un second, on le sait, ils avaient fait appel à des contingents nord-coréens sur la base d’un traité de défense mutuelle passé entre les deux pays. A Koursk comme à Pokrovsk, les combats se poursuivent cependant, mais quand les Russes tirent d’abondance sur les dernières positions ukrainiennes, les Ukrainiens y vont eux d’un baroud d’honneur, et encore quand ils en ont les moyens, ce qui n’est pas toujours le cas. Avant de quitter la Maison-Blanche, ce qu’il fera dans une vingtaine de jours, Joe Biden fait parvenir à Kiev tout ce qu’il peut en termes d’armes et de munitions, de peur que celui-ci n’en vienne à manquer dès son remplacement par son successeur, Donald Trump, pour qui cette guerre n’a pas lieu d’être. L’assaut sur Pokrovsk n’est pas lancé peut-être seulement parce que les Russes ne veulent pas donner au prochain président américain un motif de mécontentement, lui qui en la matière a professé des vues ayant tout pour leur convenir, à première vue tout au moins. Pour autant, bien sûr, qu’il n’en change pas dès sa prise de contrôle, ce que par prudence ils n’ont pas l’air d’exclure complètement. Saluer ses bonnes dispositions par un assaut final sur une position qu’eux-mêmes ne s’étaient guère pressés de prendre pourrait en effet être perçu comme un acte d’hostilité à son égard.
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