Voici les dernières découvertes des chercheurs Les microplastiques nous rendent-ils malades ?

Tout autour de nous, il y a de plus en plus de déchets plastiques qui contaminent notre environnement. Et si les chercheurs peinent encore à définir quels effets ils pourraient avoir sur notre santé, ils viennent de montrer un lien entre la présence dans le corps de micro ou de nanoplastiques et certaines pathologies. Dans […]

Jan 4, 2025 - 22:00
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Voici les dernières découvertes des chercheurs Les microplastiques nous rendent-ils malades ?

Tout autour de nous, il y a de plus en plus de déchets plastiques qui contaminent notre environnement. Et si les chercheurs peinent encore à définir quels effets ils pourraient avoir sur notre santé, ils viennent de montrer un lien entre la présence dans le corps de micro ou de nanoplastiques et certaines pathologies.
Dans les années 1950, le monde consommait chaque année environ 1,5 million de tonnes de plastique. Le chiffre a désormais dépassé les… 400 millions de tonnes ?! Une consommation qui s’accompagne malheureusement d’une production grandissante de déchets plastique. Les projections estiment que d’ici à 2050, il pourrait se trouver dans nos décharges et dans la nature, environ 12 000 millions de tonnes de plastique. Le résultat de notre appétence pour les produits à usage unique. Et plus largement, de notre société du «tout jetable». Résultat, la pollution plastique devient de plus en plus problématique. Fin novembre dernier, les représentants de quelque 170 pays étaient d’ailleurs réunis à Busan (Corée du Sud) pour finaliser un traité international contre cette pollution plastique. Mais ils ne sont parvenus à aucun accord. Les négociations devraient reprendre en cette année 2025. Aucune date n’a toutefois pour l’instant été arrêtée. Tous ces endroits du corps dans lesquels les scientifiques ont trouvé du plastique
Pendant que les politiques tergiversent, les scientifiques, eux, continuent d’étudier les effets que la pollution plastique pourrait avoir sur notre environnement, sur les écosystèmes et sur notre santé. Car il faut rappeler que des micro(nano)plastiques (MNP) ont été retrouvés un peu partout. Dans les eaux, dans les sols et dans les airs. Dans nos voies respiratoires et digestives, dans notre sang et dans plusieurs de nos organes, même. Les scientifiques qualifient de microplastiques, tous les morceaux de plastique trouvés dans l’environnement et dont la taille est inférieure à 5 millimètres. Les nanoplastiques, eux, présentent une taille inférieure à 1 micromètre, soit 100 nanomètres. Pour se faire une idée plus précise des effets que ces MNP pourraient avoir sur notre santé en particulier, des chercheurs de l’Université d’agriculture et de foresterie du Zhejiang (Chine) ont passé en revue des dizaines de publications scientifiques sur le sujet. Dans la revue Trends in Analytical Chemistry, ils détaillent d’abord les différents endroits de notre corps dans lesquels des microplastiques ou des nanoplastiques de toutes tailles et formes ont été détectés, que ce soit par spectroscopies, par microscopies ou par pyrolyse couplée à Ils rapportent ainsi que, même si les méthodes de quantification laissent encore à désirer, des MNP ont été trouvés dans la peau, les artères, les veines, la moelle osseuse, les testicules, le sperme, l’utérus et le placenta. Dans le système digestif, de la salive aux excréments, en passant par le foie et les calculs biliaires. Mais aussi partout dans le système respiratoire, y compris dans les tissus pulmonaires, avec des fibres microscopiques courantes dans le liquide de lavage bronchoalvéolaire et les expectorations. Voilà pour le constat. Et les chercheurs précisent que c’est par inhalation que ces minuscules particules semblent plus volontiers pénétrer notre corps. Comme souvent, les enfants et les plus de 60 ans apparaissent les plus sensibles.

Lésions et micro(nano)plastiques sont corrélés
Les scientifiques soulignent ensuite que des liens apparaissent dans les études toxicologiques entre l’abondance de ces particules de plastique et des troubles tels que les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, la thrombose ou le cancer du col de l’utérus. Ce que l’équipe a surtout découvert, c’est que les niveaux mesurés de micro(nano)plastiques avaient tendance à être plus élevés dans les tissus présentant des lésions que dans les tissus non lésés. Dans des intestins enflammés, par exemple, ou dans des poumons fibreux ou des tumeurs cancéreuses. De quoi suggérer un lien potentiel entre l’accumulation de MNP et les pathologies. Un peu comme dans l’histoire de la poule et de l’œuf, reste toutefois à déterminer «qui est venu en premier». Car des travaux ont déjà démontré que les microplastiques et les nanoplastiques peuvent notamment déclencher un stress oxydatif, un dysfonctionnement mitochondrial, diverses réponses inflammatoires et l’apoptose – un type de mort cellulaire. Le tout étant susceptible de provoquer ou d’aggraver des lésions tissulaires. Mais il est également possible que ces lésions accumulent davantage de MNP dans des zones déjà endommagées. Pour trancher, les scientifiques devront étudier la question de manière plus approfondie. Et compte tenu du contexte de consommation folle de plastique, il y a désormais urgence à comprendre. L’autre urgence restant, évidemment, de trouver des stratégies efficaces de contrôle de la production et de l’utilisation des produits en plastique… Une seconde revue de plus de 1 000 études questionnant les effets de l’exposition aux MNP l’a très récemment confirmé. Des chercheurs de l’université de Californie (États-Unis) reconnaissent que les preuves manquent parfois de solidité. S’ils estiment qu’elles sont de qualité élevée concernant les effets de la pollution plastique sur la qualité du sperme, ils évoquent une qualité faible à très faible pour les effets sur la grossesse, par exemple. Toutefois, parce que les microplastiques et les nanoplastiques sont désormais omniprésents dans notre environnement et qu’ils sont détectés de manière constante et même croissante dans le corps humain, les chercheurs estiment qu’il «est probable qu’ils auront un impact sur différents systèmes corporels».
«Ces résultats ont des implications importantes pour les politiques et la recherche», concluent-ils. Ils appellent bien sûr à multiplier les études. Mais aussi, à agir sans plus attendre au niveau politique. En effet, même si les preuves d’impacts négatifs restent limitées, elles semblent vouloir devenir de plus en plus solides. Et les chercheurs de l’université de Californie recommande ainsi également «vivement aux organismes de réglementation et aux décideurs d’agir et d’initier des actions pour prévenir ou atténuer l’exposition humaine aux microplastiques». H. N.

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