Présence de Subsahariens en Algérie  : Tebboune veut une immigration contrôlée

« Parmi ces migrants peuvent s’incruster des terroristes et autres personnes malveillantes. » Pour la première fois depuis de très longues années, le président de la République se prononce publiquement sur la lancinante question de l’émigration clandestine, notamment celle des subsahariens. Abdelmadjid Tebboune, qui s’exprimait à partir de Béchar, où il était en visite de travail jeudi passé, a ainsi répondu aux accusations de certains médias et organisations de défense de migrants, portant sur le renvoi par l’Algérie de ressortissants subsahariens. Selon certaines sources, les autorités algériennes ont conduit la semaine dernière près de 1.200 migrants subsahariens vers la frontière nigérienne, d’où ils étaient entrés sur le territoire national. Il s’agit essentiellement de Nigériens, de Maliens, de Burkinabés, d’Ivoiriens, mais aussi, étrangement, de Bangladais et d’autres nationalités encore plus éloignées. Mais contrairement à ce que rapportent certains médias, les autorités algériennes ont expliqué cette décision par l’accomplissement d’un accord signé de longue date avec le Niger, portant sur le renvoi de migrants clandestins entrés sur le territoire algérien en provenance du Niger. Cette opération de refoulement n’est d’ailleurs pas une première, puisque depuis le début du mois d’avril, pas moins de 5.400 migrants clandestins ont été reconduits aux frontières sud du pays, selon le ministère de l’Intérieur. Les opérations se déroulent souvent de la même manière : les migrants sont rassemblés dans des centres de regroupement, avant d’être acheminés, par bus, vers un grand centre à Tamanrasset, d’où ils sont reconduits à la frontière. Si jusque-là les autorités algériennes se prononçaient très rarement sur le phénomène, le chef de l’État a brisé l’omerta depuis Béchar. Il a d’abord exprimé sa déception de voir que les pays du Sahel sont incapables de contrôler leurs territoires, d’où des fuites massives de migrants vers le Nord. Mais il a surtout mis en garde contre l’intrusion de terroristes et autres bandits parmi ces migrants. Malgré cela, Tebboune n’exclut pas que l’Algérie puisse « aider » ces pays dans des domaines de développement, une fois la stabilité revenue. Plus encore, il a lancé un appel à la signature d’accords avec des pays du Sahel, portant sur une émigration contrôlée, essentiellement économique. « Les propriétaires d’usines ou de fermes agricoles qui ont besoin de main-d’œuvre venant d’Afrique peuvent signaler cela aux bureaux de main-d’œuvre, au niveau des wilayas. Un accord va être passé avec un des pays concernés pour envoyer un nombre d’employés nécessaires, mais légalement », a indiqué le Président, qui dit refuser en revanche que « tout le monde » puisse venir en Algérie. Par le passé, le Gouvernement avait déjà exprimé sa crainte de voir des terroristes exploiter ces flux migratoires, pour s’infiltrer sur le territoire national.

Akli Ouali

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