Quand l’ennui attise le potentiel créatif
L’oisiveté et l’ennui agissent-ils par osmose ? Nous vivons tous des moments suspendus où nous nous sentions inutiles, que ce soit vis-à-vis de notre personne, ou à l’égard de ce qui nous entoure. Toutefois, Si le sentiment d’ennui peut être contrariant, il fournit des repères comme il crée des penchants importants pour apprendre plus efficacement, […] The post Quand l’ennui attise le potentiel créatif appeared first on Le Jeune Indépendant.
L’oisiveté et l’ennui agissent-ils par osmose ? Nous vivons tous des moments suspendus où nous nous sentions inutiles, que ce soit vis-à-vis de notre personne, ou à l’égard de ce qui nous entoure. Toutefois, Si le sentiment d’ennui peut être contrariant, il fournit des repères comme il crée des penchants importants pour apprendre plus efficacement, tout en nous poussant à accomplir des tâches plus significatives.
L’ennui reflète le temps qui semble allongé, et qui s’étire indéfiniment. La nuit, l’insomniaque le subit quand il est est confronté à ce mortel abattement qui peut parfois s’apparenter à l’angoisse. Il en est de même pour une personne hypocondriaque ravagée par un trouble d’anxiété qui l’inquiète excessivement du fait qu’elle pourrait devenir gravement malade. Ainsi, elle aura tendance à penser que des sensations corporelles normales ou des symptômes mineurs sont évocateurs d’une maladie grave. Et ce, même si un examen médical approfondi ne révèle pas de problème médical grave.
Un enfant joue dehors ou occupé avec ses jouets. Un adulte se perd dans ses pensées… Et si face à une telle situation, ce sentiment d’égarement pouvait être l’occasion de laisser parler sa créativité !
On a tous déjà ressenti cette sensation de picotement et d’irritation, ce besoin de faire autre chose que ce que l’on fait en ce moment même. C’est de l’ennui, c’est insupportable et c’est affreux.
Aussi omniprésente que puisse être cette sensation, les scientifiques n’ont commencé à s’y intéresser de près que lors des dernières années. Ils constatent que si l’ennui est désagréable, il est pourtant porteur d’un message dont nous ferions bien de prendre en compte.
Le message caché de l’ennui
James Danckert, un neuroscientifique cognitif à l’université de Waterloo, décrit l’ennui comme similaire à la douleur, et ce, parce qu’il nous rend misérables.
« La douleur est la façon dont notre corps nous dit que quelque chose ne va pas, et qu’il faut y remédier. L’ennui joue un rôle similaire. L’ennui nous dit que ce que nous faisons à ce moment ne fonctionne pas. Nous devons faire autre chose », souligne Danckert.
L’ennui nous dit que ce que nous faisons ne convient pas à nos ressources mentales ou émotionnelles du moment, explique Erin Westgate, psychologue sociale et directrice du Social Cognition and Emotion Lab à l’université d’État de Floride.
La tâche à accomplir est peut-être trop simple ou trop compliquée. Ou peut-être n’est-elle pas personnellement significative à ce moment précis. D’une manière ou d’une autre, cela ne fonctionne pas sur nous.
L’ennui n’apparaît pas uniquement dans les salles d’attente ou lorsque l’on regarde des émissions de télévision sans rebondissement. Il peut également s’immiscer dans les domaines importants de notre vie, comme notre travail et nos relations. Et là aussi, l’ennui nous envoie un message. « Nous détestons à juste titre changer les choses, explique Westgate. On met du temps à démissionner, à mettre fin à des relations, à changer de domicile, à changer ce que l’on fait. L’ennui nous aide à reconnaître que le changement est peut-être nécessaire. »
Limiter l’ennui à l’école
Lorsque les enseignants et les parents apprennent à considérer l’ennui comme un signal indiquant que les enfants ont besoin de faire quelque chose de différent, l’ennui, et l’agitation qu’il engendre, deviennent un défi pédagogique.
Les enfants déclarent être ennuyés plus souvent que les adultes, d’après Alicia Walf, un neuroscientifique de l’Institut polytechnique Rensselae qui étudie le stress et l’implication en classe.
« Les enfants s’ennuient si c’est trop simple, mais ils s’ennuient aussi si c’est trop compliqué », explique-t-elle. « Pour apprendre efficacement, il faut rester dans le juste milieu. Bien que cela puisse être difficile à réaliser dans une classe avec plusieurs élèves. Pour éviter l’ennui, il faudrait adapter le matériel au niveau de l’apprenant. La meilleure solution est l’apprentissage individualisé, mais ce n’est pas toujours réalisable », déclare Westgate.
Cependant, elle affirme que les enseignants et les parents peuvent aider en donnant aux élèves qui maîtrisent la matière, des projets supplémentaires sur lesquels travailler, tout en offrant de nouvelles approches à ceux qui ont encore des difficultés.
Pour améliorer l’implication et la motivation des élèves, il faudrait les aider à trouver une signification personnelle, ce qui les empêcherait de sombrer dans l’ennui. Tout cela en reliant intelligemment les « leçons » aux « choses » que l’élève apprécie.
Un cuisinier en herbe n’ayant jamais apprécié les mathématiques finirait par les aimer si nous lui montrions l’utilité des fractions dans la préparation d’un gâteau.
Les enseignants et les parents n’ont pas toujours le temps ou les ressources nécessaires pour aider les élèves qui s’ennuient à suivre les cours. Les personnes qui occupent des emplois peu satisfaisants peuvent ne pas avoir la formation, l’expérience ou les contacts nécessaires afin d’obtenir un meilleur emploi.
Mais quand on comprend ce que signifie l’ennui, et comment l’alléger, on peut faire de meilleurs choix, à la fois en tant qu’individu et en tant que société, sur la manière de tenir compte de ce signal et d’y répondre.
Relation entre ennui et créativité
L’ennui stimule la créativité, et quelques recherches semblent approuver le cas.
« Mais ces études n’ont pas été reproduites, et des recherches plus récentes ont remis en question cette idée », explique Andreas Elpidorou, philosophe de l’esprit à l’université de Louisville, dans le Kentucky, et auteur d’un livre sur l’ennui et la frustration. Une étude menée en 2016 a découvert que l’ennui ne génère probablement pas la créativité. C’est la pratique qui la stimule. En effet, l’étude a révélé que dans de nombreux cas, l’ennui dessert la fluidité des tâches créatives.
Cependant, il y a certainement un lien entre l’ennui et la créativité, du moins pour certaines personnes. Elpidorou souligne que l’on peut réagir à l’ennui de manière créative.
L’utilité ou la nocivité de l’ennui dépend de la façon dont notre personne réagit.
Des réponses positives à l’ennui
Les signaux qu’envoie l’ennui nous poussent à faire autre chose, mais ils ne nous pas disent laquelle. Cette décision peut faire la différence entre le fait que l’ennui soit une bonne ou une mauvaise chose.
Quand cette sensation d’irritation nous envahit, il est facile de saisir son téléphone et de commencer à faire défiler les réseaux sociaux, ou pire. Les recherches montrent que les personnes qui sont propices à l’ennui sont plus susceptibles d’abuser de drogues, d’alcools ou d’autres choses portant sur la dégradation de sa santé mentale ou physique. « D’un autre côté, l’ennui peut nous pousser à effectuer des tâches plus intéressantes », explique Elpidorou. Lorsque l’ennui survient, nous pouvons appeler un ami dont nous n’avons pas eu de nouvelles depuis longtemps, aller nous promener ou pratiquer du sport, voire vaquer à ses occupations.
Bien entendu, l’astuce consiste à prêter attention à cette alerte à l’ennui et à prendre une décision consciente sur la manière d’y répondre. « Il faut prendre une grande inspiration et se dire que oui, je m’ennuie. Cela ne va pas me tuer, certes. Essayons de voir pourquoi je m’ennuie et quelle est la meilleure chose à faire ensuite », déclare Danckert.
« Bien sûr, tout le monde n’a pas le luxe d’avoir des options constructives pour répondre à l’ennui », poursuit Elpidorou.
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